À Vitrè près de Rennes, plusieurs crèches sont restées fermées, comme dans le reste de la France. Beaucoup de personnels faisaient grève pour dénoncer la réforme Taquet sur l'accueil de la petite enfance. En jeu, le nombre d'enfants par établissement et le nombre de bras pour s'en occuper.
"Nous ne voulons pas d'usines à bébé !" Carole Paniah, porte-voix à la main et gilet rouge CGT sur le dos, ne décolère pas ce mardi 2 février. "On a déjà manifesté contre cette réforme, mais l'Etat revient à la charge. Du coup, nous aussi !"
En tant qu'auxiliaire petite enfance à Etrelles, en Ille-et-Vilaine, Carole comme les cinquante autres manifestants qui défilent dans les rues de Vitré ce mardi midi, voit d'un très mauvais oeil le projet de réforme porté par Adrien Taquet.
Le secrétaire d'État en charge de l'enfance et des familles auprès du ministre des Solidarités et de la Santé souhaite modifier les modes d'accueil des bébés en crèche. "Les conditions de travail sont déjà un peu compliquées... Si on nous augmente le nombre d'enfants par professionnel, ça va devenir complètement ingérable !
Les enfants, ce sont des petits humains qui peuvent être malades, fatigués, ils ont des besoins spécifiques. On n'a pas envie que nos crèches deviennent des usines à bébés ! On veut rester au contact, bienveillants et avoir les moyens de bien travailler !
Combien de mètres carrés par enfant ?
La réforme Taquet prévoit notamment de diminuer le nombre de mètres carrés par enfant au sein des établissements. Pour les manifestants, là il faut au moins 7m² chacun, le projet prévoit 5,5 m² par enfant "en zone dense". "C'est au détriment des besoins psychomoteurs élémentaires des tout-petits", dénoncent les manifestants venus notamment du pays de Dinan pour crier leurs inquiétudes.
"Les enfants, ce n'est pas du bétail !"
La dernière version de la réforme gouvernementale en cours prévoit aussi d'augmenter le nombre d'enfants par professionnel, en passant de 5 à 6 par agent. "Ce ne sont pas des objets, ce sont des enfants ! rétorque Morgane Viel, auxiliaire de puériculture à Etrelles. Déjà à une pour cinq, on a parfois du mal à être disponible pour répondre à tous leurs besoins !"
"Les enfants ne sont pas du bétail ! poursuit Rachel, auxiliaire de puéricultrice elle aussi. Notre priorité à nous, c'est le bien-être des enfants, avec toute la bienveillance qu'on peut leur apporter."
Un enfant, ça a besoin de câlins, bien sûr de manger et de se nourrir, mais on ne fait pas que ça ! On ne fait pas que de la garderie. On les aide à se développer, on leur apprend plein de choses. Et nous ajoutant des enfants, tout ça, on ne pourra pas le faire correctement !
Résultat : une dizaine de crèches étaient fermées ce mardi en Bretagne... Grève pour défendre les conditions de travail de ces professionnels de la petite enfance, mais aussi et surtout les conditions d'accueil réservées aux bébés.