Le documentaire "Le jour a vaincu la nuit" projeté à la maison d’arrêt d’Orléans

Tout le monde rêve. Partant de ce postulat, le réalisateur Jean-Gabriel Périot a demandé à une dizaine de détenus, hommes et femmes de la maison d’arrêt d’Orléans, d’écrire et d'interpréter leurs rêves.

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Le film d’une trentaine de minutes a été présenté jeudi à la prison (voir la video ci-dessous) avant d’être diffusé à un plus large public à la scène nationale d’Orléans.

un reportage de B. du Fay et F.Marcel

De quoi rêve-t-on quand on est enfermé entre les murs d’une prison ? De liberté, d’amour, de réussite, d’évasion, des thèmes oniriques universels... Les nuits peuvent aussi se peupler des pires cauchemars, de rêves angoissants, de persécution où la mort rode.


extrait du rêve de Farid

"Je rentre chez moi, je vais pour dire bonjour à ma mère qui se situe dans la chambre avec une de mes sœurs.
A ce moment-là y a ma nièce qui est dans le lit.
Je vais pour l’embrasser. Et je remarque qu’elle est toute bleue.
Et je demande à ma mère ce qu’il se passe pourquoi est-ce qu’elle est toute bleue ?
Ma mère me répond qu’elle est malade et qu’elle est en train de mourir.
Ca me fait un petit peu peur, je vais pour serrer ma mère et ma sœur dans mes bras, fort.
Et à ce moment là, du plafond je vois qu’il commence à tomber des lunes et des étoiles, comme des flocons de neige qui tombent lentement, pas lourdement.
Après je sens comme un grand, un gros tremblement de terre.
Je me demande ce qu’il se passe, alors je sors dehors pour voir ce qu’il se passe.
Je remarque que la terre est fracturée en plusieurs morceaux.
Y a plus de pays, y a plus rien, tout est divisé en plusieurs morceaux, tout est mélangé.
On est en train de flotter sur des îles, plusieurs îles, partout.
A ce moment-là je me trouve sur une de ces îles et je suis tout seul.
Y a encore ma région, mais je suis tout seul à ce moment-là, donc j’ai peur je remonte chez moi. (...
)"


Dans le film de Jean-Gabriel Périot, « Le jour a vaincu la nuit », les personnages sont cadrés serré, en plan fixe. Chaque portrait débute par un long silence. Il oblige à se concentrer sur le visage du rêveur. Puis, l’un après l’autre, d’une seule tirade, les détenus se délivrent de leur songe, enveloppé par la musique de Xavier Thibault qui, peu à peu, fait plonger le spectateur dans un rêve éveillé. Une réussite artistique totale d’autant plus remarquable que la plupart des détenus s’exprimaient pour la première fois devant une caméra. 


Un jour a vaincu la nuit
  • un documentaire de Jean-Gabriel Périot
  • durée : 30 minutes
  • tourné du 3 au 6 juillet 2012 à la maison d’arrêt d’Orléans
  • Musique: Xavier Thibault
  • Production Alter Ego, avec le soutien de Ciclic, du CNC, de la Sacem, de la DRAC, du SPIP du Loiret, de l’ASCAD
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