On les appelle les « mercenaires hospitaliers ». Ils sont médecins, infirmières. Ils viennent travailler pour un week-end, une semaine, rarement plus, pour pallier le vide des effectifs. Ils sont intérimaires et non contractuels. Combien sont-ils ? Difficile de savoir, c’est l’omerta.
Sylvain Gauffre, médecin-urgentiste, a fait le choix de devenir médecin intérimaire il y a plus de trois ans. Il habite l’Essonne, à seulement une heure de l’hôpital d’Orléans-La Source. Moins loin, moins pénible que traverser Paris.
« Je travaille déjà en temps partiel dans un autre hôpital proche de Paris. Mais pour moi, travailler ici en Intérim, c’est un complément d’activité avec beaucoup de liberté puisque je choisis mon temps de travail. »
Autre intérêt, l’argent. « Ma rémunération ? Importante, oui, et elle fait partie de ma décision mais pas seulement. On est payé le jour où on vient mais tout ce qui est formation, vacances, tout ça, ça n’est pas pris en compte. Mis bout à bout on gagne presque autant qu’un poste de praticien hospitalier échelon 8… Et quand j’ai besoin plus d’argent, je travaille plus. Quand j’ai besoin de vacances, je travaille moins ».
Et l’intérêt des hôpitaux ?
Le désert médical serait la raison de ce recours aux « mercenaires ». « On a besoin de médecins dans notre hôpital car nous avons 14 médecins anesthésistes et nous avons besoins du double pour faire marcher les blocs opératoires. En 2012, les intérimaires ont représenté 3,5 équivalent temps pleins. Ce qui représente 900 000 euros/ an charges comprises » détaille Didier Bloyer, le directeur général du centre hospitalier régional d’Orléans (CHRO).
Avant d’avancer un autre argument : « l’hôpital d’Orléans est le seul à ne pas avoir pas de faculté de médecine. On travaille donc avec des intérimaires et plus particulièrement avec des médecins anesthésistes ».
A l’agence régionale de santé (ARS), on ne nie pas la réalité « c’est une nécessité pour les établissements de santé là où il y a des difficultés de recrutement. Et le discours reste le même : « il faut des aides à l’installation des professionnels de la santé, pour rendre attractif la région Centre ».
Il est vrai qu’à Tours, par exemple, les jeunes qui sortent de la fac de médecine ne restent pas là-bas. Ils préfèrent des régions « plus exotiques ».
Tous les professionnels espèrent que la nouvelle structure hospitalière qui verra le jour en 2015 à Orléans permette d’attirer suffisamment de jeunes médecins.
Reportage de Théophile Mbaka et Florence Renault.