Au mois de mars, à l'hôpital de Châteauroux, une jeune femme s'est injectée une dose létale de produits anesthésiants, à l'issue de sa garde. Un rapport de l'inspection du travail pointe aujourd'hui des dysfonctionnements au sein de l'établissement.
Un rebondissement dans l’affaire du suicide de Simona Zahan. Le dimanche 16 mars dernier, cette praticienne roumaine de 37 ans, a été retrouvée morte dans les locaux de l’hôpital. Elle a mis fin à ses jours en s'injectant des produits habituellement utilisés au bloc opératoire.
Le rapport des agents de l'Inspection du travail a fuité dans la presse et met clairement en cause l'hôpital. Ce suicide serait la conséquence de conditions de travail difficile. Le rapport parle même clairement "d'accident du travail". Ce sont 24 pages qui pointent l’état très important de fatigue physique et mentale du médecin et les ressources importantes de l’hôpital pour éviter une telle situation de surmenage, de burn-out…
La semaine précédant son décès, l’anesthésiste avait effectué 78 heures de travail, dont deux gardes de 24 heures. A l’époque, les anesthésistes ont dénoncé une surcharge de travail. Le 20 mars 2014, Christophe Kaladji, chef du service d’anesthésie de l’hôpital déclarait : " Nous avons du travail pour 10 postes, nous étions 8 et maintenant 7. Cela veut dire que nous nous répartissons cette activité qui est trop importante ".
Lionel Desmot, directeur du centre hospitalier de Châteauroux, se défendant à l'époque expliquant : " il y a eu la fermeture de deux à trois cliniques dans le département, la fermeture du service de chirurgie d’Issoudun, ce qui veut dire une évolution très rapide de l’activité dans notre établissement ce qui est beaucoup plus difficile à gérer, à manager que dans une activité qui reste stabilisée ".
Aujourd'hui, l’hôpital réfute en bloc tout lien entre le suicide et le rythme du travail, il parle d’une praticienne bien intégrée. Mais prépare tout de même une riposte écrite et argumentée.
Le rapport est aujourd’hui sur le bureau de l’agence régionale de santé, et surtout sur le bureau du procureur de Châteauroux. La justice pourrait décider de poursuivre l’hôpital… tout comme les syndicats qui nous ont dit ce vendredi matin " y réfléchir sérieusement ".
► Reportage réalisé 20 mars 2014 par Catherine Lacroix et Mekhak Movsissian
Gilbert Mouellet Médecin anesthésiste réanimateur
Christophe Kaladji Chef du service d’anesthésie de l’hôpital
Lionel Desmot Directeur du centre hospitalier de Châteauroux