Depuis la plus haute antiquité, la rébellion a servi de marchepied vers le pouvoir. "Les rebelles au pouvoir", un thème développé autour des portraits de Mao Zetong, des Indépendantistes Algériens et avec comme invité d'honneur, à cette conférence des Rendez-vous de l'Histoire, Jack Lang.
Les révoltes ont conduit des rebelles au pouvoir. Brisant les dynasties ou les régimes établis, bousculant des puissances coloniales, des hommes d'autorité et de charisme ont réussi à soulever les foules pour mettre en place leur propre gouvernance. La conférence : " Les rebelles au pouvoir " aborde ce thème à partir d'exemples en France, en Chine contemporaine et dans l'Algérie post-coloniale.
Mao Zetong : " une crapule et une brute absolue "
" Mao avait deux qualités : il a comprend toujours ce qui se passe et sait se positionner, mais surtout, c'est une brute absolue qui détruit tout sur son passage " explique Jean-Luc Domenach, professeur à l'Université d'Orléans.
Mao Zedong participe à la fondation du parti communiste chinois en 1921. C’est pendant la Longue Marche conduite pour échapper au Guomindang qu’il devient chef du parti en 1935. Après avoir conduit la guerre contre le Japon, puis le Guomindang, il fonde en 1949 la République populaire de Chine qu’il dirige jusqu’à sa mort, l’emportant sur ses rivaux au prix d’initiatives aventureuses comme le Grand Bond en avant ou la Révolution culturelle. Bien qu’ayant mené son pays au bord de l’effondrement, il continue aujourd’hui à y incarner l’idéal révolutionnaire.
Mao tue ses adversaires et une fois qu'il a le pouvoir, il fait tout pour le garder. " C'est un homme sans limite, son père autoritaire et violent avec sa femme, lui a donné à penser qu'aucun principe ne tient, que tout est bon pour prendre le pouvoir ", souligne Jean-Luc Domenach.
Au milieu des années 20-30, Mao comprend que les communistes vont l'emporter. Il va contre tous les principes et contres toutes les convenances. Mais surtout, il écrase tout sur son passage, " c'est une crapule et une brute absolue " conclut l'historien.
Les Indépendantistes Algériens
" La presse française parle de rebelles algériens, eux, se qualifient de nationalistes ", souligne Benjamin Stora, ancien ministre, président de l'Institut du Monde Arabe.
La Révolution algérienne se déroule de 1954 à 1962 en Algérie, colonie française depuis 1830, et dont l'aboutissement est l'indépendance du pays le 5 juillet 1962. En tant que guerre d'indépendance et de décolonisation, elle oppose des nationalistes algériens, principalement réunis sous la bannière du Front de libération nationale (FLN), à la France. Elle est à la fois un double conflit militaire et diplomatique et aussi une double guerre civile, entre les communautés d'une part et à l'intérieur des communautés d'autre part. Elle a lieu principalement sur le territoire de l'Algérie, avec également des répercussions en France métropolitaine.
" Le fait de se dresser contre une inégalité rassemble. L'esprit de la dissidence se transforme en une culture politique. Ce n'est pas une culture de consensus, de compromis ni de dialogue ", explique Benjamin Stora.
Il conclut en disant : " la société n'a pas perdu son esprit rebelle … l'esprit rebelle ne s'éteint pas! "
Jack Lang : " j'ai toujours été en harmonie avec moi-même et avec mes pensées "
" Comment rester soi-même, lorsque l'on est habitué à une vision progressiste ? Et, que l'on refuse les injustices, les atteintes aux libertés et au droit ?" s'interroge Jack Lang.
Jack Lang, né le 2 septembre 1939 à Mirecourt (Vosges), est un homme politique français. Plusieurs fois ministre (Culture, Éducation nationale) dans des gouvernements socialistes, il est conseiller de Paris de 1983 à 1989, député du Loir-et-Cher entre 1986 et 2000 puis du Pas-de-Calais de 2002 à 2012. Battu lors des élections législatives de 2012 dans la deuxième circonscription des Vosges, il devient président de l'Institut du monde arabe l'année suivante.
" J'ai toujours été en harmonie avec moi-même et avec mes pensées " commence Jack Lang, ancien ministre et président du Monde Arabe. " Dès mai 68, j'ai toujours tout fait pour transformer mes rêves en réalité même lorsqu'ils se sont heurtés à l'opinion dominante. Parfois, il a fallu se battre contre en vents et marées pour y parvenir " rajoute-t-il.
En 1981, Jack Lang alors ministre de la Culture met en place une loi relative au prix du livre. Elle instaure un prix unique du livre en France. Elle limite la concurrence sur le prix de vente au public du livre afin de protéger la filière et de développer la lecture. Il explique : " Cela n'a pas été simplement, je me suis heurté à l'opinion, aux éditeurs, aux libraires et aux hypermarchés, si je n'avais pas insisté avec François Mitterrand, cela ne se serait jamais fait. On peut vraiment parler d'une bataille que nous avons mené ".
Pour l'ancien ministre, " quand on s'engage dans une action, on la conduit jusqu'au bout ". Jack Lang termine en posant cette question : " Pourquoi faire de la politique si ce n'est pour accomplir des rêves, métamorphoser et transformer le quotidien ? "