Au lendemain de l'annonce de la panthéonisation de Marc Bloch, samedi 23 novembre, son fils Daniel raconte quel homme, et aussi quel père, était cet historien et résistant.
"Marc Bloch entrera au Panthéon." Les mots du président de la République résonnent encore dans la tête de Daniel Bloch, son fils, aujourd'hui âgé de 98 ans. Emmanuel Macron a choisi les commémorations des 80 ans de la Libération de Strasbourg, samedi 23 novembre 2024, et son discours dans l'aula Marc Bloch de l'université, pour en faire l'annonce.
Marc Bloch est né à Lyon en 1886, issu d'une famille juive alsacienne du côté de son père. Il devient un historien mondialement reconnu, notamment en co-fondant avec Lucien Febvre, la revue des Annales d'histoire économique et sociale, une toute nouvelle approche de la discipline, plus globale.
Ce patriote républicain et antifasciste choisit de rester en France après la défaite de 1940 et malgré la traque des juifs. Il entre dans la résistance, et prend la tête du réseau Franc-tireur. En 1944, il est arrêté par la Gestapo, et fusillé le 16 juin de la même année.
Dimanche 24 novembre 2024, 80 ans après la mort de son père, Daniel Bloch réagit à la panthéonisation de son père.
Quelle a été votre réaction à cette annonce ?
Cela a été un choc et une chose inimaginable, car ça faisait quand même 40 ans que j'essayais d'obtenir cette reconnaissance. Je trouvais ça normal qu'il soit au Panthéon avec Jean Moulin et Simone Veil. Tous les historiens voulaient absolument que mon père soit au Panthéon. Depuis Jacques Chirac, tous les présidents m'ont fait des promesses. Mais malheureusement, rien ne s'est produit. Alors quand le président Macron a dit cette parole, pour moi, ça a été un coup de foudre.
Quelle relation aviez-vous avec lui ?
Beaucoup de gens pensaient qu'il était très sévère, mais j'avais une relation très fusionnelle avec lui. Il a toujours été adorable avec moi, toujours intéressé. Il savait que j'étais curieux de tout. Lorsque nous étions dans notre maison de vacances dans la Creuse, j'étais toujours à la ferme et à 5h du soir, il venait me chercher. On allait se balader.
Tous les samedis, il allait à l'université, pour des rendez-vous avec des collègues. Je l'accompagnais et c'est moi qui portais sa sacoche. C'est là que j'ai su qu’il était déjà dans la Résistance, sans qu'il ne se doute que je savais. J'écoutais aux portes.
Et maintenant ?
Je vais me préparer pour cette entrée au Panthéon, mais j'ai demandé au président de la République quand ça allait se faire. Il a dit qu'il ne pouvait pas me donner de date. Je lui ai répondu de ne pas attendre trop longtemps parce que, l'année prochaine, j'aurai 99 ans, et je voudrais bien quand même assister à la cérémonie.