Conséquence visible du réchauffement climatique, les vendanges 2020 seront cette année encore particulièrement précoces. Une réalité qui ne cesse de se vérifier depuis dix ans, sur tous les terroirs viticoles.
"Je pense que cette année je vais vendanger vers le 10 septembre." En 2019, Didier Aubert avait récolté ses vignes autour du 15 septembre. En 2018, c'était le 25. Le viticulteur, qui produit du Vouvray depuis 23 ans, voit chaque année ou presque la date des vendanges se rapprocher de quelques jours. "En moyenne, pour le Vouvray, on disait qu'on vendangeait entre la 2e quinzaine de septembre et début octobre."
Des hivers doux, des printemps secs et des étés chauds
En cause notamment : le réchauffement climatique. "Les saisons sont moins marquées, la vigne se développe plus tôt, pousse plus rapidement", constate le producteur. Le constat, à double tranchant, avantage les viticulteurs, qui vendangent sur des jours plus cléments. Cependant, la précocité des bourgeons, qui apparaissent fin mars plutôt que fin avril, les rend plus vulnérables à d'éventuels gels de printemps. "Il faudrait que ça s'arrête là", espère Didier Aubert. "Au-delà, ça risque de déstabiliser les vignes." Problème : la tendance globale n'est pas au ralentissement du réchauffement climatique.A l'échelle de la région, la Chambre d'agriculture constate elle aussi, via son Observatoire régional sur l'agriculture et le changement climatique a également constaté les effets du réchauffement sur les vignes. Outre une "augmentation des jours échaudants", on mesure un "avancement des stades phénologiques de la vigne". En d'autres termes, comme l'explique Didier Aubert, la plante accumule plus rapidement qu'avant la température et la luminosité dont elle a besoin pour son développement. "Les anciens disaient que la vigne fleurit à la Saint-Jean, donc le 25 juin", se souvient-il. "Cette année c'était plutôt le 1er juin."
En moyenne sur les dix dernières années, l'Oracle observe "une avancée moyenne de 3,2 jours pour le débourrement, 4,2 jours pour la floraison" et, depuis 1980, "3 jours pour la date de maturité". Une précocité qui n'est pas la même pour tous les terroirs : sur dix ans, le Vouvray se récote ainsi jusqu'à 4 jours plus tôt, là où le Sauvignon - Coteaux du Cher n'a "gagné" qu'un jour en moyenne. Cette évolution n'est pas non plus sans conséquence sur le goût du vin. Avec plus de soleil et des températures plus chaudes, la Chambre d'agriculture constate "une augmentation de la sucrosité" et "une diminution de leur acidité".