En Centre-Val de Loire, la médiatisation des Jeux paralympiques, qui viennent de se terminer, a redonné un élan aux clubs handisport. Ils se préparent à un afflux d'inscriptions, et espèrent maintenant une meilleure prise en compte de leur spécificité.
Robin, 6 ans, est un petit garçon intrépide, malgré son handicap. En partie paralysé par une leucodystrophie, le jeune Tourangeau veut faire du sport.
Ce dimanche 8 septembre, c'est à "Tours en fête", qu'il se rend, avec ses parents. Des dizaines de clubs sportifs sont présents. Parmi eux, la section handisport du club d'escrime de Joué-lès-Tours, qui propose de s'essayer au combat.
Ni une ni deux, son père le transfert sur le fauteuil dédié, lui enfile un masque et c'est parti pour un duel avec une épée en plastique, pour débuter. C'est le coup de cœur : "Je veux refaire un combat, mais je veux changer d'adversaire ! Ça me rappelle les pirates qui se battent".
Son père est enchanté : "Il semble adorer l'escrime, donc c'est top ! Le sport, ça ne peut que lui faire du bien. Il arrive à un âge où il a besoin de se sociabiliser, d'être avec d'autres personnes en situation de handicap, comme lui".
Le club de Joué-lès-Tours a ouvert ses portes aux handicapés il y a 10 ans maintenant.
Ils combattent avec les valides, ce sont les mêmes cours, il n'y a pas de différence. Pour l'instant, on a trois licenciés en handi, mais on en espère plus, bien sûr, grâce aux paralympiques.
Cyrille Bellet, maître d'armes au club de Joué-lès-Tours
Et il n'est pas le seul à miser sur un appel d'air, depuis la fin des Jeux de Paris 2024. Le club de tennis de table "La 4S Tours" a enregistré 70 inscriptions de jeunes en deux semaines seulement. "C'est clairement l'effet Lebrun (Félix Lebrun, médaillé de bronze en individuel et par équipe avec son frère Alexis aux JO, NDLR), s'enthousiasme Laëtitia Reffet, entraîneur. Chez les handi, on a déjà reçu plusieurs mails. La saison commence le 20 septembre, et je pense qu'avec les Jeux, les inscriptions vont exploser".
Une soixantaine de clubs "handi" en Centre - Val de Loire
Mais les clubs handisport sont-ils suffisamment nombreux ? Ont-ils les moyens de leurs nouvelles ambitions post Jeux Olympiques ?
L'Indre-et-Loire compte aujourd'hui 23 clubs ou sections affiliés à la fédération française handisport. Une goutte d'eau, en comparaison des 1700 clubs du département. Le comité départemental espère, au minimum, doubler leur nombre dans les prochaines années.
Le Loiret compte, quant à lui, 11 clubs ou sections, le Loir-et-Cher, 10, l'Indre et l'Eure-et-Loir, 5, et Le Cher, seulement 4.
Directeur sportif de l'association Sport et Séjour Adapté de Bourges - 268 adhérents - et président du comité départemental Handisport du Cher, Stéphane Feugueur se réjouit de la médiatisation des Jeux Paralympiques, qui ont permis, dit-il, "de faire prendre conscience à des personnes handicapées qu'il est possible pour elles de faire du sport : certains athlètes lourdement handicapés ont montré la voie".
Mais il a également conscience du chemin qu'il reste à parcourir pour élargir l'offre sportive :
On aimerait par exemple ouvrir une section foot fauteuil électrique. Mais on ne trouve aucun gymnase pour les stocker. Il faudrait que les collectivités locales prennent en compte ces besoins spécifiques.
Stéphane Feugueur, président du comité handisport du Cher
Régis Heulot est président du club des Bulldogs Touraine Handibasket, qui évolue en National 3. La saison implique des déplacements réguliers. Coût total : 8000 €. Un casse-tête chaque année pour rassembler l'argent : "On a déjà renoncé à des saisons, faute de financement. Pour celle qui vient, on a d'ailleurs lancé une cagnotte en ligne. En handibasket, tout coûte cher : la réparation des fauteuils à 5000 € l'unité ou encore le véhicule adapté".
Autre point noir, selon Stéphane Feugueur : la formation. "On voit dans certains clubs des entraîneurs formés en une semaine au handisport. J'appelle ça plutôt de l'information. C'est d'autant plus dommage que la fédération handisport propose un diplôme spécifique, en un an".
Attirer les spectateurs sur les grands événements sportifs
Invité ce lundi 9 septembre sur le plateau du journal de France 3 Centre - Val de Loire, Stéphane Goudou, directeur de l’Open paratennis du Loiret qui se tiendra en novembre prochain, estime que " maintenant, tout va être dans la communication. Il va falloir attirer les spectateurs sur les gros événements de sport handicap, pour qu'ensuite les plus petits en bénéficient".
"Les sportifs handicapés ne doivent rien s'interdire et pousser la porte des clubs, ajoute-t-il, qui, eux, doivent s'ouvrir aux personnes handicapées."
En somme, que la ferveur des Jeux paralympiques se transforme en politique sportive sur le long terme.