Le projet devrait voir le jour en 2024. EDF Renouvelables a choisi le Cher pour installer des panneaux photovoltaïques sur l'eau et ainsi créer une grande centrale solaire.
Si les centrales solaires commencent à faire partie du paysage rural, au même titre que les éoliennes, il était plutôt rare jusqu’à présent d’en imaginer une flottante. C’est ce que propose de faire EDF Renouvelables, permettant ainsi de répondre à un souhait du gouvernement d’utiliser au mieux les terres dégradées.
Un projet à l’étude depuis 2019 pour répondre aux impératifs du terrain
La centrale sera donc installée sur les terrains d’un particulier, dans une ancienne carrière de sable. Cette ancienne carrière située non loin du Cher (la rivière) offrait des caractéristiques qui correspondaient aux vœux de l’entreprise. De l’eau et de la friche, auxquelles on peut ajouter des terres agricoles, puisque le fils du propriétaire, agriculteur, souhaitait faire un essai de cultures de luzerne sous panneaux.
C’est pour cela que sur les 40 hectares de la centrale, on trouvera en même temps 18 hectares de panneaux sur l’eau, 17 sur la friche, et 5 sur la terre agricole. Et ce ne sera pas la seule originalité nous explique Jennifer Ménagé, responsable régionale à EDF Renouvelables "Sur la partie friche, on va surélever les panneaux assez hauts, pour prendre en compte les risques inondations sur ce terrain puisqu’on est très proche du Cher. À certains endroits, on est obligé de monter jusqu’à 4m de hauteur, classiquement c’est plutôt 2,5m, pour être sûr que même lors d’une crue centennale, le bas des panneaux ne serait pas touché".
Quant à la partie agricole, là-aussi la centrale sera innovante, puisque les panneaux seront surélevés à plus de 5m pour permettre aux engins agricoles de passer et de continuer une production sous les panneaux.
Une puissance qui permettra d’alimenter les 2/3 de Vierzon
La centrale développera une puissance de 35 Mégawatt Crête, autrement dit en équivalent habitants, de fournir la consommation de 19 000 habitants.
"On est encore en phase d’études, mais c’est un projet très avancé. Aujourd’hui, c’est la phase de finalisation puisque nous allons déposer le permis de construire en décembre, dans un mois". Il y aura alors une phase d’instruction, qui durera un an, avec une enquête publique, et à l’obtention du permis de construire, la société pourra candidater auprès de la commission de régulation de l’Énergie, en vue d’obtenir un tarif.
En 2023 viendra la phase de préparation des travaux pour une mise en service fin 2024. Ce qui devrait faire de cette installation un site pilote, car les projets de ce type ne sont pas nombreux encore en France. Ce que nous confirme Jennifer Ménagé : "Il y a une autre centrale flottante développée par EDF Renouvelables dans les hautes Alpes, dans la ville de Lazer, sur un plan d’eau qui sert déjà de centrale électrique, et la centrale voltaïque flottante va venir la renforcer".
La centrale de Quincy, elle, sera installée sur trente ans, le temps du bail avec le propriétaire, et donc tout est fait pour durer. "On fait des tests de vieillissement prématuré pour vérifier le bien-fondé de la technologie, on est investisseur, producteur, on suit cette centrale pour trente ans, les matériaux sont faits pour résister, sont surveillés après installation et pour protéger la centrale, tout est clôturé et vidéo -surveillé".
Pourquoi à Quincy dans le Cher ?
Jennifer Ménagé à qui nous avons donc posé la question nous explique qu’EDF Renouvelables peut s’implanter partout en France, même dans le Nord, contrairement aux idées reçues. Mais pour l’heure la Société cherche des terres dégradées, pour répondre aux exigences du gouvernement. Dans le Cher, elle a rencontré cette carrière de sable et un propriétaire prêt à jouer le jeu, ce qui répondait pleinement aux objectifs du gouvernement qui est de pouvoir valoriser ces terrains dégradés.
Pour implanter sur l’eau les panneaux solaires, l’opération est un peu délicate « C’est un peu complexe. C’est comme des Lego, on vient les assembler au sol, et après on fait de grands carrés qu’on vient mettre à l’eau. C’est plus de mise en œuvre qu’une centrale classique. Après l’avantage, c’est quand même qu’on est sur une centrale de grande taille, qui nous fait faire des économies d’échelle, censées compenser le surcoût initial des installations terrestres et flottantes ». Quant au prix exact d’une telle installation, la Société ne souhaite pas communiquer pour le moment.
Tout ce que l'on sait, c’est que le prix estimé de l’investissement pour 1 mégawatt- crête est de 700 000 euros. C’est donc un investissement lourd qu’EDF Renouvelables s’apprête à faire ici.
Pour répondre aux demandes du gouvernement par le biais de la PPE, la programmation pluri annuelles de l’énergie, EDF Renouvelables, comme ses concurrents va devoir accélérer ses implantations. D’ici 2028, elle devra multiplier par quatre sa production pour tenir son rôle de leader, avec 30% de parts du marché français.
C’est pourquoi, deux autres projets de centrales photovoltaïques concernant le Cher ont déjà été identifiés. Dont l’un est déjà en cours d’instruction.