Dans une lettre adressée au Premier ministre, une vingtaine de structures culturelles berruyères réclament la sanctuarisation des moyens accordés à la culture en 2025. Faute de quoi, le projet de "Capitale européenne" pourrait être gravement fragilisé.
L'avenir du secteur culturel est-il sombre au point de menacer le projet de "Capitale européenne de la culture" porté par Bourges pour 2028 ?
Face au "séisme social et budgétaire sans précédent" qui se profile dès l'an prochain, les artistes concernés montrent, en tout cas, de premiers signes d'inquiétudes.
Une vingtaine d'acteurs du secteur culturel Berruyer viennent d'écrire au Premier ministre Michel Barnier pour l'alerter sur les dégâts que pourrait engendrer le projet de loi de finance.
"Alors que les budgets de nos structures sont plus que fragiles, que le budget 2025 est contractuellement engagé (au moins) aux 2/3, la conséquence est sans appel : au-delà d’une réduction inédite et drastique de la voilure artistique, des plans sociaux devraient être mis en œuvre et l’existence même de ces structures, de l’ensemble du secteur associatif et des artistes qui travaillent au quotidien, sans relâche, sur un territoire essentiellement rural, serait menacée".
La Région confirme une baisse du budget culturel d'1 million d'euros
Pour l'heure, le gouvernement réclame 5 milliards d'euros d'économie aux collectivités locales : régions, départements, villes et communautés d'agglomération.
À Nantes, les premiers effets de ce coup de rabot se font sentir : plus de 3000 personnes se sont rassemblées lundi 25 novembre pour protester contre les coupes drastiques envisagées par la Région dans ses subventions à la culture.
La Région Centre-Val de Loire va devoir, elle, composer avec un budget amputé de 60 millions d’euros, soit une perte de 6 % des recettes de fonctionnement.
Contactée, Delphine Benassy, sa vice-présidente déléguée à la culture, se veut d'abord rassurante : le budget de 250 000€ alloué à l'association Bourges 2028, "va évidemment continuer à augmenter dans les trois prochaines années, puisque c'est elle qui finance les projets en lien avec la "Capitale européenne"."
En revanche, elle confirme la diminution de l'enveloppe globale dédiée à la culture l'an prochain : "On prévoit entre 900 000€ et 1 million d'euros en moins, sur un budget d'un peu plus de 24 millions".
Le budget 2025 de la Région Centre-Val de Loire sera voté en décembre.
Un soutien impossible ?
Interrogé mardi 26 novembre sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire, Olivier Atlan, directeur de la maison de la culture de Bourges salut un "soutien politique local en matière de culture qui reste fort" mais il prévient : "Si le budget de l'Etat est voté tel quel, ce soutien ne sera plus possible".
Résultat : "Plus de budget de coproductions et une baisse de la programmation d'à peu près 30%", poursuit celui qui a dirigé plusieurs théâtres en France.
Avec des dommages collatéraux sur le projet de Capitale culturelle 2028 :
C'est maintenant qu'il faut monter en charge, avec une dynamique de 2025 à 2028. Si cette dynamique est brisée dès le début, ça va être difficile d'aboutir à un événement tel que celui de capitale culturelle
Olivier Atlan, directeur de la maison de la culture de Bourges
Le collectif réclame donc aujourd'hui au Premier ministre un budget qui permette aux collectivités de "préserver leurs contributions à la culture".
Le budget de "Bourges capitale culturelle européenne 2028" s'élève à 40 millions d'euros, selon le dossier de candidature. Les appels à projets seront lancés en mars 2025 et les premiers lauréats connus d'ici un an.