Pas question de rater l'occasion d'un face-à-face avec eux, 25 ans après leur dernier passage au Printemps de Bourges. Les membres de Matmatah ont répondu à nos questions. Premier concert, premier album, séparation et retrouvailles : découvrez toute l'histoire du groupe breton.
Vous ne connaissez peut-être pas leurs prénoms, mais Stan et Éric, piliers du groupe Matmatah, fêtent leurs 30 ans de carrière. Le groupe jouait ses classiques et nouvelles chansons sur la scène du W cette année au Printemps de Bourges 2024. Ils répondent aux questions de Vincent Dupouy :
Vous vous souvenez de votre premier passage dans la capitale Berruyère ?
"C'était en 1998 et ça fait 25 ans qu'on n'a pas joué à Bourges. La première fois, on avait fait les sélections du "tremplin départemental" mais on n'avait pas gagné en régional. On a quand même décidé de venir à Bourges jouer. On a contacté des bars et on a passé une semaine en off à Bourges à jouer tous les jours. Au premier concert, il devait y avoir 30 personnes qui sont revenues le lendemain dans un autre bar avec d'autres personnes. Donc 60 à 120 et puis là, le dernier concert, on a bloqué la rue tellement il y avait du monde.
Notre semaine à Bourges, c'est finalement le résumé de ce qu'on a toujours fait : fidéliser les gens par les concerts.
Matmatah
On n'avait pas envie de rester dans un garage en train de répéter, on s'est dit autant répéter devant les gens, comme ça, on gagne du temps, on apprend."
Il y a un événement qui va faire basculer les choses, lorsque vous faites la première partie des FFF* Fédération française de fonck. Racontez-nous.
"C'était notre première scène. À la fin de l'année 96, une école d'ingénieur à Brest organisait leur gala et avait booké FFF. Ils avaient décidé qu'en première partie, ce serait un groupe brestois. Ils avaient donc fait un peu le tour de tous les clubs à Brest et on avait été choisis. Sauf que le groupe n'avait que six mois. On avait réussi à concevoir 32 min de show avec des chansons.
Là, c'était vraiment dans une salle de concert, on ne savait pas trop comment faire. On arrivait sur scène, on attendait que quelqu'un nous dise de jouer... Et puis c'est passé.
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Il y a eu une espèce d'alignement de planètes. Il se trouvait que ce soir-là, Marco Prince était malade. Et ils ont joué très peu de temps, donc au final, on a presque joué autant qu'eux, donc on a marqué les gens finalement autant qu'eux. Et puis on a eu les honneurs de la presse le lendemain et les concerts dans Brest qui ont suivi, il y avait plus de monde, donc là ça a jasé dans le Bled."
Et 25 ans ou 30 ans plus tard, est-ce qu'on en a marre de jouer "Lambé an dro" ? Est-ce qu'on est infiniment reconnaissant ? Est-ce qu'il y a des sentiments mitigés ?
"Musicalement, on a fait un peu le tour, mais on joue toujours parce que le spectacle, c'est tout pour nous. Quand on démarre "Lambé an dro" sur scène, le spectacle, c'est le public. Donc non, on n'est pas lassé de la faire. C'est un interrupteur, tu appuies, sur un truc et il se passe un truc, voilà.
Il y a 4 coups de Shirley, un accord de guitare et puis tout le monde est champion du monde, tout le monde est en 98. Enfin tout le monde est dans une soirée où il a passé un bon moment.
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C'est une chance d'avoir un hit comme ça. Mais attention, c'est dangereux aussi, il y a certaines personnes qui nous disent que c'est assez réducteur parce qu'ils nous résument à ce titre-là. C'est ce qu'on a vu notamment sur le dernier album.
Là, on a des gens qui viennent nous voir en disant "je viens de vous découvrir par cet album-là et je me suis aperçu que c'était vous qui chantiez aussi "Lambé an Dro", qui chantiez "La cerise", enfin d'autres titres qui sont passés en radio."
Donc ne nous résumez pas à un titre écrit il y a plus de 30 ans, il ne faut pas oublier d'ouvrir et c'est ce qu'on essaie de faire et c'est ce qu'on fait depuis le début. De toute façon, on va dire, ne nous foutez pas dans une case, on ne sera jamais là où vous voudrez.
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Des punks en pantoufles
"Les premiers concerts qu'on a faits hors de la Bretagne, on était annoncé comme Rock Celtique, parfois même musique celtique, et les gens s'attendaient à voir des binious ou des trucs comme ça. Ils nous voient débarquer avec des batteries, des Marshalls et viennent nous le dire à la fin du concert, "mais ce n'est pas du Rock Celtique, que vous faites !".
J'ai pas mal squatté les fest-noz quand j'étais enfant parce que mes parents y allaient et moi, je n'avais pas forcément d'atome crochu avec cette musique traditionnelle, j'y allais un peu obligé et puis en fait, on s'y est réintéressé par nous-mêmes après. Voilà, c'était peut-être un blocage par rapport à nos parents.
Mais on faisait des reprises de Led Zeppelin ou des Beatles, des Stones et c'était ça nos racines. Et il semblait que les gens ne l'avaient pas compris en fait. Sauf les tout premiers qui venaient nous voir dans les bars. Donc, on a réagi en fait parce qu'on était encore jeune et on a voulu prendre un virage pour montrer aux gens qu'on était un groupe de rock."
Avec la reprise des concerts et des tournées, qu'est-ce que vous avez retrouvé comme public ?
"C'est de l'ancien et du neuf ! Les vétérans étaient un peu plus loin dans la salle, mais ils étaient là, donc on a quand même retrouvé notre public de l'époque. Puis, on a vu des 15 / 20 ans au premier rang et là, on n'a pas compris. Je me suis dit "d'où ils sortent ?" Voilà neuf ans qu'on n'est plus là, pourquoi ils nous écoutent ?
Et ils nous ont dit "mais on a toujours écouté ça en soirée". Donc en fait, pendant qu'on n’était pas là, les chansons ont continué à vivre et ont traversé les générations. Et quand on a recommencé, on avait déjà plusieurs générations au concert : les parents, les enfants, les grands-parents."
Quels sont les projets dans les mois à venir ?
"Ça va être tourné d'été, des festivals jusqu'en septembre et la préparation de la date des 30 ans en octobre 2025, parce que c'est une date vraiment particulière, une date unique. L'idée, c'est un peu de rassembler tous les publics qu'on a croisés en France, en Belgique, en Suisse et pour faire la fête ensemble.
► Jeudi 18 juillet, sur France 3 Centre-Val de Loire et France 3 Bretagne, revivez le concert du groupe Matmatah lors de leur venue au Printemps de Bourges 2024, juste ici.