L’admiration pour une personnalité politique, l’indignation ou encore la volonté de voir un parti perdurer, les raisons qui poussent les jeunes à devenir militants sont multiples. Nous sommes allés à leur rencontre pour qu’ils nous content leur histoire avec la politique.
déplore Julie Apricena, 26 ans. Lorsqu’elle a commencé à militer, alors qu’elle était au lycée, elle l’a d’abord gardé pour elle, par peur des critiques. Ce n’est qu’au début de ses études de droit qu’elle a commencé à assumer son appartenance au Front national [à présent Rassemblement national]. "À ce moment-là, j’ai perdu des connaissances oui mais pas des amis."Dès qu’on va au FN, on est les méchants,
Ayant grandi dans une famille nombreuse – Julie est la cinquième d’une fratrie de 6 enfants – dont elle se dit "très proche", la jeune femme a gardé un profond attachement aux valeurs familiales. "On a toujours parlé de politique", se souvient Julie dont les parents étaient "plutôt de droite" mais pas militants. "Moi, j’ai voulu m’engager."
Un engagement familial
"Au collège, j’étais déléguée et plus tard, je me suis investie dans la vie de mon lycée", raconte la jeune femme. Mais c’est à 16 ans qu’elle décide de s’engager politiquement. "J’ai fait des recherches sur tous les partis qui existaient. Puis j’ai imprimé les propositions de chacun d’entre eux. J’ai été très attirée par la droite. Ce qui m’a plu sur le site du Front national, c’est le côté familial. L’environnement était important pour moi, je tenais à ce que les jeunes ne soient pas mis dans un coin." Elle commence alors à faire des réunions et à distribuer des tracts.À 18 ans, elle prend la carte du parti et son petit frère suit très vite ses pas. Elle deviendra plus tard la secrétaire départementale du FNJ [à présent Génération Nation]. En 2014, lors des dernières municipales, le benjamin se présente en tant que maire d'une commune de la Nièvre et Julie se trouve parmi les membres de sa liste.
Je trouve que c’est important que les jeunes s’engagent, quel que soit le parti. Il faut avoir des convictions pour pouvoir critiquer. C’est très important d’aller voter. Dans le Cher, je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de personnes qui s’engagent politiquement et c’est dommage.
"On n'inculque plus aux jeunes l’histoire de notre pays"
"Je suis patriote, j’aime mon pays", déclare la jeune femme. Elle tient cet amour de la France de son père, Italien d'origine, qui a quitté son pays pour rejoindre l'armée française en tant que légionnaire. "Je souhaite qu’il y ait du changement", déclare-t-elle. "Je voudrais qu’on s’occupe des personnes du peuple. L'immigration est un gros problème en France* et parfois, il faut savoir se recentrer sur soi-même. Il y a des priorités et, en ce moment, elles ne sont pas tournées dans le bon sens." La jeune femme, très active sur les réseaux sociaux, partage régulièrement des contenus abordant des sujets liés à l'immigration, à l'islamisme, à l'islam et à la sécurité.Julie regrette que l’éducation des enfants ne s'appuie pas davantage sur "les valeurs de la république" : "On n'inculque plus aux jeunes l’histoire de notre pays, on n'apprend plus la Marseillaise. C’est comme si on avait honte de notre histoire. Mais on ne peut pas porter un jugement sur ce qu’il s’est passé, par exemple pendant la seconde guerre mondiale. On ne sait pas comment on aurait réagi à l’époque." L'engagement de la jeune femme se tourne aussi vers un autre sujet : "la cause animale" qui "lui tient beaucoup à cœur".
En 2015, alors que Julie est âgée d'une vingtaine d'années, le média La Horde publie un article révélant que la jeune femme entretiendrait des relations amicales avec des néonazis. Une information que Julie Apricena nie catégoriquement. "À l'époque, j'ai porté plainte pour diffamation, nous assure-t-elle. "Moi je prends des photos avec des personnes, sans savoir qui c'est exactement, je dis bonjour à des gens dans des meetings et je ne sais pas qui ils sont". À ce jour, elle dit "ne toujours pas avoir de nouvelles" de la justice.
Concernant le tee-shirt qu'elle porte sur une des photos publiée dans le même article, sur lequel apparaît l'expression "white pride, wide worl" [fierté blanche dans le monde entier, ndlr] ainsi qu'une croix celtique, Julie a répondu "ne pas savoir parler anglais" et par conséquent "ne pas pouvoir nous aider là-dessus."
"Pour moi, c’est naturel"
À présent, la politique fait partie du quotidien de Julie qui travaille au Conseil régional pour un groupe d’élu. Elle y passe donc sa semaine mais aussi certains de ses week-ends. Un engagement qui ne dérange en rien son conjoint : "Pour moi, c’est naturel, ça fait partie de ma vie", déclare-t-elle tout simplement. "Je suis tombée dedans."Carte intéractive. Partez à la rencontre de jeunes militants de la région Centre-Val de Loire
* Selon les chiffres de l'Insee, en 2018, 6,5 millions d' immigrés vivaient en France (9,7 % de la population française) et 2,4 millions d'immigrés (37 % d'entre eux) ont acquis la nationalité française. La moitié des immigrés sont originaires d'un des sept pays suivants : l'Algérie (13,0 %), le Maroc (11,9 %), le Portugal (9,2 %), la Tunisie (4,4 %), l'Italie (4,3 %), la Turquie (3,8 %) et l'Espagne (3,7 %).