Le retour progressif à l’école, sur la base du volontariat, est prévu à partir du 12 mai prochain. Ce sont d’abord les élèves de maternelle et primaire qui sont concernés. Les parents sont partagés.
A Bourges (Cher), un questionnaire a été envoyé aux parents. Ils ont jusqu’au mardi 5 mai pour décider s’ils souhaitent renvoyer leurs enfants à l’école. Khalid Titou n’y a pas encore répondu. Il s’interroge pour ses deux enfants scolarisés en maternelle et primaire à l’école Barbes de Bourges : "Nous ne savons pas du tout. Je pense que c’est un petit peu prématuré. Nous attendons de voir ce que le directeur de l’école va nous dire et ce qu’il pense mettre en oeuvre. Ensuite nous aviserons."
Khalid garderait volontiers ses enfants à la maison si le suivi pédagogique à distance était meilleur. Il a deux autres enfants scolarisés au collège et constate la différence : "On leur donne des devoirs mais cela ne suffit pas, il n’y a pas de dialogue entre l’enfant et l’enseignant, notamment en primaire. C’est un gros manque."
Plus de risques que de bénéfices ?
Aux Aix d’Angillon, à une vingtaine de kilomètres de Bourges, Nicolas Gautier a pris sa décision. Sa fille Eva âgée de 3 ans, ne retournera pas à l’école. "Ce n’est pas raisonnable. Les distanciations sociales et gestes barrières seront impossibles à faire respecter pour des enfants de cet âge là. Il y a beaucoup plus de risques que de bénéfices à retourner à l’école pour un mois et demi."Pourtant le gouvernement a envoyé un guide sanitaire aux écoles. Parmi les mesures : la désinfection systématique du matériel pédagogique et des objets manipulés par les élèves après chaque utilisation. Pas suffisant pour rassurer ce père de famille. "Je ne vois pas comment la maîtresse peut empêcher les enfants de s’approcher les uns des autres, de se toucher, ou désinfecter les objets dès qu’un enfant le touche."
Même son de cloche pour Delphine dont la fille Kaëline, est en CM2 à l’école Pignoux de Bourges. "Honnêtement j’ai peur, elle n’y retournera pas! Je ne veux pas prendre de risques inutiles, surtout qu’elle est asthmatique." Delphine est en télétravail. C’est elle qui, depuis deux mois, remplace tant bien que mal, la maîtresse de sa fille. "Elle a eu un super suivi depuis le début du confinement. Nous allons continuer l’école à distance, surtout que sa maîtresse ne reprendra pas pour des raisons de santé. Il y aura sûrement une remplaçante mais je me dis que nous n’avons pas fait tout cela pour rien."
"En septembre ou maintenant, quelle différence ?"
Dans la famille Boissereau, beaucoup moins d’inquiétude. Céline, la maman compte remettre Louise, son aînée âgée de 8 ans, à l’école : "C’est important qu’elle reprenne sa scolarité. Les distanciations sociales sont applicables." Confiance pour la grande, hésitations pour la cadette... Le couple a une autre fille de 4 ans et demi : "Nous partons du principe que nous allons la remettre à l’école même si les gestes barrières semblent difficiles à appliquer en maternelle." Mais n’est-il pas trop tôt pour ressortir le cartable ? "Nous sommes conscients que le risque zéro n’existe pas. Mais il sera identique en septembre", conclue la mère de famille. Préavis de grève chez les syndicats d’enseignants
Côté syndicats, la rentrée fait grincer des dents. Dans le Loiret, la CGT éduc’action 45 a lancé un préavis de grève du 11 au 29 mai avec pour principale revendication "le respect des obligations non dérogatoires de l’État-employeur en matière de santé notamment la mise à disposition de lieux sains et sécurisés, face aux difficultés et dangers graves et imminents que cela engendre." Le syndicat se réserve le droit de prolonger ce préavis dans le cas où la situation sanitaire le nécessiterait.
De son côté, Sud Education 45 a également déposé un préavis pour la période du 11 mai au 19 juillet. En Eure-et-Loir, le syndicat appelle le personnel à exercer leur droit de retrait à compter du 11 mai. Un préavis de grève sera également mis en place.
Pour la Snuipp-FSU du Cher : "Comment peut-on faire respecter les distanciations sociales pendant toute une journée ? C’est mission impossible !", selon Estelle Lauverjat-Crépin, co-sécretaire départementale du syndicat.
FSU pourrait également déposer un préavis de grève. Les instances nationales se réunissent ce mardi 5 mai pour prendre une décision.