TEMOIGNAGE Grève à l'hôpital Jacques Coeur de Bourges : "On a des gens qui viennent en pleurs"

Le 16 mai, le personnel de l'hôpital Jacques Coeur a entamé une grève reconductible. La CGT dénonce des suppressions de postes "sans précédent" qui fragilisent tout l'hôpital. Ce mardi 28 mai, les salariés manifestent à nouveau devant l'établissement. Armelle Paris, infirmière en pédiatrie, témoigne

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"Le personnel est à bout, et les conditions de travail sont insupportables", résume Armelle Paris, infirmière en pédiatrie à l'hôpital Jacques Coeur de Bourges et secrétaire CGT. Ce matin, une cinquantaine de personnes manifestaient devant leur lieu de travail.

Un chiffre qui ne dit rien du mécontentement global, les personnels pouvant être assignés ou se déclarer grévistes mais rester à leur poste par égard pour les patients. 

A Jacques Coeur depuis 24 ans, Armelle Paris témoigne d'une situation qui va en se dégradant depuis 5 ans. Entre 2015 et 2018, 75 postes à temps-plein ont été supprimés. "De ce fait, les droits à congés ne sont pas donnés, les temps partiels et congés parentaux ne sont pas respectés. La polyvalence est imposée. On ne se préoccupe plus du personnel, de ses compétences, ça désorganise les services."
 

Des conséquences graves pour les patients 


Ces suppressions de poste ont placé l'ensemble des services en sous-effectif, avec des conséquences graves pour le personnel et les patients. Le service de réanimation, par exemple, est un service régi par un décret qui impose un minimum de personnel par patient ; un quota qui n'est pas respecté à l'hôpital de Bourges. 

Autre atteinte inquiétante : l'absence d'un SMUR secondaire, le service chargé du transfet entre les hôpitaux, faute de médecins disponibles. "Un incident s'est produit ce weekend avec un enfant de 14 ans. Il a été hospitalisé et il a eu besoin de partir dans l'urgence sur Tours, et n'ayant pas de SMUR Secondaire, ni d'hélicoptère, il a dû être hospitalisé dans un service d'adultes. C'est grave, c'est anormal", s'alarme Armelle Paris. 

Et le manque de moyens grignote aussi sur de petites choses : manque de pain, de couvertures, d'oreillers... 
 

Le personnel à bout


Au-delà des patients, la situation affecte aussi et en premier lieu un personnel à bout de souffle. "Le fait d'être en sous-effectif met le personnel en difficulté, en danger. On a des personnes qui viennent en pleurs, on a des burn-out... Ça a une grosse conséquence sur leur vie privée, les gens n'y arrivent plus", s'attriste Armelle Paris. 

Elle souhaite que ses collègues "relèvent la tête". "Nous sommes tous des professionnels, on a des diplômes et il faut être fier de travailler à Jacques Coeur ou Taillegrain, pour le bien des habitants du Cher. Il ne faut plus accepter ce travail à la chaîne qui déshumanise les soins."

Pour elle, laisser l'hôpital Jacques Coeur péricliter est bien un choix politique. "De l'argent, il y en a ! Il faut juste le mettre là où il faut. On veut des embauches, voilà."

 
 
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