Un groupe d'extrême-droite s'en prend à la projection d'un film par une association LGBT+

Le centre LGBTQIA+ Berry organise une séance de ciné-débat du film "Tomboy" à Saint-Amand-Montrond le 8 juin. L'extrême-droite locale dénonce ce qu'elle considère comme "la promotion de l'idéologie LGBT". Avec pour effet un boost de publicité et de soutiens pour l'association LGBT.

L'extrême-droite a bien tenté d'imposer son agenda dans le Cher, mais a fini par faire de la publicité à l'évènement qu'elle souhaitait faire annuler. Dans un tract diffusé à Saint-Amand-Montrond et en ligne, un groupuscule berruyer critique la diffusion, prévue le 8 juin, du film Tomboy par l'association LGBTQIA+ Berry.

Basée à Bourges, l'association souhaite en effet ouvrir une permanence à Saint-Amand-Montrond et, à terme, "rayonner dans tout le Berry", explique sa présidente Sarah Szymanski. L'organisation d'un ciné-débat est, pour elle, l'occasion de "prendre la température", "voire comment les spectateurs réagissent" pour mieux "évaluer les besoins sur place". Et ainsi mieux jauger de l'opportunité de créer une antenne à Saint-Amand.

Comportements associés à la masculinité

Pour Sarah Szymanski, Tomboy est une bonne entrée en matière. Réalisé en 2011 par Céline Sciamma, le film raconte l'arrivée d'une famille dans une nouvelle ville. L'ainée de deux filles, âgée d'une dizaine d'années, cheveux courts, habillée de tshirts et de shorts, en profite pour se faire passer pour un garçon. Jusqu'à reproduire les schémas associés à la masculinité : cracher en jouant au foot ou se battre pour défendre sa petite sœur.

"C'est un film à hauteur d'enfant, qui se place à son échelle tandis qu'il explore son identité. L'enfant ne dit jamais : "Je suis un garçon, je veux faire une transition"", défend la responsable de l'association berrichonne. Elle assure avoir diffusé le film plusieurs fois à Bourges, "en touchant des publics très différents, vieux ou jeunes, concernés par les questions LGBT ou pas". Elle a également projeté Tomboy à la médiathèque :

C'était le public habituel de la médiathèque, et le film a été très bien reçu. C'est un film très apprécié des cinéphiles, et en-dehors de la communauté LGBT. Je ne comprends même pas qu'il y ait une controverse.

Sarah Szymanski, présidente du centre LGBTQIA+ Berry

Retour de bâton

D'où un certain étonnement à la lecture du tract émanant de l'extrême-droite. Le texte en question estime que l'association souhaite, avec ce film, "arracher" les enfants "à la loi naturelle et au modèle traditionnel". Le tract émane d'Animus Fortis, mouvement basé à Bourges et se revendiquant du nationalisme-révolutionnaire. Une doctrine inspirée notamment par François Duprat (bras droit de Jean-Marie Le Pen dans les années 1970). Dans Streepress, l'historien Nicolas Lebourg qualifie les nationalistes-révolutionnaires de "néofascistes qui pensent que les États fascistes ont échoué à cause de leur nationalisme et de leur compromission avec la réaction".  

Les arguments du tract ont été repris par le comité Reconquête! -le parti d'Éric Zemmour- local, dans une pétition en ligne, qui a dépuis recueilli... 39 signatures. "Ça s'est retourné contre eux : eux font un plat, pendant que nous, on n'a jamais eu autant de messages de soutien et de gens qui disent qu'ils vont venir", sourit Sarah Szymanski, qui trouverait l'épisode "presque drôle".

Soutiens et appréhension

Car, depuis la révélation de l'affaire dans les colonnes du Berry républicain, les soutiens à l'associations se sont manifestés en nombre. À commencer par le maire de droite de Saint-Amand, Emmanuel Riotte, ainsi que la sous-préfète, Sophie Chauveau. Une bonne partie de la classe politique locale s'est ensuite réunie en soutien à LGBTQIA+ Berry le 25 mai devant le cinéma Le Moderne, où était prévue la projection.

Finalement, changement de lieu : ce sera à la pyramide de la Cité de l'Or, toujours le 8 juin à 20h. Le tract d'extrême-droite s'était en effet procuré des échanges de mails auxquels participaient les organisateurs de la projection. Soupçonnant une fuite du côté de quelqu'un travaillant au cinéma, l'association a décidé de délocaliser son ciné-débat. 

Ces attaques verbales de l'extrême-droite, au-delà d'avoir "choqué" Sarah Szymanski, lui ont aussi laissé une "légère appréhension" : "À Tours, le centre LGBT se fait attaquer à répétition, et ils ont même eu une bombe artisanale. C'est grave, on y pense.

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