Boycott, grève, pénurie de médecins : l'été risque d'être chaud aux urgences en Centre-Val de Loire

Déjà sous tension cet hiver, les urgences abordent l'été avec un manque persistant de médecins, qui conduit certains établissements à utiliser la réserve sanitaire, alors que des jeunes praticiens menacent de faire la grève des gardes, et des intérimaires de boycotter les hôpitaux.

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Huit titulaires pour 24 postes: à Bourges, les urgences sont dans "une situation très préoccupante", de l'aveu même de la directrice du centre hospitalier Jacques-Coeur, Agnès Cornillault.


Ces dernières semaines, l'hôpital de la préfecture du Cher a été contraint à plusieurs reprises de suspendre temporairement l'activité de son service mobile d'urgence et de réanimation (Smur), faute de médecins. Les Smur voisins, dont ceux de Vierzon ou Nevers, "ont pris le relais", indique l'Agence régionale de santé, qui a tout de même demandé à l'établissement "d'identifier les périodes au cours des trois prochains mois qui posent problème" afin "d'anticiper l'activation de la réserve sanitaire".
Ce vivier de volontaires est d'ordinaire mobilisé "pour répondre à des situations sanitaires exceptionnelles", comme une épidémie ou une catastrophe naturelle, selon la doctrine édictée par le ministère de la Santé. Depuis un an, la réserve a ainsi été sollicitée à 30 reprises, dont 15 dans les Antilles après l'ouragan Irma puis l'incendie du CHU de Pointe-à-Pitre, ainsi que 7 fois à Mayotte et 3 en Guyane.


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Préavis de grève illimitée à l'hôpital de Vierzon

A Vierzon, le torchon brûle entre direction et personnel hospitalier. Une intersyndicale, (FO, CGT santé, CFDT santé sociaux et Sud santé sociaux), vient de lancer un préavis de grève illimité à l’hôpital de Vierzon à compter du 11 juin.
Les syndicats dénoncent « des conditions de travail difficiles » et revendiquent l’effacement de la dette de l’établissement, le maintien de tous les services, l’annulation des 25,5 suppressions de postes et la modernisation du bloc opératoire.

Ils ont prévu une assemblée générale des personnels, ce lundi à 14 heures, au centre hospitalier. Les syndicats, le maire de Vierzon Nicolas Sansu et quatre médecins ont rencontré la directrice de l’agence régionale de santé, mercredi dernier et lui ont remis un mémorandum.

"Chantage" et inquiétude pour cet été

Les hôpitaux publics doivent aussi composer avec un appel au boycott du Syndicat national des médecins remplaçants en hôpitaux (SNMRH), créé en avril en opposition à un décret limitant la rémunération des praticiens intérimaires. "Cette attitude est irresponsable", a réagi mardi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, appelant les établissements à "ne céder à aucune forme de chantage". L'accumulation des écueils pose toutefois la question de la capacité des urgences hospitalières à faire face à une crise majeure durant la période estivale. "Nous nous organisons pour qu'il y ait le personnel là où il le faut au moment où il y a des tensions et notamment dans les zones touristiques", a assuré Mme Buzyn jeudi, à l'occasion du traditionnel déclenchement du plan canicule. Un discours qui est loin de convaincre Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf). Lui n'a "pas l'impression que le gouvernement prenne la mesure de la crise". "Je suis très inquiet de ce qui se passe, les hôpitaux ne se préparent pas", observe l'emblématique lanceur d'alerte de la canicule meurtrière de 2003, qui accuse le ministère de "planquer les chiffres sur les fermetures de lits" programmées cet été.
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