Les forêts françaises ont souffert et souffrent encore de la sécheresse. Les arbres ont soif et les conséquences sont visibles. Exemple en forêt de Vierzon.
Cela ne vous a pas échappé : 2019 a été et est une année chaude et sèche. Nous avons eu durant le printemps et l’été de très fortes chaleurs et notamment deux épisodes de canicule en juin et en juillet. Les températures qui ont aussi régulièrement dépassé les 30 degrés et les faibles précipitations ont favorisé la sécheresse : les sols ont soif en général et les arbres aussi. Le déficit en eau a un impact sur la végétation et sur les arbres de nos forêts.
Peu de précipitation et des nappes phréatiques basses
D'après le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), le niveau des nappes phréatiques du territoire était, au 1er août, bas voire très bas.Ces niveaux traduisent une recharge peu abondante, du fait des précipitations faibles et parfois tardives durant l’automne et l’hiver 2018-2019. Ce constat est habituel à cette période de l’année, les pluies infiltrées étant absorbées par la végétation. Cependant, la baisse des niveaux s’est fortement accélérée au cours des deux derniers mois.
D’après le BRGM, un nombre marqué de réservoirs affiche des niveaux modérément bas à bas. Les nappes de l’Alsace, de Bourgogne, d’Auvergne-Rhône-Alpes et du sud de Centre-Val-de-Loire présentent des niveaux peu satisfaisants, bas à très bas et parfois proches des minimas enregistrés pour un mois de juillet.
Les arbres ont donc souffert de la sécheresse, c’est qu’on appelle « le stress hydrique ». Le stress hydrique, c’est quoi ? Réponse de l’ONF (Office National des Forêts) :
Un léger manque de pluie n'affecte pas les arbres. Ils vont en effet puiser l'eau dont ils ont besoin en profondeur, dans la terre. Tant que celle-ci n'est pas trop asséchée, les arbres peuvent donc s'épanouir sereinement. En revanche, la situation se complique lorsque le manque de précipitations se prolonge et que les réserves en eau du sol ne sont plus remplies qu'à 40 % et moins. Arrivés à ce stade, les arbres souffrent du manque d'eau, on peut alors parler de stress hydrique.
Une riposte au stress hydrique
La nature est bien faite. Les arbres résistent ; ils se défendent en refermant les stomates de leurs feuilles, les « pores », qui permettent les échanges gazeux. Les arbres diminuent leur transpiration et par ricochet ralentissent leur croissance. Certains arbres limitent les pertes en eau en séchant prématurément. L’arbre réduit la croissance de ses feuilles en réduisant l'évaporation d'eau par les feuilles et développe ses racines. Mais la nature a ses règles : les arbres les plus vulnérables meurent et les plus résistants demeurent.
Un risque réel pour les arbres
L'ONF rappelle que le manque d’eau est un risque réel pour les arbres :
Ces stratégies ont malheureusement des contreparties. Si la sécheresse se prolonge, l'arbre se retrouve « sous-alimenté en carbone » et doit puiser dans ses réserves. Affaibli, il est moins apte à se défendre contre les insectes et les maladies, ce qui peut, après quelques années, provoquer son dépérissement. Par ailleurs, si l'évapotranspiration est plus importante que l'apport en eau du sol, des bulles d'air se forment dans les vaisseaux de l'arbre et empêchent la conduction de l'eau, créant une embolie. Là encore, l'arbre peut en mourir.
Le massif de Vierzon
Les forêts domaniales de Vierzon et de Vouzeron qui représentent un massif de 7 500 hectares ont souffert de la sécheresse. Le déficit hydrique est très prononcé. Les dernières pluies conséquentes remontent à juillet 2018. Entre juillet 2018 et juillet 2019, il est tombé 460 millimètres d'eau. En moyenne les précipitations s'élèvent à 800 millimètres. Le cumul des deux phénomènes a fragilisé les arbres : les hêtres ont séché à la cime, leur feuillage est devenu plus clair, ils se désèchent et meurent ou vont mourir dans les semaines à venir.
Le 25 juillet dernier, une mini-tornade s'est abattue sur la forêt. Les turbulences, pluie et vent ont affecté 90 hectares. Le phénomène a été soudain et a duré à peine trois quart d'heure. Il est tombé 20 millimètres d'eau. Le vent qui soufflait a rebondi sur le sol, les branches moyennes des chênes ont été déformées et n'ont pas retrouvées leur forme initiale. Quant aux feuilles, elles ne sont pas redressées. Les arbres, du fait de la sécheresse, n'ont pas la même "tenue mécanique" car un bois normal c'est-à-dire, en bonne santé, est souple. Il résiste aux aléas climatiques mais un bois déséché devient cassant. Il peut y avoir alors des phénomènes de rupture des branches et des racines.
En résumé, la santé des arbres en forêt de Vierzon est inquiétante selon l'ONF. Pour Alexis Hachette, responsable de l'unité territoriale de Vierzon à l'ONF :
A l'heure actuelle, l'état de santé des arbres est préocupant, voire même très préocupant car les conditions sont inhabituelles et les conséquences peuvent être graves. Nous ne connaissons pas l'étendue des dégâts. Le niveau de faiblesse des arbres n'est pas forcément visible à l'heure actuelle. Ces arbres manqueront peut-être d'énergie au printemps du fait de leur état actuel. Nous allons continuer de les observer.
D'autres dangers guettent les massifs forestiers et notamment les incendies plus fréquents ces dernières semaines et inhabituels dans notre région.