Le député LREM François Cormier-Bouligeon est en pleine discussion avec les ministères concernés à propos d'un projet de loi visant à interdire la chasse dans les enclos et l'importation des cervidés sur le territoire. La Sologne est l'une des principales victimes de ce fléau.
"Je suis berrichon et je creuserai mon sillon avec détermination". Ces mots, ce sont ceux de François Cormier-Bouligeon, député de la première circonscription du Cher (LREM). Depuis plusieurs mois, il travaille à la rédaction d'une proposition de loi visant à interdire la chasse dans les enclos et l'importation des cervidés. Un problème qu'il évoquait déjà il y a 4 ans avec Raymond Louis, le président des amis des chemins de Sologne : "nous avons étudié la proposition de loi ensemble car c'est un problème qui dure depuis une quarantaine d'années dans notre région" explique ce dernier. Il décrit la Sologne d'aujourd'hui comme un "véritable labyrinthe de grillage".
Des problèmes écologiques, d'éthique et économiques
Semblable à une prison à ciel ouvert, la zone dénombre pas moins de 5 000 kilomètres de grillages. Des installations faites par de riches propriétaires résidants dans les environs. Fréquemment, ils organisent des week-ends de chasse, allant même jusqu'à faire venir des animaux d'autres pays pour l'occasion. Des cervidés, mais aussi des sangliers d'Europe de l'Est. Ces animaux, venus d'ailleurs, ramènent avec eux des maladies qui peuvent affecter leurs semblables, notamment la peste porcine. "Une partie de l'économie de la région vit de la chasse. Si cette maladie arrive, ça va faire des ravages" déplore le député.
Dans ces grandes propriétés engrillagées, les animaux ne peuvent pas fuir. Ethiquement parlant, ça devient juste un massacre. Quand on se promène près de ces limites, on voit clairement qu'il y a une surpopulation animale d'un côté et une faune et une flore normale de l'autre.
Ces installations affectent aussi le tourisme dans la région. "Il y a des miradors où les chasseurs s'installent pour tirer sur les animaux. Quand les promeneurs voient ça, ils se demandent si nous ne sommes pas en pleine guerre" raconte Raymond Louis, le président des amis des chemins de Sologne. C'est pour toutes ces raisons que le député de la première circonscription du Cher a voulu rédiger ce texte de loi.
Légiférer pour revenir à une "chasse saine"
Dans ces grands enclos, il y a jusqu'à six ou sept animaux à l'hectare, la loi stipulant pourtant qu'il ne peut y en avoir qu'un seul par hectare dans un parc de chasse. Face à la difficulté d'effectuer ce comptage, François Cormier-Bouligeon entend donc bien interdire la chasse dans les enclos partout en France, car "des régions comme le sud du Berry, les Landes ou encore la Normandie sont aussi concernées".
Quant à la disparition de ces grillages, il évoque des "mesures transitoires" pour éviter que les animaux des enclos et venus d'ailleurs ne soient libérés dans la nature sans précaution. "Je ne remets pas en cause le droit de chasse. Je veux juste revenir à une activité saine". L'initiative est en effet soutenue par le président de la Fédération Nationale des chasseurs, Willy Schraen, qui se dit être "de tout coeur" avec l'association des amis des chemins de Sologne pour empêcher le développement de ces enclos "dans cette magnifique région".
Après plusieurs discussions sur ce sujet, la ministre de la transition écologique Barbara Pompili est favorable à une telle réforme. Des travaux d'objectivation et de recherche sur le sujet sont toujours en cours afin de définir et quantifier le problème. Malgré la difficulté de présenter la réforme à l'assemblée pendant cette fin de mandat et la puissance des chasseurs de Sologne, François Cormier-Bouligeon estime que ce sujet en vaut la peine. "Ce sera David contre Goliath".