Fièvre catarrhale ovine : le désarroi des éleveurs du Cher

Une partie de la région Centre-Val de Loire est toujours incluse dans un périmètre de sécurité, après la détection d'un cas de fièvre catarrhale ovine dans l'Allier vendredi dernier. Les éleveurs en subissent les conséquences, dans une période déjà difficile.

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Ce mardi matin, le marché au cadran de Châteaumeillant, dans le Cher, a rouvert ses portes après 24 heures de fermeture. Seul le marché des ovins destinés à l’abattoir est maintenu.

Un bol d’air pour les éleveurs du Cher et de l’Indre dont l’exploitation est située dans le périmètre de surveillance de 150 kilomètres autour du foyer infectieux de fièvre catarrhale ovine (FCO) découvert dans l’Allier vendredi dernier. Mais attention, aucun animal ne peut sortir de ce périmètre.

Conséquence de l’interdiction : impossible de rouvrir le marché des exportations jusqu’à nouvel ordre. Il se tient généralement chaque lundi matin à Châteaumeillant. Or ce lundi, pour la première fois depuis la dernière épidémie de fièvre catarrhale en 2007, aucun bovin n’y a transité. Près de 700 étaient attendus. Les animaux sont restés confinés dans les exploitations. La salle des ventes d’ordinaire bondée est restée vide.

"Il y a des éleveurs qui sont dans le désarroi, qui ont des traites à honorer et qui n’ont pas fait leurs ventes, témoigne Jacky Blinet, le président du conseil d’administration du marché au cadran de Châteaumeillant. J’en ai la chair de poule parce qu’en plus on doit nourrir nos animaux. On est face à une sécheresse. Il n’y a plus de stock, l’aliment est très cher et les éleveurs demain ne feront pas face."

Créé en 1999, ce marché au cadran est une émanation des éleveurs. Près de 2000 exploitants – notamment du Cher, de l’Indre, de l’Allier et de la Creuse – y adhèrent. En 2014, 25000 bovins et 26000 ovins ont été vendus pour un volume de transactions estimées à 27 millions d’euros.

Septembre et octobre, des pics de vente

Pour Jérôme Chartron, le chef des ventes à Châteaumeillant, "le manque à gagner sur la journée de lundi était de 15 000 euros". Un coup dur qui s’ajoute à la crise de l’élevage confronté à l’effondrement des cours de la viande et à la sécheresse de l’été. "La France avait acquis le statut 'indemne FCO' depuis un an, explique Jérôme Chartron. Cela nous a permis de trouver de nouveaux débouchés, au-delà de l’Espagne, de l’Italie et de l’Allemagne. Beaucoup de choses seront remises en cause alors que le cheptel français est l’un des plus performants sur le plan sanitaire."

La découverte du foyer infectieux dans l’Allier arrive en outre au plus mauvais moment. Les mois de septembre et octobre représentent des pics de ventes. "Au niveau des bovins, c’est la période d’activités la plus importante. Et pour les ovins, nous approchons de la fête de l’Aïd-el-Kébir. Beaucoup de producteurs préparent des agneaux pour cette fête qui est importante en France. Ces agneaux-là, si on ne commercialise pas dans les dix jours qui viennent, au niveau valorisation, ils seront pénalisés", craint Jérôme Chartron.

Pas de danger pour les humains

Autre crainte des professionnels : les consommateurs pourraient délaisser la viande, entraînant une chute des ventes.  Or rappelle le vétérinaire Jean-Philippe Gartioux, installé à Châteaumeillant, "la fièvre catarrhale ovine n’a aucune conséquence sur la qualité de la viande. Il n’y a pas de transmission à l’homme."

Une campagne de vaccination et de contrôles devrait être lancée. Une urgence pour les éleveurs bovins notamment, car si la crise perdure, ce sont peut-être les efforts d’une année et les rentrées d’argent associées qui pourraient être perdus.

► Le reportage de Kelly Pujar et Juliette Roché 

 

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