Alors que le gouvernement avait promis fin mai des possibilités de retour aux 90km/h sur les routes départementales, la procédure s'annonce quasi infranchissable. Une nouvelle qui provoque la colère du président du département du Cher.
"On ne peut pas supporter ce comportement de gens qui prennent des décisions pour nous, et qui nous infligent des normes impossibles à appliquer." Le président du conseil départemental du Cher, Michel Autissier, ne décolère pas. En mai dernier, face à une contestation qui ne faiblit pas, le gouvernement ouvre la porte à un assouplissement de l'imposition des 80km/h sur l'ensemble des routes départementales.Une (très) longue liste de conditions
Mais derrière cet effet d'annonce, la procédure s'annonce bien plus difficile que prévu, voire infranchissable. "On avait proposé de remettre 10% du réseau, en le remettant en sécurité, en élargissant certains secteurs, en sécurisant les amendements… Là, ils sont allés beaucoup plus loin", entame Michel Autissier.
Le site du ministère de l'Intérieur a en effet précisé début juillet les conditions d'un potentiel retour aux 90km/h. Elles sont plus que nombreuses. Pour qu'une route départementale retrouve son ancienne limitation de vitesse, il faudra :
- Réaliser un "panorama de l'accidentalité" sur 5 ans
- Que le tronçon concerné fasse au moins 10km
- Ne pas comporter d'arrêt de transport en commun
- Ne pas être traversé par un chemin de randonnée
- Ne pas être bordé d'habitations
- Ne pas comporter "d'obstacles latéraux" sur les 4 mètres qui bordent la chaussée
- Ne pas être empruntée par les engins agricoles.
Le département devra également mettre en place :
- Une séparation physique ou une interdiction de dépassement
- Des accotements d'une largeur minimale de 1,5m
- Interdire la traversée et de tourner à gauche.
"J'ai horreur des dikats, clame le président du Conseil.On nous demande d'interdire les engins agricoles. Comment voulez-vous faire, dans un département rural comme le nôtre ?" Michel Autissier se défend d'être un fan inconditionnel de la vitesse : "J’ai été 19 ans médecin capitaine des pompiers. Les désincarcérations sur la 940, j’en ai fait des nuits entières, je connais bien le sujet. A l’époque, on était à 15 000 morts, il fallait faire quelque chose. On est tombés à 3000 et ça devient quasiment incompressible", estime-t-il.
Des accidents mortels en baisse
Dans le Cher, selon la Ligue contre la violence routière, 13 routes départementales, dont la D940, représentent 58% des accidents mortels, pour seulement 15% du réseau des voies sans séparateur.
Concernant les chiffres de l'accidentologie, entre janvier et juillet 2018, la mise en place des 80km/h, le département a enregistré 96 "accidents corporels". Entre août et décembre, ce chiffre est passé à 92. Si l'on compare les cinq premiers moi de l'année 2018 aux cinq premiers mois de l'année 2019 (le dernier rapport disponible date de mai 2019), les accidents corporels sont passés de 59 à 66. En revanche, concernant le nombre d'accidents mortels sur les routes hors agglomération, chaque mois de l'année 2019 enregistre une baisse, en comparaison à 2018.
Ces résultats sont indicatifs, étant donné que, si les graphiques proposent une analyse des causes, y compris la vitesse, aucun différenciel n'est fait entre les excès de vitesse en agglomération ou sur les routes départementales.