A l'appel de plusieurs syndicats, les policiers mènent une opération journée noire dans les commissariats du Centre-Val de Loire. Les forces de l'ordre, épuisées par des semaines de mobilisation, dénoncent une baisse de leur budget et demandent une revalorisation de leurs salaires.
« Fermons les commissariats ». L’appel a été lancé par plusieurs syndicats de police qui mènent ce mercredi une Journée noire, l’« acte 1 » de leur mobilisation, selon le syndicat Alliance, l’un des fers de lance du mouvement de colère des forces de l’ordre. Dans le Centre-Val de Loire, le mot d’ordre a été relayé par plusieurs syndicats départementaux. A Orléans, Tours, Blois, Chartres et Bourges notamment, les policiers sont appelés à ne sortir des commissariats qu’en cas d’urgence. À Montargis, des barrières en fer ont même été symboliquement installées devant le commissariat.« On ne ferme évidemment pas réellement les portes des commissariats, on continue de sortir pour les interpellations ou à l’appel du 17, explique David Goubeau, secrétaire départemental du syndicat Alliance d’Indre-et-Loire. Mais on opère des débrayages : on ne fait pas de zèle, on n’enregistre pas de PV, on prend les plaintes à un rythme normal, ni plus ni moins… Chaque collègue adapte l’action à son service ».
Dans la ligne de mire policiers : l’adoption jeudi 20 décembre par l’Assemblée nationale du Budget 2019 pour les forces de l’ordre. Un budget amputé de 62 millions d’euros dans la police nationale, alors qu’un criant manque de moyens dans les commissariats est régulièrement dénoncé. « À Tours, on est sur les gilets jaunes depuis sept semaines, poursuit David Goubeau. Hormis pour les effectifs de l’unité de police secours, on n’a pas de matériel de protection adéquat. Pas de boucliers, des casques complètement obsolètes qui ne protègent plus grand-chose… »
Le gouvernement annonce le paiement des heures sup'
Les salaires sont aussi dans la ligne de mire des policiers. La prime de 300 euros annoncée par le gouvernement mardi est loin, très loin d’apaiser le ras-le-bol de la police. « On demande une prime de 150 euros tous les mois, on veut que nos heures supplémentaires soient payées et on veut une revalorisation des heures de nuit [actuellement payées… 97 centimes par heure] », énumère David Goubeau. Selon un rapport sénatorial rendu public en juin dernier, les heures supplémentaires non payées accumulées par les forces de l’ordre se chiffrent en millions : près de 22 millions, soit en moyenne, 158 par agent. Mercredi, en fin de matinée, le ministère de l'Intérieur a annoncé la mise en place d'un "calendrier" pour payer ces heures supplémentaires, d'un montant total de 247 millions d'euros.
@UNITESGPPOLICE appelle tous les policiers qui le souhaitent à se joindre au mouvement initié par @alliancepolice
— UNITÉ SGP POLICE (@UNITESGPPOLICE) 18 décembre 2018
Les syndicats doivent être reçus par le ministère de l’Intérieur cet après-midi. « Nous attendons beaucoup de cette nouvelle réunion. Mais si nous n’obtenons pas satisfaction, nous poursuivrons le mouvement », conclut David Goubeau.