Les naturalistes et les amoureux de la nature sont tous d'accord : le confinement est une période de répit pour les animaux sauvages. Ils se déplacent vers des zones dans lesquelles ils ne vont habituellement jamais et se reproduisent tranquillement. Mais gare au déconfinement...
En cette période de confinement, on a aperçu des animaux sauvages venir en ville et ce, un peu partout dans le monde. Comme si le monde animal reprenait ses droits, comme si les animaux sortaient de leur confinement… un confinement que leur imposait l’homme.
Les oiseaux et les mammifères réinvestissent les espaces abandonnés ou inoccupés par leur terrible prédateur. Pour combien de temps encore? Que se passera-t-il à la sortie du confinement?
On en prend plein les oreilles
Les oiseaux semblent s'être donné le mot : ils chantent à gorge déployée pour notre plus grand plaisir. Le coucou est particulièrement en forme…L’épidémie de Covid-19 aurait-elle donné un peu de répit aux animaux sauvages? Nous avons posé la question à Bruno Riotton-Roux, technicien de l’environnement à l’Office Français de la Biodiversité :
"C’est vrai qu’il y a eu beaucoup moins de bruit. On a réentendu les oiseaux : ils sont moins farouches. Beaucoup moins de voiture ont circulé, du coup, on a mieux entendu les oiseaux car il n’y avait plus ce bruit de fond de la "modernité". Le deuxième avantage, c'est qu'avec beaucoup moins de voitures, il y a eu moins de collisions sur les routes : les oiseaux ne se font plus taper, les hérissons ne se font plus écraser et il n’y a plus de collisions avec la grande faune (cerfs, chevreuils et sangliers NDLR)."
Pour ce spécialiste, il ne faut pas se réjouir trop vite : avec la reprise de l’entretien des bords de routes, les bêtes vont être à nouveau dérangées :
La grande faune a repris possession de l’espace routier. L’Office Français de la Biodiversité appelle donc les automobilistes à rester vigilants : "Les sangliers, cerfs et autres chevreuils ont oublié que le goudron est un espace dédié aux voitures et ils ont pris de mauvaises habitudes : ils ont tendance à prendre leur temps pour traverser."Ça va être terrible… comme un retour de boomerang… la fin du confinement va perturber à nouveau toute la faune.
Des sangliers ont été régulièrement vus en bord de route : ils se sont très bien adaptés à l’absence de l’homme et ont pris possession de ce milieu à toute heure du jour et de la nuit.
Il était midi : "C’est très inhabituel de voir des sangliers sortir du bois à cette heure-là. C’est une route qui est d’ordinaire très fréquentée. Avec le confinement, tout est beaucoup plus calme", nous raconte Emmanuelle Roger.
Cette automobiliste s’est arrêtée pour les éviter et a pu les filmer : "Ils sont restés... ils tournaient autour de la voiture. J’ai klaxonné... ils ne partaient pas !"
Du braconnage et des dépôts de déchets sauvages
Durant le confinement, le braconnage a continué. En Sologne, grande région de chasse, des coups de fusils ont été entendus; d’autant que les agents de l’Office Français de la Biodiversité, confinés chez eux, étaient moins présents pour veiller au grain.Leur activité a été stoppée le 17 mars sauf pour des missions coordonnées par la préfecture avec les services de la gendarmerie et de la justice.
En forêt, de nombreux dépôts de déchets sauvages ont également été constatés.
Autoroute A71 et ligne SNCF Paris-Toulouse
À proximité de Theillay (41) passent l’autoroute A71 et la ligne SNCF Paris-Toulouse. C’est un noeud autoroutier et ferroviaire qui génère beaucoup de nuisances sonores. L’autoroute est déserte ou presque et pour cause de travaux, aucun train ne circule sur la ligne.Des observateurs attentifs ont remarqué que des chevreuils, des biches et des faons longent régulièrement les voies et même les traversent ... tranquillement.
Des traces de terre ont été observées sur les voies, très certainement des marques laissées par des sangliers.
Pas d'action de régulation
Contrairement aux années précédentes, il n'y a pas eu d’action de régulation pour limiter la population de certaines espèces, il n’y a donc pas eu de déterrage chez les renards. Conséquences : les renardeaux vont pouvoir parcourir à nouveau la campagne.Frédéric Dupont, photographe animalier, s'interroge : "La crise du Covid-19 a eu des effets positifs sur la faune, la flore et l’environnement mais pour combien de temps encore ? Que se passera-t-il quand les humains reviendront à nouveau dans quelques semaines ?"
L'Office français de la biodiversité
L’Office Français de la Biodiversité (OFB) est un établissement public dédié à la sauvegarde de la biodiversité qui répond aux enjeux de préservation du vivant.Créé au 1er janvier 2020, l’Office Français de la Biodiversité est sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et solidaire et du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
L’OFB regroupe les agents de l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB) et de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). L'union de ces deux établissements dans la lutte pour la protection de la nature permet de rassembler des expertises, sur les milieux aquatiques, terrestres et marins et de faire front commun contre les menaces qui pèsent sur la biodiversité en France.
Ce nouvel établissement public (créé le 1er janvier 2020) est responsable de 5 missions complémentaires :
- la connaissance, la recherche et l’expertise sur les espèces, les milieux et leurs usages
- la police de l’environnement et la police sanitaire de la faune sauvage
- l’appui à la mise en œuvre des politiques publiques
- la gestion et l’appui aux gestionnaires d’espaces naturels
- l’appui aux acteurs et la mobilisation de la société