"The internet is for porn" chantait-on déjà en 2003 dans la comédie musicale décalée Avenue Q. En temps de confinement, il semblerait que ce dicton soit encore plus vrai qu'à l'ordinaire. Et en Centre-Val de Loire ?
Activités de loisir, jeux vidéos et pornographie. Voici les trois secteurs qui, en ligne, ont bénéficié de la crise du coronavirus et surtout du confinement. Le secrétaire d'Etat au numérique, Cédric O', à l'origine de cette déclaration a estimé que "pour le porno, on est à 50% [d'augmentation]".
En France, une vraie progression
50% ? Vraiment ? C'est la question que s'est posée le journal Le Monde, qui parle lui d'un "pic fantasmé" de la pornographie. Les chiffres fournis par la plateforme Pornhub, l'un des géants de l'industrie, semblent pourtant bien montrer une activité à la hausse.
Mais le pic à +38% du 17 mars peut surtout être attribué au coup de pub monstrueux que s'est offert la plateforme en annonçant, à cette même date, que la version premium du site deviendrait gratuite dans l'hexagone tout le temps du confinement. La fréquentation désenfle immédiatement après, mais se maintient tout de même à +20%.
La courbe européenne, sensiblement identique jusqu'à la date du 24 mars, et actualisée plus récemment, montre que l'engouement, petit à petit, recule.
Centre-Val de Loire : et vous, vous êtes restés sages ?
Mais même si en 2018, le site a consommé plus de bande-passante que l'ensemble d'internet en 2002, Pornhub n'est pas le seul indicateur pour tenter d'évaluer l'appétence pour la pornographie en ces temps de confinement.
Le moteur de recherche Google dispose en effet d'un outil, Google Trends, qui permet de voir quels termes ont été plus ou moins recherchés, sur une période et une zone géographique donnée. Alors, qu'en est-il en Centre-Val de Loire ?
Tout d'abord, les recherches pour "porn", "porno" et "pornhub" restent stables depuis décembre 2019, soit 1 mois avant que la pandémie de coronavirus ne fasse ses premières victimes en France.
Détail notable : le 28 février, jour où la France est passée au stade 2 de l'épidémie, les recherches pour les termes "amateur porn" ont connu un pic sans précédent depuis décembre. Les termes "anal sex", "lesbian porn" ou encore "femdom" (domination féminine), affichent eux aussi des courbes régulières, sans heurt notable ou relié à la pandémie.
Pas plus de mouvement particulier du côté d'autres catégories populaires comme "MILF" (acronyme pour "Mother I'd Like To Fuck", pornographie mettant en scène des mères ou des femmes d'âge mûr) ou "hentai" (manga ou anime à caractère pornographique)
Pas de folies, donc, pour les habitants du Centre-Val de Loire, à une légère exception près. La courbe de recherche pour les sextoys affiche, elle, quelques jolis pics de fréquentation depuis le début de la pandémie. En France, la vente des jouets sexuels aurait explosé, l'un des sites spécialisés ayant annoncé une hause de 40% en deux mois.
Dans le porno, tout n'est pas si rose
Si l'on s'amuse souvent des sujets concernant la pornographie, il faut cependant rappeler que l'industrie du X recouvre de multiples réalités.
Plusieurs actrices et ex-actrices très connues, comme Nikita Bellucci ou Céline Tran (Katsuni) ont revendiqué leur choix de carrière, et leur satisfaction à travailler pour l'industrie du X. Mais de nombreuses travailleuses du sexe, notamment dans le milieu amateur ou "pro-amateur" ont dénoncé des problèmes systémiques : racisme, homophobie, maltraitance des actrices...
En 2015, Isabelle Sorente, ancienne élève de Polytechnique, avait signé un texte émaillé de témoignages appelé "L'envers du X". Il contenait notamment le témoignage difficile d'une actrice surnommée "Cookie".
! Attention, les propos qui vont suivre peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ou des plus fragiles !
"Cookie devait tourner une double pénétration. Elle s’est mise à pisser le sang. Il a fallu couper. Les producteurs et les autres acteurs ont donné des kleenex à Cookie pour qu’elle s’essuie, en la traitant de conne parce qu’elle gâchait le film. (...) Cookie dit encore, parlant toujours d’elle-même à la troisième personne : "Cookie avait une hémorragie qui nécessitait une hospitalisation d’urgence."
Plus récemment, plusieurs actrices du milieu amateur ont témoigné des mêmes réalités pour le média Konbini.