Des associations et organisations politiques, dont le PCF du Loiret et la confédération syndicale des familles du Loir-et-Cher, appellent à une suspension des loyers pour les personnes les plus précaires. En région Centre-Val de Loire, plus de 13% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Mathieu Gallois, adjoint au maire de Saran et secrétaire départemental du Parti Communiste du Loiret (PCF 45), est inquiet."On voit des familles qui réussissaient à s’en sortir sans aucune aide jusqu’à maintenant, et qui là se retrouvent en difficulté et se demandent pour la première fois de leur vie 'comment je vais payer mes factures ? Mon loyer ? Mes courses ?'", raconte-t-il
Plus de 2,5 millions de ménages en difficulté
"Pour un certain nombre de familles, le confinement a été synonyme de perte de revenus", affirme-t-il.Une information confirmée par l’association Droit Au Logement (DAL) : "De nombreux locataires ne travaillent plus et, malgré les dispositifs mis en place, affrontent une baisse voire une suppression de leur revenu". Par ailleurs, le confinement représente aussi une charge financière supplémentaire : hausse de la charge alimentaire, d’eau et d’électricité.
D’après une étude de l’Institut de Recherches Economiques et Sociales (IRES), environ 2,5 à 2,8 millions de ménages d’actifs locataires ou accédants (soit 6 à 7 millions de personnes) sont ainsi durement frappées par la récession actuelle en France.
Loyer suspendu en solidarité
Face à cette situation, plusieurs associations locales et nationales lancent un appel pour un moratoire des loyers pour les personnes les plus précaires. La confédération nationale du logement (CNL) exige aussi l’annulation des paiements pour tous les étudiants, et propose sur son site un modèle type de courrier pour demander le report ou l’étalement du loyer.Le DAL va plus loin avec la campagne "Loyer suspendu" avec un site dédié. Le principe : les signataires suspendent eux-mêmes le paiement de leur loyer durant l’épidémie, en solidarité avec les locataires en difficulté et pour exiger la mise en place d’un moratoire pendant la pandémie et ses suites.#TrevedesLoyers sur https://t.co/DkMPf1DLRP
— Droit Au Logement (@federationdal) April 21, 2020
Prolonger la trêve hivernale
L’idée de moratoire est partagée au niveau local, notamment par la confédération syndicale des familles du Loir-et-Cher (CSF 41). "J’ai plusieurs personnes qui m’ont appelé pour me dire qu’il n’y arrivent pas, qu’ils ne pourront pas payer leur loyer", se désole Francine Gaudechoux, vice-présidente de l’association qui demande par ailleurs un allongement de la trêve hivernale au-delà du 31 mai prochain.Elle reconnait que l’annonce du chef de l’Etat d’une aide exceptionnelle pour les familles les plus modestes est un premier pas. "Mais pourquoi attendre le 15 mai alors que toutes les aides sont versées début mai ? Et ce n’est pas forcément cette aide qui va faire payer le loyer."
Ce constat est aussi celui du PCF du Loiret qui a interpellé le gouvernement :
Le secrétaire départemental du parti souligne d’ailleurs que l’aide concerne essentiellement les bénéficiaires actuels d’allocations : "Or, un certain nombre de familles aujourd’hui en difficulté ne touchent pas le RSA, ni l’ASS, ni l’APL donc n’ont droit à aucune aide."C’est dès maintenant que ces familles ont besoin d’aide, pas le 15 mai.
Des communes réagissent
Dans une lettre du PCF 45 adressée aux bailleurs sociaux du département à la préfecture du Loiret et à l’Etat, les signataires demandent également de "mettre en place dès maintenant un moratoire suspensif des loyers pour les personnes se trouvant dans des situations de difficultés financières". Certains élus ont d’ores et déjà pris des dispositions comme à Saran. "Sur le parc locatif qui appartient à la ville, on a décidé de geler les loyers pour les mois de mars et avril pour les familles avec enfants", explique Mathieu Gallois.Par ailleurs 100.000 € de bons alimentaires ont été débloqués "pour aider les familles à aller faire leurs courses et à subvenir à leurs besoins de première nécessité", ajoute-t-il.
L'adjoint au maire de Saran alerte enfin ceux qui commencent à connaître des difficultés pour payer leur loyer, en leur conseillant de prendre contact avec leur bailleur pour étudier leur situation : "Car dès qu’on est en impayé, les aides sociales sont impactées."
"L'Etat est mobilisé"
Contactée, la préfecture du Loiret a répondu que "le gouvernement a mis en oeuvre de nombreux dispositifs permettant d'assurer la protection des locataires, notamment les locataires les plus précaires".Elle souligne par ailleurs que "tant les bailleurs sociaux que les services de l’État se sont mobilisés pour assurer la continuité des procédures [...] afin de ne pas laisser sans solution de logement les personnes démunies".
"En outre, l’État veille au maintien des ressources des locataires les plus fragiles", assure la préfecture. D'une part via la CAF, d'autre part via "l’Agence nationale pour l’information sur le logement (ANIL) pour assister les locataires en difficulté en identifiant les aides auxquelles ils sont éligibles, notamment celles distribuées au titre du fonds de solidarité logement (FSL)".