Grâce à des bénévoles particulièrement motivés, la Banque Alimentaire de Touraine continue, malgré le confinement, à lutter contre la précarité alimentaire. Chaque jour, ils sont une vingtaine pour collecter, vérifier puis redistribuer les denrées alimentaires aux associations encore ouvertes
À Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), devant le local du 47 rue des Grands Mortiers, le ballet des camions de la Banque Alimentaire se poursuit malgré le confinement. Bénévoles et salariés de l'association ne pouvaient imaginer interrompre leur mission de lutte contre la précarité alimentaire, surtout dans une période aussi compliquée.
Sur la base du volontariat
"Certaines associations ont décidé de fermer, mais nous, on a laissé le choix aux bénévoles", explique Dominique Cochard, Président de la Banque Alimentaire 37.J'en ai mis certains d'office en confinement, parce que je sais qu'ils ont soit des problèmes de santé personnels, soit des proches qui sont fragiles, ou encore des enfants à garder. Pour les autres, j'ai fait appel au volontariat, en expliquant qu'on adaptera notre activité.
Quand les associations sont fermées, que deviennent les bénéficiaires? Je ne peux pas dire que je n'ai pas la trouille, mais mon engagement ne se discute même pas. Je ne peux pas imaginer ne pas être là pour répondre à toutes ces personnes en difficulté.
Une question de solidarité
Michel, ancien conducteur de trains à la SNCF, est bénévole à la Banque Alimentaire 37 depuis 5 ans. Il s'occupe de la saisie informatique et a estimé, lui aussi, qu'il devait poursuivre son activité par solidarité.D'une certaine façon, ces bénévoles sont, eux aussi, en première ligne. Sans eux, la situation serait d'autant plus dramatique pour les personnes les plus en difficulté. Mais à la Banque Alimentaire, la modestie est de rigueur. "On n'est pas face aux malades comme les soignants, eux, je leur tire mon chapeau", poursuit Michel. "Il est normal que je vienne et ce n'est pas pour la gloire. Ma situation me permet de m'occuper un peu de toute cette misère. Mon souhait, ce serait qu'il n'y ait plus besoin de gens comme nous. J'espère que cette crise servira à revoir toutes nos bases."Dans une association, il y a pas mal de personnes assez agées ou qui ne sont pas très en forme... Je ne me voyais pas rester chez moi à ne rien faire, alors qu'il y a des gens qui se pliaient en quatre pour tout faire! On est là pour aider les gens dans le besoin, on fait tout pour continuer notre devoir.
Des stocks, pour l'instant, suffisants
Pour le moment, la Banque Alimentaire dispose de stocks satisfaisants. La collecte dans la grande distribution a certes diminué (gestion des stocks de plus en plus efficace, paniers à prix réduits proposés à leurs clients). Par contre, explique Dominique Cochard, "Dans cette période, on récupère de nouveaux fournisseurs, industriels, surtout, qui ont des excédents de stocks qu'ils ne peuvent pas vendre dans les grandes surfaces. Et on a récupéré aussi tout ce qui était dans les frigos des collèges, lycées et restaus d'entreprise. Ça fait malgré tout un bon stock de produits qui nous permet de pouvoir approvisionner les associations encore ouvertes."La Banque Alimentaire travaille principalement avec les unités locales de la Croix Rouge, avec les CCAS (Centre Communal d'Action Sociale), ainsi que des associations de quartier ou de milieu rural.
La Banque Alimentaire 37 en quelques données
Depuis 1985, la Banque Alimentaire de Touraine a pour mot d’ordre la lutte contre le gaspillage alimentaire et la précarité alimentaire.La Banque Alimentaire ne distribue pas directement aux personnes en détresse. Elle collecte, vérifie, conditionne puis remet à ses 57 associations partenaires les denrées alimentaires non commercialisables (mais toujours consommables !) qui à leur tour distribuent cette aide alimentaire aux personnes nécessiteuses en Indre-et-Loire.
Aujourd’hui la Banque alimentaire de Touraine fonctionne grâce à une centaine de bénévoles, mais aussi 3 salariés et deux jeunes en service civique. Plus de 15000 personnes sont ainsi ravitaillées quotidiennement, l’équivalent de la population d’une ville comme Chambray-les-Tours (cinquième ville d’Indre-et-Loire).
En 2019, 1185 tonnes de denrées ont été collectées et redistribuées, l’équivalent de 2,4 millions de repas.
Aucune denrée n’est achetée et l'essentiel des approvisionnements provient de produits sauvés du gaspillage.