La première grande difficulté du monde agricole régional touche la filière de l'horticulture, de la fleuristerie et du paysage. Dans les autres secteurs, on espère un retour rapide à une vie normale et des mesures d'accompagnement efficaces.
L'horticulture dans le rouge
La première alerte est tombée ce mercredi.Dans le Loiret, département majeur du secteur horticole avec 160 exploitations, 80% de pertes de chiffre d'affaire sont annoncées, en raison de la fermeture des commerces non-essentiels, fleuristes ou jardineries.
Alors que la grande majorité de la production du début d'année devait être vendue à Pâques, tous les professionnels sont condamnés à jeter leurs plantes et fleurs ou à tenter d'en écouler une petite partie auprès des revendeurs autorisés à s'installer sur les marchés en plein air.
Une réunion multipartite a eu lieu en visioconférence, ce jeudi, concernant la situation de cette filière. Elle a simplement permis de lister les dispositifs prévus par l'Etat : report des charges, chômage partiel, prêts à court terme etc.La situation économique des entreprises horti/pépi s'annonce dramatique : jardineries fermées ➡️aucune vente ➡️on met " à la benne" ➡️0 euros en chiffres d affaires ?. L'action de l'état se doit d'être à la hauteur ! #COVID2019 #Emploi pic.twitter.com/qxL5Sow42H
— FNSEA 45 (@FdseaLoiret) March 18, 2020
Une cellule de crise, associant les services de l'Etat et de la Région, est à l'ouvrage pour accompagner les entreprises concernées. Le président du Conseil Régional Centre-Val de Loire, François Bonneau s'est exprimé sur le sujet dès ce jeudi :
En complément des mesures décidées par l'Etat, pour venir en aide à tous les secteurs impactés par la crise sanitaire, la Région est mobilisée (..) nous avons par exemple les prêts "cap rebond", dont j'ai augmenté la capacité d'intervention de 1 million d'euros.
Par ailleurs, une enveloppe du fonds de prévention des difficultés d'entreprises, dotée de 2 millions d'euros, va être utilisée. (..)
La Région a décidé de repousser de six mois les échéances de remboursement pour les exploitations du secteur horticole ayant bénéficié d'aides appelant des remboursements mensuels. (..) Il faut aussi faire pression pour que le système assurantiel accepte d'intervenir dans ce contexte exceptionnel.
Le maintien des marchés est indispensable
Le maintien des marchés, afin d'écouler une partie de la marchandise, a été évoqué. Cette préoccupation est transversale à toute la profession agricole. Sur cette problématique le président de la Chambre d'Agriculture Centre-Val de Loire, Philippe Noyau, est inquiet :
On nous signale des difficultés d'organisation sur de nombreux marchés, fermés ou de plein air, en raison de l'afflux de public et des problèmes de mise en place des dispositifs de sécurité sanitaire. Il faut tout faire pour éviter les fermetures. Ce sont des lieux de vente essentiels à notre tissu de petits producteurs maraîchers et pour les éleveurs pratiquant la vente directe. Il faut maintenir les marchés et assurer la biosécurité à tout prix.
Sur ce thème la Mairie d'Orléans, par exemple, a publié un communiqué précisant les conditions d'organisation de ses marchés en plein air :
Seuls les marchés dans leurs parties alimentaires sont maintenus. Des consignes sanitaires doivent être respectées en assurant une distance minimum entre les marchands. Des ASVP de la Mairie d’Orléans sont mobilisés pour garantir le respect des distances de sécurité minimum entre les clients.
L'élevage en vigilance
Il n'y a pas de rupture à craindre en ce qui concerne l'approvisionnement des magasins en viande. Les abattoirs fonctionnent, les transports de bêtes ne sont pas, ou peu, perturbés.Pourtant des difficultés existent dans certaines exploitations. C'est le cas des éleveurs caprins qui se retrouvent avec des chevreaux, par exemple, ne pouvant être vendus car les grossistes ont moins de demandes en France et peu de possibilités d'exporter dans les pays voisins.
Des interrogations se font jour aussi, tout particulièrement dans les filières porc et volaille, sur la production et l'acheminement des aliments nécessaires à leurs élevages. Pour l'instant aucune usine n'est menacée de fermeture et la logistique, sans être optimale, semble tout à fait à même d'assumer les livraisons. Pas d'inquiétude majeure, non plus, pour les éleveurs laitiers. La collecte de la matière première est assurée, avec des mesures de précaution pour les chauffeurs. La laiterie de Saint Denis de l'Hôtel (Loiret) demande à ses chauffeurs de respecter des distances de sécurité avec les clients et de s'équiper en conséquence (masques et gants).
En général, les usines agroalimentaires de la région disposent de stocks conséquents et tablent sur un maintien, à moyen terme, de toutes leurs capacités logistiques.
[#CP] Coronavirus : Union de la filière alimentaire pour assurer l’approvisionnement des consommateurs sur tout le territoire @ANIA_FRANCE @lacoopagricole @FCDfrance ➡️https://t.co/c6xRU5JQU8 pic.twitter.com/Hk9HYwBF2h
— La FNSEA (@FNSEA) March 11, 2020
Des tensions sur l'emploi saisonnier
Le problème, concret et immédiat, du Val de Loire pourrait venir des nécessités de trouver une main d'oeuvre saisonnière. A l'heure où se préparent des récoltes importantes, les asperges ou les fraises notamment, les exploitants agricoles s'inquiètent. Les frontières sont fermées avec plusieurs pays de l'est ou du sud de l'Europe bloquant de nombreux travailleurs saisonniers habitués à fréquenter nos départements au printemps.Les secteurs concernés se sont rapprochés des services de l'Emploi afin de pallier les défections annoncées, tout en assurant les mesures de biosécurité (de nombreuses exploitations ne disposent pas de masques).