Pour garantir la continuité de la vie économique, l’État veut s’assurer du redémarrage rapide des chantiers du BTP. Mais les professionnels du bâtiment et des travaux publics en Centre-Val de Loire préviennent : la reprise des chantiers se fera progressivement.
En Centre-Val de Loire, la Fédération Française du Bâtiment estime que 88 % des entreprises ont dû stopper totalement leur activité à cause du confinement mis en place le 17 mars. Mais depuis le 3 avril, le gouvernement a mis à la disposition du secteur du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) un guide de bonnes pratiques pour reprendre rapidement les chantiers, dans des règles très strictes.
"Si la conception de ce texte a été difficile, c’est une grande satisfaction pour la profession", assure François Huret, président de la FRTP (Fédération des Travaux Publics) Centre-Val de Loire. Avant de préciser : "La reprise des chantiers ne peut se faire en un claquement de doigts. Il nous faut d’abord sécuriser le travail des employés."
Des mesures nombreuses et contraignantes
Port de masques chirurgicaux, déplacements seuls dans les véhicules, questionnaires pour les clients et les employés : les mesures de prévention listées dans les 23 pages du guide de préconisations de sécurité sanitaire, élaboré à partir des recommandations de l'Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP), sont nombreuses et complètes. L’OPPBTP insiste sur la nécessité pour les entreprises de suivre strictement les consignes, et à défaut de pouvoir les suivre, de stopper leurs activités.Lire le Guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités du BTP
Dans les faits, reprendre les chantiers en respectant les gestes barrière contre l’épidémie du coronavirus est compliqué pour les chefs d’entreprise du secteur. "Il nous faut impérativement une date à laquelle on nous fournira suffisamment de masques FFP2 et de gel hydroalcoolique pour reprendre dans les meilleures conditions possibles", alerte Aline Mériau, présidente du FFB (Fédération Française du Bâtiment) Loiret et gérante d'une entreprise d'électricité. Du côté de la FRTP en Centre-Val de Loire, 41 % des entreprises en travaux publics estiment qu'aucun de leurs chantiers ne pourra réunir les conditions sanitaires satisfaisantes pour une reprise.
La reprise sera lente et progressive
Des zones d’ombre persistent également concernant la difficulté à maintenir les distances entre chaque salarié sur les "bases-vie" de chantier. Autant d’éléments qui inquiètent les chefs d’entreprise et les salariés, dans un secteur où les questions de sécurité et d'hygiène sont déjà sensibles, comme l’explique Aline Mériau, la présidente de la Fédération française du bâtiment dans le Loiret.
Sur un chantier, on a en moyenne un sanitaire pour 20 personnes ! Si on a de la chance, on a un lavabo… Il y a une ambiguïté entre le discours "restez chez vous" et "retournez travailler" alors que les conditions ne sont pas réunies.
Aline Mériau, présidente de la Fédération française du bâtiment dans le Loiret
Face à ce constat, la reprise des chantiers ne pourra se faire qu’au cas par cas et de façon progressive, avec un temps d’adaptation pour mettre en place les mesures de précautions pour tous les salariés. Pour l’heure, une majorité d’entreprises envisage d’avoir recours à l’activité partielle en cas de redémarrage progressif. Et sur les gros chantiers, où la présence de deux corps de métiers dans un même lieu est interdite, les délais de livraison vont être allongés.
Quels chantiers publics prioriser ?
Ce mercredi 8 avril, une première réunion a eu lieu entre le préfet de région, les principaux élus du Centre-Val de Loire et les organisations du BTP pour définir les modalités de reprise des chantiers. Dans la région, plusieurs chantiers publics pourraient être relancés en priorité, à savoir :
- Le chantier Co’MeT pour la métropole d’Orléans : estimé à 100 millions d’euros, ce multiplexe doit ouvrir ses portes en 2021 et accueillir sur le même site une grande salle de sport, un palais des congrès, un parc des expositions ainsi que le Zénith d'Orléans. Confié à Bouygues, ce chantier est l'un des projets majeurs d'Olivier Carré, maire d’Orléans et président de la métropole depuis 2017.
- Les travaux d’élargissement de l’A10 au sud de Tours et au nord d’Orléans.
- La réfection de la voie ferroviaire à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher) qui permettra le rétablissement de la circulation entre Fleury-les-Aubrais (Loiret) et Vierzon (Cher).
- Les travaux ferroviaires au nord d’Orléans.
- Les chantiers sur de nombreux collèges (Orléans Nord-Est, Sancerre (Cher), Bracieux (Loir-et-Cher), etc.) pour les conseils départementaux.
La liste des chantiers à poursuivre ou démarrer, ainsi que leurs modalités de réalisation, sera arrêtée ces prochains jours en fonction des chantiers identifiés comme prioritaires au niveau local par les préfets de départements.