25 ordonnances ont été adoptées en urgence par le gouvernement ce mercredi 25 mars. Parmi elles, un texte qui autorise la libération de certains détenus en fin de peine pour éviter que le coronavirus ne gagne les prisons. En Centre-Val de Loire, sept établissements pénitentiaires sont concernés.
C'est sans doute l'une des ordonnances les plus controversées issues de la loi sur l'état d'urgence sanitaire votée par le Parlement dimanche soir et publiée mardi au Journal Officiel.
La Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, prévoit d’accorder des réductions de peine à certains détenus pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. L'objectif est de limiter le plus possible la propagation du coronavirus dans des prisons françaises souvent surpeuplées. La ministre de la Justice estime que 5000 à 6000 personnes pourraient être libérées en France.
En clair, cela veut dire que les dispositifs de remise en liberté de certains détenus seront simplifiés. Ceux dont le reliquat de peine est inférieur à deux mois pourront être placés en confinement à leur domicile. Ceux qui sont à six mois de leur fin de peine pourront voir cette peine transformée en travail d'intérêt général.Nous avons pris des directives générales qui permettent d’apprécier avec davantage de mansuétude qu’à l’accoutumé les demandes de réductions de peine ou de libération conditionnelle, a annoncé Nicole Belloubet à l'issue du Conseil des ministres de ce mercredi 25 mars.
Un dispositif qui ne concerne pas les terroristes, les criminels ou les personnes condamnées pour des violences intrafamiliales, mais qui devrait accélerer la baisse de la population carcérale constatée depuis le début de la crise sanitaire.?Les mesures visant à lutter contre la propagation du #COVID19 dans les prisons sont l’une de mes priorités. Je veux rendre hommage aux personnels judiciaires, pénitentiaires et de la PJJ qui s’engagent courageusement pour assurer la continuité du service public [ .? https://t.co/fQ3niP3u3H
— Nicole Belloubet (@NBelloubet) March 24, 2020
Nous avons moins d’activité pénale et donc forcément une diminution du nombre de détenus à la maison d’arrêt de Tours. Il y a déjà eu une politique d’aménagement de peines et cela a entrainé un certain nombre de sorties. Nous étions à 291 détenus avant la crise, là nous ne sommes plus qu’à 265, explique Grégoire Dulin, procureur de la République de Tours.
Difficile pour l'heure de savoir combien de détenus seront concernés par ces libérations anticipées sur l'ensemble du Centre-Val de Loire. L'administration pénitentiaire doit établir une liste de personnes incarcérées éligibles pour qu'ensuite chaque juge d'application des peines prenne une décision, au cas par cas.
Du côté des surveillants de prison, le délégué régional du syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) n'a pas souhaité commenter cette ordonnance, mais il s'interroge sur la manière de limiter la propagation du coronavirus dans les établissements.Les surveillants sont susceptibles de ramener le coronavirus à l’intérieur des prisons mais rien n’est fait. On n'a pas de masques, on n'a pas de gants, on n'a pas de gels, on est livrés à nous-mêmes et nous pouvons aussi infecter nos familles. Il y a certainement des personnels contaminés mais ils n’ont pas été testés donc on ne peut pas le savoir, déclare Manuel Caillet.
Selon le dernier bilan de la direction de l'administration pénitentiaire, au total sept détenus ont été testés positifs au coronavirus ainsi que vingt-quatre personnels pénitentaires en France. Contactée ce mercredi par France 3 Centre-Val de Loire, la direction interrégionale des services pénitentiaires affirmait qu'il n'y avait pour l'heure aucun cas de Covid-19 recensés dans les sept prisons de la région, ni chez les détenus, ni chez les personnels.