Comme tous les entrepreneurs, les créateurs de nouvelles entreprises ont été touchés de plein fouet par les conséquences du confinement. Face à ces imprévus, les travailleurs indépendants de la région restent cependant pleins d'espoir et d'ambition.
Les nouvelles entreprises, parfois lancées quelques jours seulement avant l'annonce du confinement, ne sont pas épargnées par la crise sanitaire. En Centre-Val de Loire, leurs créateurs sont affectés mais restent pourtant confiants quant à la pérénnité de leur activité.Nathalie Wrobel avait ouvert sa boutique de bougies, tissus et bijoux artisanaux le 10 mars... et a été contrainte de la refermer le 14, suite aux mesures annoncées par Edouard Philippe au début de la crise sanitaire. Quatre jours pour lancer une nouvelle activité, un défi impossible pour cette travailleuse indépendante qui avait déjà ouvert une boutique à quelques kilomètres de l'Eure-et-Loir en 2015.
Un lancement raté, qui ne permettra pas à l’entrepreneuse de rembourser les deux mois de caution qu’elle a laissé au bailleur de sa boutique, ni de rentabiliser les travaux avant l’ouverture.
Avec ses trois associées, elle doit désormais payer le loyer d'un magasin qui n'ouvre pas ses portes, et qui n'a pas encore pu trouver son public.
Nous n'avons pas eu le temps de nous faire une clientèle. Comme tout le monde, on est dépendantes des annonces du gouvernement, et notre seule hâte c'est de rouvrir cette belle boutique qui n'a même pas eu le temps d'être lancée.
Difficultés financières
Une situation d'autant plus difficile pour les créateurs de nouvelles entreprises qu'ils ne sont pas forcément concernés par l'aide d'urgence annoncée par la Fédération des Auto-Entrepreneurs (FNAE).L'aide de 1500€ pour les auto-entrepreneurs en difficulté est en effet attribuée en fonction du revenu de l'année précédente, et donc inexistant pour les entreprises créées en 2020. Pour pouvoir la percevoir, la nouvelle activité devait être déclarée au plus tard le 10 février 2020... Manque de chance, Nathalie Wrobel et ses associées ont créé la leur le 24 du même mois.
?? Fonds de solidarité de 1️⃣5️⃣0️⃣0️⃣€ pour les #entreprises, #indépendants, #entrepreneurs touchés par le #coronavirus #COVID19 :
— FinancesPubliquesFr (@dgfip_officiel) March 31, 2020
▶ vérifiez si vous êtes concernés et déposez votre demande sur votre ⚠️ ESPACE PARTICULIER ⚠️ à partir d'aujourd'hui sur ➡️ https://t.co/k24JstAw6Q pic.twitter.com/PaKAPmJpP1
Difficile pour les quatre travailleuses indépendantes de rembourser les frais engagés, avec pour unique revenu, l'aide accordé à leur première boutique. Nathalie Wrobel regrette que d'autres aides pour les artisans locaux n'aient pas été prévues par le gouvernement, comme par exemple pour remédier au paiement du loyer des boutiques fermées pendant le confinement.
Face aux coûts fixes supportés par les travailleurs indépendants, l'aide d'urgence de 1500€ ne suffit donc pas toujours.Contrairement aux centres commerciaux, les petites boutiques indépendantes n'ont pas eu le droit à des allègements de loyers. Je trouve ça vraiment grave qu’il n’y ait pas eu de décret par rapport aux petits commerces comme nous. Certains magasins vont surement fermer à cause du loyer à payer sans rentrée d’argent.
Une somme que ne perçoit pas non plus Laetitia Provost, qui a dû passer par la couveuse d'entreprise de la Boutique de gestion (BGE) Centre-Val de Loire avant de créer son entreprise de gestion locative saisonnière. Pourtant concernée par le statut d'auto-entrepreneur, la jeune femme ne pourra ouvrir son entreprise qu'en juin, une fois le processus de couveuse terminé.
Si le secteur d'activité de Laetitia Provost a connu des moments difficiles les premiers jours de confinement, l'activité a, par chance, rapidement repris de son côté : "A ma grande surprise, l’épidémie n’a pas durablement impacté le lancement de mon entreprise. Au fur et à mesure des annonces du gouvernement, les réservations ont repris et sont même arrivées par vagues".A l'annonce du confinement, les logements dont je m'occupe se sont vidés. L'avenir reste incertain, c’est toujours une source de stress supplémentaire quand on lance une entreprise, mais moi j'ai la chance d'être dans un secteur porteur.
Des réservations de professionnels issus des secteurs prioritaire, mais plus surprenant... De touristes aussi, ces dernières semaines. Une reprise d'activité annonciatrice d'espoir pour cette Loir-et-Chérienne.
Rester positif
Malgré la pression financière qui pèse sur les épaules des travailleurs indépendants en période de confinement, beaucoup restent optimistes. Souvent motivés par des projets ambitieux et destinés à des secteurs porteurs, les créateurs de nouvelles entreprises se projettent déjà dans l'après confinement.
"Je n’ai pas trop d’inquiétude pour la suite : le tourisme ne sera pas le même cet été, mais les Français voudront surement partir en vacances dans d’autres régions. Les petits logements, quant à eux, vont continuer d’être loués par les professionnels.", relativise Laetitia Provost.
Un sentiment partagé par Nathalie Wrobel et ses associées, qui misent sur les attentes des clients : "On est super confiantes sur l’avenir de ce type d’activité. Les gens sont de plus en plus sensibles à l’artisanat local, donc les clients devraient être au rendez-vous à la réouverture."
Sur la page Facebook de sa boutique, Nathalie Wrobel multiplie quant à elle les messages d'espoir et de soutien adressés aux entrepreneurs, et n'hésite pas à relativiser quant à sa propre situation.
Une période difficile pour tous, mais qui a été l’occasion de s’ouvrir à d’autres publics pour Laetitia Provost. Sollicitée par des infirmières venues en renfort dans la région, elle a mis a disposition les logements dont elle s’occupe.
Ancienne couturière, Nathalie a, quant à elle, ressorti ses aiguilles pour alimenter sa boutique en ligne de masques en tissu fleuris. Le confinement n’arrêtera définitivement pas nos auto-entrepreneurs, toujours prêt à réinventer leur métier.