Crise de l'énergie : quand la rénovation énergétique des logements se prend les pieds dans l'inflation

Près de 15% des logements du Centre-Val de Loire sont des passoires thermiques. Leur rénovation énergétique est un enjeu majeur pour attendre l'objectif national de neutralité carbone en 2050. Mais l'inflation galopante freine les efforts engagés par les bailleurs et les collectivités.

Au nord de Fleury-les-Aubrais, dans le Loiret, la résidence des Marronniers détonne. Sa façade en bois, flambant neuve, rompt avec la morosité des immeubles de béton qui l’entourent. Entre 2020 et 2021, cette résidence HLM a connu d’importants travaux de rénovation énergétique.

Mieux, les locataires n’ont pas eu à quitter leur logement pendant les travaux. Un chantier particulièrement complexe rendu possible grâce à l’installation d’une cloison provisoire à l’intérieur des logements le temps de réaliser la pose de la nouvelle façade.

Avant les travaux, on avait des courants d’air froids qui passaient par les vitres

Une locataire de la résidence

Outre la façade et l’isolation, l’intérieur des 100 logements qui composent la résidence a été modernisé : les baignoires ont été remplacées par des douches, de nouveaux volets roulants ont été installés, la peinture et les sols des salles d’eau ont été changés.

Coût de l’opération : 6 917 873 euros, principalement financés par la banque des territoires et le bailleur Logemloiret. L'organisme a aussi pu bénéficier, dans une moindre mesure du soutien de la Métropole, du Département (100 000 euros) et de la Région (200 000 euros). 

Sur place, les habitants sont globalement satisfaits : "C’est clairement plus joli et beaucoup mieux isolé. Avant les travaux, on avait des courants d’air froids qui passaient par les vitres", glisse une locataire habitant aux Marronniers depuis près de 30 ans. "On avait beaucoup plus froid avant", confirme Adèle, elle aussi installée depuis plusieurs dizaines d’années dans la résidence.

Toutes deux regrettent néanmoins la "mauvaise" qualité de certaines installations, notamment concernant les douches ou les peintures : "On voit bien que la société qui a fait les travaux (Bouygues, NDLR) nous a choisi du bas de gamme, ça cause quelques soucis de fuite", explique Adèle.

Une baisse de 26 % de la consommation

Plus que le confort de vie, la rénovation énergétique permet de réduire considérablement la consommation de la résidence. "On observe une baisse de 26 % de la consommation en termes de mégawattheure", se félicite Olivier Pasquet, le directeur du bailleur social Logemloiret. "La résidence était classée D. avec la rénovation, on est passé B et l’on est très près du A. C’est donc bon pour l’environnement ".

Bon pour l’environnement, mais aussi pour le porte-monnaie. Du moins, en théorie : "Malheureusement, c’est le contexte le moins facile pour montrer l’efficacité de la rénovation sur les prix. En un an, le prix du kilowattheure est passé de 49 à 116 euros. Donc nous n'avons pas vu les économies et les locataires non plus", se désole le patron de Logemloiret. "Je n’ai pas l’impression qu’il y a eu un changement sur le prix des factures depuis la rénovation", confirme un locataire qui ne veut pas être cité nommément.

Inquiétudes autour de la flambée des prix

Une hausse des coûts qui fait tanguer tout le secteur de la rénovation énergétique et freine les investissements des bailleurs, mais aussi des collectivités territoriales.

À Nogent-le-Rotrou par exemple, le maire Harold Huwart alerte depuis plusieurs semaines sur les coûts exorbitants des factures d’électricité des locataires des HLM de sa commune, qui plombent également les finances de la mairie.

Le coût énergétique pour la collectivité a triplé : "La facture est passée de 500 000 euros à 1,5 million d’euros en un an. Sur cette somme, 280 000 euros sont pris en charge par le bouclier tarifaire, 230 000 euros par l’office HLM. Ce surplus provoque des retards d’investissements, notamment pour des projets de rénovations."

On est dans une période terrible où s’installe le poison de l’inflation

François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire

Un sujet d’autant plus capital, que la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et que le secteur du bâtiment émet 6% des gaz à effet de serre nationaux.

C’est d’ailleurs aux régions d’adopter un plan d’action pour mettre en œuvre localement cet objectif national. Mais pour François Bonneau, le président socialiste de la Région Centre-Val de Loire, il y a matière à être inquiet : "Si vous avez 4 000 euros pour rénover quatre logements, mais que le prix passe de 1 000 euros à 1 300 euros, alors vous n’en ferez que trois. On est dans une période terrible où s’installe le poison de l’inflation".  

Mais selon lui, les solutions sont nombreuses : "Nous avons créé Centre-Val de Loire Rénovation qui doit permettre d’accompagner les particuliers dans leur démarche de rénovation. Plus récemment, le conseil régional a adopté le doublement de la part des aides qui concernent les enjeux environnementaux : "On passe de 20 % du montant de l’enveloppe à 40 %, vante-t-il. On doit faire tout ce que l’on peut faire, quel que soit le contexte".

La contribution à l’effort national est inférieure aux attentes théoriques

Start-up Heero

Reste que le chemin est encore long. Selon la start-up Heero, en moyenne, 15 % des logements de la région sont des passoires énergétiques. Ce chiffre grimpe à près de 20 % dans le Cher, l’Indre ou l’Eure-et-Loir. Un nombre supérieur à la moyenne nationale qui tourne autour de 13 %.

Certes, les aides de la région ont triplé entre 2015 et 2019 (derniers chiffres disponibles),  une "tendance très encourageante", observe la société spécialisée dans la rénovation énergétique des logements français mais qui nuance : “la contribution à l’effort national — 3 à 4 % des volumes — est inférieure aux attentes théoriques pour la région du fait de sa taille”.

 

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