Pour les habitants des logements sociaux équipés de chauffage commun, la facture d'énergie monte en flèche. L'aide mise en place par l'Etat ne suffit pas, et les occupants ne peuvent pas moduler leur consommation. A Nogent-le-Rotrou certains partent vers le logement privé dans l'espoir d'économiser.
La situation est "insupportable" affirme Harold Huwart, maire de Nogent le Rotrou et vice-président de la Région Centre-Val de Loire. "On est passé d’une facture de 80 euros mensuels pour un T3 en novembre 2021 à plus de 120 euros aujourd’hui", détaille-t-il.
Pour les occupants, impossible d'adapter leur consommation. "Nous avons 1200 HLM sur la commune dont 774 sur une seule chaufferie au gaz naturel" explique le maire. L'allumage est collectif, à partir du moment où il est lancé, c'est la même chose pour tout le monde. La température est réglée à 19 degrés, comme préconisé par le gouvernement.
Quinze familles se sont tournées vers le privé
Alors dans le quartier HLM des Gauchetières, une quinzaine de familles ont fui le logement social pour le privé : la facture d'énergie y sera peut-être moins chère.
L'Etat a bien mis en place un bouclier tarifaire, qui bloque les prix de l'énergie, mais pour les particuliers. En ce qui concerne les chauffages collectifs, une aide similaire doit permettre de compenser la hausse, mais elle ne suffit pas. Au niveau de la commune de Nogent-le-Rotrou, la facture a été multipliée par trois, en un an, pour atteindre 1,5 million d’euros. Cette hausse est absorbée d'un quart par le bouclier tarifaire, d'un autre par l'office HLM "ce qui provoque des retards d’investissements, de rénovations" note Harold Huwart. Reste un peu plus de la moitié à la charge des locataires : 550 000. Ce qui explique l'addition salée. Dans un reportage de nos confrères de France 2, Martial Malo constate que sa facture a triplée, et pour ce bénéficiaire du RSA, elle atteint désormais un cinquième de son revenu.
Aide insuffisante et à retardement
Si elle n'est pas suffisante, l'aide de l'Etat n'est pas non plus immédiate. Elle est d'abord versée aux fournisseurs d'énergie, puis transférée aux syndicats, pour ensuite bénéficier aux particuliers. Résultat, il faut parfois avancer la partie prise en charge.
"Ce sont les 20% les plus modestes de la population de ma commune qui paient les plus grosses factures d’énergie" regrette Harold Huwart. Et cela risque de s’aggraver.
A-t-on des solutions ? Oui. Pour les prix, une chaudière à "cogénération", qui permet de produire à la fois de l'électricité et de l'eau chaude, permet déjà à la commune de limiter ses coûts. A plus long terme, c'est un changement global qu'il faudra entamer : "Il va falloir diversifier notre production d’énergie et investissant dans les énergies renouvelables". Aujourd'hui, le maire souhaiterait surtout alerter sur la situation de ces chaufferies, qui essore les portefeuilles des plus modestes. Le bouclier tarifaire, selon lui, n'y est toujours pas adapté.