L'effondrement de deux immeubles à Lille ce 12 novembre fait écho à la série noire qui frappe Orléans depuis le début de l'année 2022. En plein centre-ville, plusieurs immeubles laissent apparaître des fissures inquiétantes. Aucun ne s'est écroulé, et les études sont toujours en cours.
"On est déjà chanceux de ne pas avoir de victimes aujourd'hui." Cette phrase de Romain Roy, adjoint à la mairie d'Orléans, résonne tristement après la mort d'un homme dans l'effondrement de deux immeubles à Lille ce samedi 12 novembre. L'élu orléanais avait fait cette constatation orale le 14 janvier, deux jours après l'évacuation de deux immeubles de la rue de Bourgogne qui menaçaient alors de s'effondrer.
Les symptômes étaient, comme à Lille, impressionnants : des fissures qui lézardent la façade, le sol de la cave qui se dérobe, le trottoir qui s'affaisse. Avant que la chaussée ne s'effondre pour de bon quelques heures plus tard. Les habitants de l'immeuble concerné, le 21 rue de Bourgogne, et de son voisin, le 19, avaient préalablement été évacués.
Interventions sous la rue de Bourgogne
Dix mois plus tard, la façade est toujours debout, et les études de sous-sol n'ont pas encore livré tous leurs secrets. La cause du sinistre serait un écoulement d'eau, qui aurait creusé des cavités. Dans une interview accordée au Parisien le 4 novembre, le maire d'Orléans Serge Grouard promet une intervention sous la rue de Bourgogne "pour reboucher des cavités", avant de démolir les deux immeubles menaçants. Début des travaux : "d'ici la fin de l'année ou début de l'année prochaine", espère l'édile.
Sauf que le cas du 21 rue de Bourgogne est loin d'être isolé. Un peu plus d'un an plus tôt, 200 mètres plus loin, une maison était abattue rue Bellebat, alors que son pignon menaçait de s'effondrer sur la voie ferrée. Entraînant une perturbation de trafic sur la ligne Orléans-Vierzon. La cause avancée par le Sdis : des infiltrations d'eau, déjà.
Et depuis fin octobre, le sort semble s'acharner sur le quartier Bourgogne, avec :
- un cas similaire à celui de janvier signalé au 77 rue de Bourgogne le 31 octobre,
- un effondrement de voûte de cave au 32 rue de la Poterne le 7 novembre,
- des fissures sur la façade et dans la cave au 103 rue de Bourgogne le 10 novembre.
Pour ces deux derniers cas, la cause serait… une fuite du réseau d'eau.
Un réseau d'eau en manque de rénovation
Dans chacun de ces signalements, la gravité varie. Ainsi, si "les investigations ont écarté le risque de basculement de la façade" du 77 rue de Bourgogne, les habitants des 79, 81 et 83 de la même rue ont tout de même été évacués. Pour les caves, le risque d'effondrement est écarté, tantôt par les pompiers, tantôt par un cabinet spécialisé.
Visualisez ci-dessous les sinistres en série à Orléans depuis novembre 2020.
En noir : la maison a été démolie.
En rouge : la démolition a été décidée.
En orange : les constatations sont toujours en cours pour décider d'une éventuelle démolition.
En violet : le risque d'effondrement est écarté.
La mairie d'Orléans prévient par communiqué que "des études géophysiques et géotechniques" sont prévues dès ce lundi 14 novembre, par des entreprises spécialisées. L'objectif : "connaître l'état du sous-sol et la possible origine du désordre" sous la rue de Bourgogne. La ville dit également avoir demandé à son délégataire L'Orléanaise des eaux "une expertise du réseau d'eau potable de ce secteur", soit 13 km de tuyauterie qui n'auraient "pas fait l'objet de rénovation majeur".
En France, la vétusté d'une partie du réseau serait à l'origine de la perte de 20% de l'eau potable envoyée dans les canalisations.