Avec l'opération Sylver Aventures, un militaire atteint du syndrome du stress post-traumatique lié à des combats meurtriers se lance dans un incroyable défi : relier Roanne à Saint Nazaire en pagayant 750 km sur la Loire en 5 jours. Une plongée dans la Loire sauvage en kayak en forme de record.
"La Loire en hiver, c'est extrêmement puissant. Le débit est impressionnant. Je navigue 18 heures par jour, donc en partie de nuit, c'est sympa. Cette navigation de nuit renforce l'impression de faire partie de ces éléments présents autour de moi. C'est sublime avec la lune, la brume, l'eau est plus claire que le reste. Sans lumière, c'est fabuleux".
Pascal D. mêle enthousiasme et exploit physique depuis son départ en kayak sur la Loire ce lundi 10 janvier. Joint par téléphone au moment de son arrivée en Région Centre-Val de Loire, il espère arriver à Saint Nazaire samedi 15 janvier au matin.
Comme une opération commando
Pascal D., membre des commandos parachutistes a été de tous les combats de la France à l'étranger. Une carrière dans les commandos de l'armée de l'air qui lui a donné de grandes satisfactions avant que le syndrome du stress post-traumatique ne le rattrape.
Deux ans après avoir assisté à la mort "atroce" d'un de ses camarades dans une action de combat, il est obsédé par cette scène meurtrière et sa santé s'en ressent. L'armée le reconnait comme blessé en opération et lui accorde un an et demi de soins et de convalescence. Incapable de rester à rien faire si longtemps, Pascal D. explique ainsi l'idée de son défi :
Surtout éviter d'être un an et demi à tourner en rond, à me lamenter sur mon sort, autant de temps s'en rien faire ce serait pire que tout.
C'est pour aller de l'avant qu'il s'est lancé dans une longue et méticuleuse préparation d'un raid ligérien au long cour et en totale autonomie. Préparation physique, recherche de partenaire, préparation du matériel et repérage du parcours vont révéler sa soif de l'engagement physique, de son besoin de nature et de son esprit d'entreprise. Précisons que la pratique du kayak lui était quasi inconnue quand il s'est lancé dans cette aventure.
Nous l'avions rencontré au printemps et il nous avait alors expliqué sa préparation et son entraînement.
Quand on lui fait remarquer, qu'à part le kayak, son défi ressemble à une opération commando, Pascal D. reconnaît qu'il n'est pas dans un univers inconnu : "je retrouve beaucoup de réflexe dans l'étude du parcours, de la météo, des points difficiles à franchir, la gestion du risque, comment concilier performance et sécurité, la progression en milieu difficile, l'autonomie totale. Là, je suis seul, livrer à moi-même, sans assistance".
Un parallèle sur lequel le kayakiste ne s'attarde pas, préférant tourner la page des années commandos. Pascal parle volontiers de sa recherche du contact avec la nature et de l'engouement de ses 24 partenaires.
Le vent le portera... à partir d'Orléans
Prêt depuis plusieurs semaines, Pascal D. scrute la météo et l'évolution du débit du fleuve royal pour trouver les conditions idéales pour se lancer. Pour le choix du moment de son départ lundi matin, c'est le vent qui l'a emporté. La crue de la Loire la semaine dernière offrait un débit intéressant mais un fort vent d'Ouest de face réduisait cet avantage à néant. C'est en milieu de semaine dernière qu'il a parié sur ce 10 janvier pour un départ.
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"Pendant la crue de la Loire, avec un vent de face de 60 kilomètre/heure, j'aurais reculé avec mon petit kayak. Je rongeais mon frein depuis 10 jours et l'annonce des pluies de ce week-end me donnait l'espérance d'un bon niveau d'eau. Je savais que j'aurai un peu de vent de face de Roanne à Orléans, ce qui se confirme, mais le vent doit tourner quand je serai à Orléans".
"Si j'ai le vent dans le dos d'Orléans à Saint Nazaire, c'est intéressant avec un courant soutenu sans être au niveau d'une crue. Un bon débit et un bon vent, ça me va".
Le trajet que va réaliser Pascal D.
750 kilomètres à la pagaie
Pour suivre sa trace sur la Loire à travers la région Centre Val de Loire et les Pays de Loire, Pascal D. publie photos et vidéo sur un compte Instagram. S'il apprécie d'être seul dans la nature, il se réjouit aussi de tous les encouragements rencontrés sur son passage.