Le village de Chémery compte 890 habitants. Il se situe à mi-chemin entre Blois et Châteauroux, entre l’A10 et l’A 85. Jusqu’au 31 janvier, les Chémerois peuvent donner leur avis sur le projet de déviation.
La déviation a pour but de délivrer la commune des 500 camions quotidiens qui la traversent. La concertation publique est organisée par le Conseil départemental du Loir et Cher.Deux collectifs s’opposent : ceux qui sont pour la déviation pour plus de sécurité. Ceux qui sont contre en mettant en avant la défense de l’environnement et des commerces du bourg.
Avant je dormais dans la chambre en haut mais avec le bruit des camions je ne peux plus. J’ai dû faire construire une chambre en bas. Et l’été je ne peux pas ouvrir mes fenêtres, c'est infernal.
A 79 ans, Chantal vit tout au bord de la Départementale 956 qui relie Blois et Châteauroux. 4600 véhicules passent chaque jour sous ses fenêtres dont 500 camions.
J’ai hâte qu’il y ait la déviation mais il faut encore attendre quatre ans. A mon âge, je ne sais pas si je vais en profiter.
A deux maisons de là, Edmond-Louis Simoneau ouvre ses volets spécialement pour nous. « Je ne les ouvre jamais de ce côté de la maison. Je ne vis plus dans cette pièce. Les camions passent à 30 cm de la maison ». Cet ancien journaliste a créé l’association de défense de la déviation. Pour lui « il faut que ça cesse. Pour une question de sécurité, les camions ne doivent plus passer par le bourg. Surtout qu’ils vont être de plus en plus nombreux avec les nouvelles zones d’activité créées à Chémery et à Contres, un village voisin. »
Un projet contesté
Le projet de déviation ne fait pas l'unanimité à Chémery. D'abord chez les commerçants. Ce pharmacien en est certain, avec la déviation, il perdra 40% de chiffre d'affaires. C'est ce qu'il a vécu lors de la dernière fermeture de la départementale pour travaux.
Pierre Borzacchini , le pharmacien du village explique,La déviation, y a pas que les camions qui vont la prendre. Ce sont les gens qui veulent se donner bonne conscience qui disent ça. Moi j’ai des clients qui m’ont dit : si y avait eu une déviation, on ne serait pas venu.
Patricia Van Roomen est la porte parole du collectif « Chéméry sans détour ». Elle s’oppose fermement à ce projet de déviation. Médecin généraliste, elle s’inquiète de l’impact écologique de cette voie rapide en pleine campagne. « Les chemins de randonnées ici vont être fermés. C’est ici que viennent nicher des oiseaux protégés en zone Natura 2000. Qui dit voie rapide, dit bruit et pollution donc c’est fini, ils ne viendront plus. »
Le collectif a été rejoint par les agriculteurs qui s’inquiètent de l’emprise au sol de la déviation de 3 kilomètres de long.
Stéphane Hénault est éleveur caprin. Ses terres seront traversées par la déviation : « une déviation de cette ampleur s'étend en moyenne sur 50 mètres de large et sur 3 km de long, ce qui a quand même un impact sur l’agriculture. Ca va réduire les surfaces d’exploitation et recréer des enclaves entre le bourg et la campagne. A l’heure où on nous parle d’écologie, c’est un peu contradictoire »
Au conseil municipal, le projet de déviation a été adopté avec 90% des voix. Mais le Conseil départemental a tenu à demander leur avis aux habitants pour faire évoluer le projet. Les plans et les explications sont consultables en mairie. Jusqu'au 31 janvier, chacun peut s'exprimer. Ensuite place à l'enquête publique.
Si le projet est validé, les travaux devraient commencer mi-2020 pour une ouverture fin 2021. Budget de l'opération : 11 millions d'euros.
Reportage à Chémery de Marine Rondonnier Sanaa Hasnaoui et Thomas Guiet :