Entre indécision ou refus total, les gérants de boîtes de nuit du Centre-Val de Loire ne souhaitent pas tous rouvrir leur établissement le 9 juillet. Les raisons : un calendrier précipité, des restrictions trop contraignantes et un manque de personnel...
Ça y est, les Français connaissent enfin la date de réouverture des discothèques. Ce sera le vendredi 9 juillet prochain. Un soulagement pour les fêtards qui vont pouvoir reprendre le chemin des « dance floor » et retrouver le rythme des DJ set ! Mais, pour les patrons de discothèques de la région Centre-Val de Loire, rien n’est moins sûr.
18 jours pour s'organiser
Fermées depuis mars 2020, soit 16 mois, les boîtes de nuit pourraient ne pas rouvrir au 9 juillet en région Centre-Val de Loire. En cause, un calendrier bien trop serré. En 18 jours, nous devons mettre en ordre de marche nos établissements, recruter le personnel, vérifier que tout fonctionne… et appliquer un protocole sanitaire qui, à ce jour, n’est toujours pas écrit. C’est non, pour le gérant du New Vegas à La Croix-en-Touraine.
Car dans les grandes lignes, les contraintes sont connues mais, le détail moins. Et c’est justement dans les détails que le diable se cache, comme dit l'adage. Malgré un certain assouplissement voulu par le gouvernement, la réouverture pour les établissements fermés depuis plus de 10 mois dépend toujours d’une validation de la préfecture ou de la mairie. Une procédure qui prend au moins 15 jours de délais. Donc, le 9 juillet, tous ne pourront pas ouvrir leur portes. Alors pour de nombreux gérants, tant que le décret n’est pas passé, leur établissement restera fermé.
Une nouvelle organisation du personnel qui a un coût
Pour d’autres, c’est l’indécision la plus totale… Avec les confinements, nous avons perdu du personnel. Il y a des gens qui ont changé de manière de vivre. Et aujourd’hui, il est compliqué de trouver des portiers, du personnel d'accueil... des serveur.ses, les métiers de la nuit sont des métiers à part… explique Patrick Bonnefon, gérant du Georges au centre-ville d’Orléans. C'est sans compter sur la vérification de la vaccination à deux doses des clients. Car sans les deux injections ou un test PCR 48h avant, pas d'entrée dans les discothèques. Et puis, il va falloir organiser le personnel en conséquence... et surment recruter. Mais, d’après ce patron, ce qui contraint le plus les patron.ne.s de boîtes de nuit, ce n’est pas l’application stricte du Pass sanitaire, mais bien la jauge limitée à 75% de la capacité initiale de la discothèque.
« Un établissement de 500 personnes ne gagne pas d’argent avec 100 ou 300 personnes mais bien à partir de 350-400 personnes. Car derrière, il faut payer le personnel, les charges… Et pas uniquement l’achat de boissons! »
Pour Patrick Bonnefon, la jauge à 75% est un vrai frein à l’ouverture en juillet. Sachant que l’aide du gouvernement court jusqu’en août, les gérants pourraient avoir tendance à rouvrir leur établissement plus tard. En attendant des jauges meilleures...
L'été n'est pas une période stratégique pour le Centre Val-de-Loire
Et puis, la période estivale est la pire période pour ouvrir en région Centre Val-de-Loire, c'est là que les établissments font le moins d'entrée. Les établissements en bord de mer bénéficient plus de l’attractivité des vacances estivales. Dans les terres, l’été n’est pas la période pour faire des affaires! Et puis, il nous faudra bien tout le mois de juillet pour se mettre en conformité et préparer les équipes de toute façon, précise Sabine Ferrand, présidente de l’Union des métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) de la Région Centre Val-de-Loire. Et d'ajouter une estimation entre 80% et 90% des discothèques devraient rester fermées en juillet dans notre région. Il faudra donc attendre septembre pour que l’intégralité des établissements rouvre.
Car ces 16 mois de fermeture ont beaucoup touché économiquement et psychologiquement les gérants de discothèques.
« L’Etat ne nous a pas indemnisé. Il nous a aidé à payer les charges qui, elles, continuaient à tomber. Les taxes en tout genre, l’électricité, la location de nos TPE carte bancaire, les assurances..., nous avons payés. Et aujourd’hui, face à un avenir incertain, quelques uns pensent arrêter le métier. »
Sabine Ferrand espère qu’après cette annonce, le gouvernement fera un travail de soutien aux entreprises du secteur. Elle milite pour la mise en place d’une enveloppe en vue d'indemniser les chefs d’entreprise qui n’ont pas pu se remettre de la crise, ceux qui sont en fin de carrière mais aussi pour les patrons qui continuent leur activité. Car la rentabilité de ces établissements n’est pas pour demain, cela prendra des années et de nombreux patrons ont capitalisé sur leur entreprise en prévision de leur retraite… Aujourd’hui, même si l’annonce de l’ouverture des discothèques reste un bon signe. Les professionnels préfèrent attendre pour reprendre dans de meilleurs conditions.