Don du sang : « l’égalité sera atteinte le jour où l'on ne fera plus figurer l'orientation sexuelle comme un critère »

Contraints à douze mois d'abstinence depuis l'obtention du droit à donner leur sang en 2016, les homosexuels vont voir ce délai se réduire à quatre mois, comme l'a annoncé la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

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L'acte de donner son sang est-il un droit ? En tout cas les différences de traitements entre les hétérosexuels et les autres populations, notamment les hommes homosexuels, semblent devoir s'atténuer. Autorisé en 2016 après près de trente ans d'interdiction, le don du sang de la part d'hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (abrégé en HSH) était conditionnée à un délai d'abstinence de 12 mois. Pour les personnes hétérosexuelles, il suffit de n'avoir pas eu de relations avec plus d'une personne depuis quatre mois.
 

Pas d'impact sur le risque de transmission

Mais comme l'annonce Agnès Buzyn dans un communiqué, ce délai d'abstinence devrait être ramené à quatre mois à compter du 1er février 2020. "La surveillance épidémiologique des donneurs de sang a montré que l’ouverture du don du sang aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) n’avait pas eu d’impact sur le risque résiduel de transmission du VIH par les produits sanguins, déjà très faible" constate le communiqué, s'appuyant sur une étude de la Santé publique. "On n'est pas au bout du chemin", regrette Christophe Desportes-Guilloux, du Groupe gay et lesbien du Loiret (GAGL 45). "Une vraie égalité sera atteinte le jour où l'on ne fera plus figurer l'orientation sexuelle comme un critère. Il faut prendre en compte non pas des populations, mais des pratiques, dont certaines sont à risque."

C'est d'ailleurs, à terme, l'un des objectifs fixés par le ministère, qui se fixe pour cible "l'alignement [...] des critères pour tous les donneurs" ainsi que "la disparition de la référence à l'orientation sexuelle au profit de la recherche d'un comportement à risque".
 

Droit de donner, droit de recevoir

Toutefois, le militant reconnaît que la lenteur du processus, qui pourrait ressembler à un excès de prudence de la part du ministère, n'est pas forcément de mauvais augure. Lors de l'interdiction faite aux homosexuels de donner leur sang, en 1983, "on découvrait tout juste le virus du Sida en France, et c'était aussi l'époque du sang contaminé", se souvient-il. Le climat de méfiance vis-à-vis des transfusions sanguines a pesé lourd dans l'inertie de la législation. "Si on met dans la balance le droit de donner d'un côté, et de l'autre celui de recevoir du sang en toute sécurité, il me semble que ce dernier est plus important."

Reste que les minorités sexuelles subissent encore des discriminations au moment de donner leur sang, notamment lorsque leur cas ne figure pas dans les règles existantes. Typiquement, le communiqué du ministère n'évoque pas le cas des personnes transgenres, dont certaines sont sous traitement hormonal. "Tout va dépendre de la personne que vous avez en face de vous", lâche un internaute sur un forum dédié aux transidentités.
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