Durant le confinement, les Français ont plébiscité les circuits courts et les produits biologiques

Durant le confinement, les consommateurs ont changé leur mode de consommation en privilégiant les circuits courts et les produits biologiques. Les ventes de ces derniers ont fortement augmenté. 

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Au début du confinement, on se souvient d’avoir vu des images assez inhabituelles : des français qui dévalisent les rayons de papier toilette ou bien de très longues files d’attente aux drives.
D’un côté, il y avait les consommateurs angoissés par la perspective de manquer et de l’autre, ceux qui se sont tournés davantage vers les circuits courts pour repenser leur façon de consommer et acheter notamment des produits biologiques. En Centre-Val de Loire, les producteurs de produits bio ont connu un vrai succès.
On a pu observer une hausse significative des achats de produits bio dès la prise de conscience de la pandémie et ce , aussi bein dans les supermarchés conventionnels que dans les magasins bio spécialisés.

Dans les grandes surfaces 

Depuis le début de la crise sanitaire, selon la société de mesure et d’analyse Nielsen, les achats de produits bio en grande surface ont augmenté : l’écart de croissance avec les produits conventionnels s’est creusé : d’environ 14 points début février, cet écart a parfois dépassé les 20 points depuis.

Dans les magasins spécialisés en biologique

Les magasins bio spécialisés ont également vu leurs ventes augmenter. Pour Alexandre Fantuz, Directeur Marketing de Biotopia, panéliste en magasins bio : “La valeur du panier moyen a augmenté de 48 %, passant d’environ 40 € à 59 € depuis la mi-mars”.

Avec le confinement, la mise en place du télétravail et la fermeture des écoles, parents et enfants se sont retrouvés à la maison notamment pour le repas du midi. Les français ont acheté beaucoup plus de produits frais et comme ils avaient du temps, ils les ont cuisiné. Dans ce contexte anxiogène et de doute sanitaire, beaucoup se sont tournés vers les produits bio. Selon l'étude de consommation OpinionWay réalisée pour Max Havelaar en avril : 69 % des personnes interrogées font le lien entre les modes de production et de consommation et la crise sanitaire. Ce chiffre montrer l’envie des français de changer leurs modes de consommation pour des produits plus "responsables", s’intéresser à l’origine et à la qualité de leurs achats, privilégier les produits bio et locaux et même d'aller plus loin en réduisant les emballages.

Si 35% des Français affirment choisir selon la disponibilité, deux français sur trois font le choix de produits responsables. Les Français sont désormais nombreux à privilégier :
- des produits locaux ou de leur région (45%),
- des produits made in France (39%),
- des produits bio (29%)
- des produits sans emballages ou avec des emballages limités (15%),
- des produits à la fois bio et commerce équitable (14%)
- des produits issus du commerce équitable (10%).
(Source : étude de consommation OpinionWay réalisée pour Max Havelaar en avril 2020.)

Durant le confinement, les agriculteurs et les maraîchers se sont adaptés très vite aux nouvelles demandes des consommateurs. Ils ont été très réactifs et ont proposé de nouveaux services comme les drives :
 
Pour soutenir les consommateurs bio, le réseau de l'association Bio Centre-Val de Loire a mis en place depuis trois ans une carte de localisation "La bio proche de vous" sur son site internet. Les français se sont tournés vers les ventes directe à la ferme. Il ont aussi privilégié les produits bio et les producteurs bio s’en sont rendus compte : ils ont vu affluer beaucoup plus de clients qu’en temps ordinaire. La carte consultable permet d’identifier les producteurs disponibles à proximité.

Des maraîchers à Pierres en Eure-et-Loir ont vu leur nombre de client augmenter

Sophie et Laurent Ducrocq sont maraîchers à Pierres en Eure-et-Loir. Ils cultivent des légumes (53 légumes différents : poivrons,, tomates, aubergines, salade, choux, poireaux, oignons) en bio depuis 2012. Toute leur production est écoulée via des Amap (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne ou de proximité) et surtout en vente directe à la ferme deux fois par semaine (le mercredi de 9h 12h et le samedi de 9h à12h et de 15h à 17h).
Avec le confinement et l’arrêt des marchés alimentaires, il sont vu arriver de nouveaux clients : "On est passé de 110 à 190 clients par semaine. C'est une très forte augmentation. La clientèle de la ferme a augmenté d'environ 70% durant les semaines de confinement."
Ils ont du se réorganiser, notamment dans leur lieu de vente en mettant en place des règles sanitaires pour respecter la distanciation physique : pas plus de 3 personnes dans la boutique avec un sens unique de passage, en installant un film barrière à la caisse et en ouvrant une caisse supplémentaire. Ils ont aussi modifié les horaires d’ouverture en restant ouvert une heure de plus (jusqu’à 13h).
 

Pour gérer le flux important de personnes sur la ferme, nous avons mis en place un système de drive via le site internet : les clients viennent récupérer leurs colis le samedi et le mercredi

Le couple de maraîchers, qui emploi un salarié a dû également embaucher des CDD pour gérer et préparer les commandes : "pour nous permettre de continuer à travailler dans les champs, car si on ne produit pas, on ne peut pas vendre. L’objectif était de ne pas être submergé par le travail."

Ce qui nous motive physiquement et moralement c'est que le drive a bien marché et les clients du magasin se sont sentis en confiance. Ils adhèrent et en redemandent. Ce sont surtout des gens du coin qui nous ont trouvé sur internet nous restons confiants sur la possibilité de les fidéliser. Sophie Ducrocq

Le boom des produits bio

Dans leur ferme laitière de Villemenard à Vignoux-sur-Barangeon dans le Cher, Isabelle Meunier et Cyril Lyko élèvent en bio depuis 2017 une soixantaine de vaches laitières (Prim’Holstein, Montbéliardes et Jersiaises). Leurs produits : lait cru, fromage blanc, fromage frais, crème fraîche, yaourts et crèmes dessert sont proposés à la vente en directe à la ferme depuis 3 ans.

Avant le confinement, notre clientèle était plutôt locale avec un grand nombre d'habitués de longue date : nos clients ne passaient pas commande car nous ouvrons le magasin de la ferme quatre après-midis par semaine. Ils achetaient donc en fonction de la production du matin. Isabelle Meunier

Au début du confinement, l'agricultrice a vu le nombre de ses clients augmenter de façon considérable : elle a compté 50% de nouveaux clients. Pour faire face, l’exploitante a dû fermer le magasin quelques jours au tout début pour mettre en place une nouvelle organisation : désormais les clients devaient passer commande quelques jours avant. Les produits à vendre ont rencontré un vif succès grâce au bouche à oreille et aux réseaux sociaux. Selon Isabelle Meunier, "les clients sont très demandeurs : ils ont peur d'aller dans les grandes surfaces. Ils veulent de bons produits à des prix raisonnables." Ensuite, elle a proposé à ses clients d 'autres produits venant des fermes proches de l'exploitation : fromage de chèvre, pain, charcuterie, légumes et plants potagers : "La communication a été bien relayée via notre page Facebook, par le GABB18, BioBerry et les structures partenaires, d'où une belle augmentation de la clientèle !"

Une offre bio plus large

Gain de temps, diversité des produits, les anciens et les nouveaux clients ont ainsi pu faire leurs courses dans un lieu unique. Face au succès, Isabelle Meunier a le projet d'agrandir le local de vente : elle parie sur la fidèlité de la clientèle. Elle a doublé son chiffre d'affaires.

Et maintenant ?

Au confinement a suivi le déconfinement, la vie n’a pas encore repris totalement comme avant. On dit qu’il y aura "un avant et un après". Qu’en sera-t-il des nouvelles habitudes de consommation des français ? Les consommateurs sondés par Opinion Way l'affirment : ils ont l'intention de poursuivre leurs achats alimentaires responsables. C’est ainsi que 8 personnes interrogées sur 10 ont l'intention après le confinement de privilégier des achats alimentaires responsables permettant une juste rémunération des agriculteurs, des conditions de travail dignes pour les travailleurs agricoles, une meilleure qualité nutritionnelle et le respect de l'environnement. Et, 88% des français sondés par Odoxa pensent que "l'avenir de l'agriculture française doit se construire sur de petites exploitations qui privilégient la qualité des produits plutôt que sur des grandes exploitations qui privilégient la quantité pour rester compétitives."
 
Bio Centre-Val de Loire, association de la filière biologique en Centre-Val de Loire
Soutenue par le Conseil régional et l’Etat, l"association Bio Centre a pour mission de coordonner le développement de la filière biologique en région Centre-Val de Loire. Les salariés de Bio Centre mettent en œuvre un plan d’action annuel validé par le conseil d’administration.

Le réseau Bio Centre-Val de Loire c'est la synergie de 8 structures au service de la filière bio régionale. Dans la volonté d’agir concrètement pour l’évolution des pratiques agricoles et de défendre leurs valeurs, les agriculteurs bio se fédèrent au sein des Groupements d’agriculteurs bio départementaux (GAB) et de la structure de promotion BioBerry. Ces 7 organisations sont représentées par le Groupement régional des agriculteurs bio (GRAB) au sein de la structure régionale aux côtés des préparateurs, des distributeurs, des consommateurs et des institutionnels avec l’ambition commune de construire la filière bio régionale. Bio Centre est la structure d’échanges et de concertation des acteurs de l’ensemble de la filière biologique de la région Centre-Val de Loire, du producteur au consommateur. Elle a pour objet d’organiser et de développer la filière biologique en région Centre-Val de Loire. Elle se donne pour rôle :
- la structuration des différentes filières professionnelles
- la représentation des producteurs biologiques de la région et le développement de la production
- l’accompagnement des opérateurs de l’aval dans leurs projets
- la communication, et la promotion des produits biologiques régionaux en restauration collective, auprès du grand public et des professionnels
- la sensibilisation des partenaires institutionnels
- la défense des intérêts de la filière.
 
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