Durcissement des peines des agresseurs des forces de l'ordre : "un bon début" pour les syndicats du Centre-Val de Loire

Jean Castex a annoncé lundi 10 mai le durcissement des peines encourues par les agresseurs des forces de l'ordre. Pour les syndicats de police, cette annonce correspond en grande partie à leurs attentes, reste à savoir comment elles seront mises en pratique. 

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Après les meurtres d'une fonctionnaire de police à Rambouillet (Yvelines) et d'un policier à Avignon lors d'un banal contrôle pour trafic stupéfiants, le Premier ministre a annoncé lundi 10 avril un durcissement des peines encourues par les agresseurs de policiers ou de gendarmes. Les principales mesures, qui découlent d'un échange entre lui, Eric Dupont-Moretti, Gérald Darmanin et les syndicats de polices, sont : 

  • Une limitation des réductions des peines pour les agresseurs de membre de forces de l'ordre. Les violences seront "désormais des délits spécifiques plus durement réprimés", selon un communiqué rédigé par Jean Castex.
  • Le ministre de la Justice demande également "une fermeté stricte, lorsque les forces de l'ordre sont prises à partie, en demandant notamment le déferement systématique, et un jugement rapide des auteurs". 
  • Dès le 1er juillet, un "observatoire de la réponse pénale" sera mis en place afin de rendre transparentes les décisions de justice liées aux agressions des forces de l'ordre. 
  • La rappel à la loi devrait également disparaître, pour être remplacé par d'autres formes de réponses pénales "comme les travaux d'intérêt général et les amendes forfaitaires".

En Centre-Val de Loire, les syndicats de police sont unanimes : "C'est un premier pas" pour Yannick Leroux, le représentant du Cher et de l'Indre pour le syndicat Alternative Police CFDT. Pour son homologue du Loiret, Bruno Berger, "l'ensemble des mesures prises est un bon début". David Goubeau, le secrétaire d'Alliance Police Nationale en Indre-et-Loire, souligne quant à lui "un début de bonne nouvelle". Ces déclarations laissent malgré tout sous-entendre que les syndicats de police ne sont que partiellement convaincus ... 

"On a souvent demandé à la police d'évoluer, mais la justice doit le faire aussi"

"C'est encore du réactif : on attend qu'il se passe quelque chose pour intervenir. C'est quand on a commencé à tirer sur les forces de l'ordre qu'on a mis des gilets par balles". Yannick Leroux aimerait que l'on applique les peines déjà existantes plutôt que de lancer un "nouveau catalogue". "Aujourd'hui, le refus d'obtempérer est puni de trois ans d'emprisonnement, et de 75 000 euros d'amende. J'ai jamais vu cette peine être appliquée". Bruno Berger réclame des peines incompressibles lorsqu'on s'attaque aux policiers, qui entend ces deux dernières années "un discours anti-police de plus en plus ancré dans les moeurs"

Tous les deux attendent donc de ces annonces des mesures concrètes face à "l'augmentation de la délinquance et de la violence". A ce sujet, le Ministre de la Justice expliquait pourtant à nos confrères de France Inter que "la délinquance n'a pas augmenté, mais la violence oui".

Membre d'une brigade de stupéfiant, David Goubeau constate, lui, une augmentation des faits de violence, notamment chez les mineurs. "Le message envoyé par la justice n'incite pas suffisamment la jeunesse à s'arrêter". Parmi les mesures annoncées par le Premier ministre, il reste encore dubitatif en ce qui concerne la fin du rappel à la loi. Il craint que les amendes restes impayées, ou que les travaux d'intérêts généraux ne soient effectués. "Il faut envoyer des messages, des peines de prison vraiment dissuasives, parce qu'on est passés dans une société ultra violente. On a souvent demandé aux policiers d'évoluer, mais la justice doit le faire aussi".

Un renforcement de la sécurité aussi dans les commissariats 

Le secrétaire d'Alliance Police d'Indre-et-Loire décrit le "ras-le-bol"  de ses collègues qui ont du mal à croire en la justice et "ses mesures totalement insuffisantes". Depuis les meurtres sanglants de leurs collègues de Rambouillet et Avignon, ils sont désabusés et s'interrogent. "Combien de cérémonies, de minutes de silence allons-nous devoir encore observer ?". A Orléans, Bruno Berger voit de plus en plus de membres du personnel, "en place depuis 15 ou 20 ans", qui renoncent à leurs fonctions face à cette augmentation de la violence. 

J'ai vu ces dernières années une banalisation de la violence. On voit des collègues se faire agresser, et leurs véhicules prendre feu. Des violences urbaines à base de tirs de mortier et cocktails molotov non seulement dans les quartiers sensibles, mais aussi dans les centres-villes.

David Goubeau, secrétaire d'Alliance Police en Indre-et-Loire

Yannick Leroux et Bruno Berger décrivent une ambiance compliquée, qu'ils expliquent aussi par le manque de mesures de sécurité dans les commissariats. "A Orléans, ça fait deux ans qu'on demande à être davantage protégé. C'est bien inscrit dans les dépenses à couvrir, mais on a toujours pas le budget dédié alors que c'était basé que les mesures anti-attentats". Si le gouvernement ne planche sur ces revendications, les syndicats craignent une baisse de leurs effectifs. Une situation qui viendrait contrecarrer les plans d'Emmanuel Macron, qui promettait 10 000 forces de police et de gendarmerie supplémentaires d'ici la fin de son mandat. 

 

 

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