Six jours après la mort d'Éric Masson, tué lors d'un banal contrôle en centre-ville d'Avignon, le tireur présumé est mis en examen pour homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique et tentative d'homicide, et le deuxième suspect pour non-assistance à personne en danger.
Le principal suspect dans la mort du brigadier Masson a été mis en examen, ce mardi 11 mai 2021, pour homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique et pour tentative d'homicide sur le collègue du policier tué par balle mercredi 5 mai à Avignon, lors d'un contrôle en centre-ville pour trafic de stupéfiants.
Ce-dit collègue a formellement reconnu le suspect comme étant l'auteur des coups de feu ayant conduit à la mort du brigadier Masson.
Le jeune homme, âgé de 19 ans, a été placé en détention provisoire et est incarcéré à la prison des Baumettes à Marseille, selon son avocat.
Sa garde à vue a été levée avant les 48 heures, le maximum autorisé pour les crimes de droit commun.
L'auteur présumé des tirs se dit innocent
Le principal suspect dans la mort du brigadier Masson déclare être étranger à cette affaire.
Il s'est pourtant caché dans une cave, cinq jours durant, dans un quartier d'Avignon, après la mort du policier : un élément qui joue en sa défaveur.
Celui-ci affirme que le soir du meurtre, mercredi 5 mai, il célébrait le ramadan chez sa mère. Son avocat, Me Louis-Alain Lemaire, dit de lui qu'il ne "l'imagine pas commettre les faits qui lui sont reprochés".
Des faits qui sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.
Le jeune homme a "donné des explications en disant ce qu'il allait faire du côté de l'Espagne et cela n'a rien à voir avec un problème de fuite éventuelle. S'il avait dû fuir, il aurait probablement modifié son apparence physique", affirme encore son avocat.
L'avant-veille, les membres de la brigade de recherche et d'intervention (BRI) l'avaient interpellé sur un péage autoroutier du département du Gard, à une vingtaine de kilomètres d'Avignon, alors qu'il semblait chercher à fuir en voiture en direction de l'Espagne.
Le suspect était accompagné de son chauffeur, un homme de 50 ans, et d'un autre individu présent au moment des faits, âgé de 20 ans. Une somme de 3.000 euros en liquide a aussi été trouvée à bord du véhicule.
Le deuxième suspect, plus disert
Également placé en garde à vue, la personne présente au moment des faits en compagnie de l'auteur présumé des tirs reconnaît avoir été sur place le soir du meurtre d'Éric Masson. Il reconnaît également avoir vu quelqu'un tirer sur le policier.
Dans un premier temps, il refusait d'en dire plus.
Puis il s'est mis à table, affirmant devant les enquêteurs que son comparse, auteur présumé des coups de feu, était bien présent ce soir-là.
La complicité dans le meurtre et la tentative de meurtre n'a pas été retenue. L'individu est mis en examen pour non assistance à personne en danger et recel de malfaiteurs.
Deux autres gardes à vue levées
En plus de l'auteur présumé des tirs et du deuxième suspect, deux autres personnes ont été placées en garde à vue dans cette affaire.
Il s'agit de la sœur du principal suspect, arrêtée lundi matin, et du conducteur de la voiture à bord de laquelle se trouvaient les deux suspects principaux, interpellés dimanche soir.
Ces deux gardes à vue ont également été levées. Le chauffeur, avec lequel des journalistes ont pu échanger, parle avec un fort accent étranger. Ses propos sont confus.
Il évoque un "oncle pas facile du tout", un homme dont il aurait peur, justifiant de cette manière qu'il ne puisse pas en dire davantage.
Jean Castex à Avignon
Dans ce contexte, deux jours après l'hommage des policiers rendu au brigadier Masson sur le parvis du commissariat d'Avignon noir de monde, le Premier ministre Jean Castex s'est rendu lui aussi à Avignon, ce mardi 11 mai, pour un hommage national devant la préfecture du Vaucluse.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti étaient également présents, sans prononcer de discours.
La légion d'honneur a été remise à Éric Masson, à titre posthume, à l'heure où sa mort soulève une vague d'indignation nationale, tout particulièrement chez les policiers, qui réclament plus de moyens et des sanctions plus sévères à l'encontre des trafiquants de drogue.