Avec 27 000 adhérents sur toute la France, dont environ 80 en Centre-Val de Loire, le mouvement des Jeunes avec Macron est toujours actif dans le paysage politique. Mais avec un camp présidentiel divisé et minoritaire depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, que va devenir le mouvement à l'approche de la fin du mandat d'Emmanuel Macron en 2027 ? Entretien avec Hugo Lemaître, ancien attaché parlementaire et coordinateur régional des JAM.
- Comment avez-vous pris la décision surprise d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale ?
C’est arrivé de façon soudaine. Les parlementaires et leurs collaborateurs n'étaient pas préparés et cela a été compliqué de faire campagne en si peu de temps. En revanche, je trouve que c'est une décision courageuse de la part du Président. Il s'est montré à l'écoute du vote des Français après les élections européennes et s'en est remis aux urnes pour donner un nouvel élan à la vie politique. Car la situation était devenue anxiogène et électrique à l'Assemblée nationale, on ne pouvait pas continuer comme ça. Il n'y avait plus de majorité de projet qui fonctionnait. Les Républicains ont annoncé qu'ils ne voteraient pas le prochain budget, en octobre. On risquait la motion de censure, il était nécessaire de clarifier la situation avec un retour aux urnes.
- Vous trouvez que la situation est plus claire aujourd'hui à l'Assemblée nationale ?
Oui, je pense que la situation est clarifiée. Le visage de l'Assemblée nationale avec un bloc de gauche, un bloc du centre et un bloc Rassemblement national, est la photosynthèse de l’électorat français aujourd’hui. Aucun des trois blocs majoritaires ne peut gouverner seul. Cela montre qu'il y a une nécessité de coalition, de trouver une alliance de projet. Ce n'est pas dans la culture française, mais il va bien falloir qu'on réussisse à le faire.
- Qu'avez-vous pensé des critiques dirigées vers Emmanuel Macron au sein de son propre camp ?
Les Jeunes avec Macron ont été créés en 2015 pour une personne avant tout : Emmanuel Macron. Pour nous la priorité est de soutenir le Président jusqu’à fin du mandat. C’est notre rôle premier et certains ont eu tendance à l’oublier.
- Mais avez-vous compris ces critiques ?
Je les respecte. On est un mouvement de sensibilités diverses. C’est notre force d’avoir des gens issus de gauche et de droite. Gérald Darmain parle aux classes populaires, Gabriel Attal s'adresse aux jeunes, Édouard Philippe touche des gens de tout horizon. Mais il ne faut pas oublier que s'ils sont tous là aujourd'hui, c'est grâce à Emmanuel Macron. Nous lui devons une loyauté sans faille.
- N'y a-t-il pas un culte du chef ?
Je vous mentirais si je vous disais qu'il n'a pas existé. Si on s’est engagé au départ, c'était pour Emmanuel Macron.
- Cela ne risque pas de déstabiliser votre mouvement quand son mandat prendra fin ?
Il a impulsé un esprit autour de la valeur travail, de la baisse du chômage, la baisse d'impôts, un esprit pro-européen. Cet esprit perdurera dans le temps et sera un héritage important dans le paysage politique français. On est toujours une force importante sans laquelle on ne peut pas gouverner. Le macronisme a instauré un dépassement politique qui restera en héritage. Les JAM continueront de porter ses idées.
- Qui pour le remplacer en 2027 ?
Il faudra une convergence du bloc central vers une candidature unique en 2027. Il est d'ailleurs normal que certains commencent à essayer de se placer. C'est le jeu politique et on le voit d'un bon œil. Moi ça ne me gêne pas tant qu’en 2027 on y va ensemble autour d'un seul candidat. Une primaire pourrait s'envisager.
- Que va devenir le mouvement des Jeunes avec Macron après 2027 ?
Il continuera à être actif, mais il va se transformer, c'est une certitude. On ne peut pas s'installer durablement dans le paysage politique sans élus locaux. C'est ce qui nous a manqué jusqu'à présent au sein du mouvement présidentiel. Il faut une stratégie locale. Aujourd’hui, on est 150 membres des JAM élus locaux. L’objectif est de tripler le score en 2026, pour les élections municipales, et d’arriver à plus de 500 élus.
- Et sur la forme ?
Il faudra évidemment réfléchir à un changement de nom. On décidera ça au dernier moment. Mais les JAM ont vocation à perdurer, à garder leur esprit, mais à changer de nom au profit du prochain candidat en 2027. En attendant, nous resterons derrière le Président jusqu'à la fin de son mandat.