Hospitalisée à Chartres (Eure-et-Loir), une patiente atteinte du Covid-19 a insulté une infirmière et une aide-soignante et leur a craché au visage, parce que ces dernières ont tardé à venir. Elle sera jugée en août pour outrages et violences sur personnes chargées de mission de service public.
C'est ainsi que Rémi Coutin, procureur de la République à Chartres, décrit l'agression qui s'est déroulée à l'hôpital Pasteur, situé au Coudray, en périphérie de Chartres. Une jeune femme âgée de 19 ans était hospitalisée depuis le milieu de la semaine car atteinte du coronavirus Covid-19."Elle ne faisait pas partie des cas les plus graves, elle n'était pas en réanimation ni sous perfusion, mais elle toussait beaucoup", souligne le procureur. Le dimanche 5 avril au soir, elle aurait chuté dans la salle de bains et aurait appuyé, à ce moment-là, sur la sonnette pour que le personnel soignant lui vienne aide. "Elle a estimé qu'il ne venait pas assez vite".Ce sont des faits extrêmement graves compte tenu du contexte.
"Les infirmiers n'ont pas pu venir dans l'immédiat car on imagine bien les conditions dans lesquelles ils travaillent actuellement", rapporte Rémi Coutin. Quand enfin une infirmière et une aide-soignante sont arrivées pour s'occuper de la patiente, cette dernière est alors sortie de ses gonds.
"Elle leur a sauté dessus"
"L'aide-soignante n'a pas eu le temps de mettre son masque, la patiente leur a sauté dessus et leur a craché au visage", raconte le procureur de la République.Elle a insulté les deux personnels soignants avant de foncer vers la porte et de partir. Elle a quitté l'hôpital de force, sans autorisation.
Très choquées, l'infirmière et l'aide-soignante ont déposé plainte le lundi 6 avril, "avec le soutien plein et entier de la direction", assure Yvon Le Tilly, directeur adjoint des Hôpitaux de Chartres.
Ce même jour, la police a retrouvé la trace de la jeune femme et l'a interpelée en fin d'après-midi au domicile de sa grand-mère à Mainvilliers (Eure-et-Loir).
Un casier vierge
Le comportement de cette patiente de 19 ans est difficilement compréhensible sachant qu'elle n'était pas connue des services de police, son casier était vierge.Pour la direction de l'hôpital, ce cas est "surprenant et inadmissible. Heureusement, l'établissement reçoit davantage de soutien et de remerciements sous toutes les formes possibles à l'égard du personnel soignant", tient à nuancer Yvon Le Tilly.
Audience le 26 août
La jeune femme est pour l'instant placée sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec d'autres personnes que ses grands-parents chez qui elle vit, et obligation de pointer téléphoniquement une fois par jour au commissariat.Elle sera jugée le 26 août prochain au tribunal de Chartres. "On a pris exprès une date lointaine pour être sûr qu'elle soit guérie", explique le procureur. "Mais elle aurait été jugée en comparution immédiate si jamais elle n'avait pas été malade, vu la nature des faits."
La jeune femme encourt cinq ans d'emprisonnement pour outrages et violences sur personnes chargées de mission de service public avec circonstances aggravantes.