Elles ont entre 60 et 85 ans, et certaines d'entre elles n'ont jamais joué au football. Pourtant, ces "Mamies" ont accepté de relever le défi : s'entraîner et affronter les grands-mères d'Afrique du Sud. Suivons notamment Martine et Simone, qui vivent dans une résidence Séniors près de Chartres.
Juin 2019, à Saint-Etienne, la tension est à son maximum … l'équipe des "Mamies foot France" affronte les "Grannies" d'Afrique du Sud. Un match plein d'émotions et une véritable histoire que nous racontent les deux auteurs-réalisateurs du film, Julia Mourri et Clément Boxebeld qui les ont suivi pendant plusieurs années.
Voir ou revoir le documentaire "Mamies Foot" :
La découverte du phénomène et d’une belle aventure
Pendant plus d’un an, nous avons parcouru le monde à la rencontre de personnes âgées et d’autres modèles de vieillissement. Cela a conduit à la création du site Oldyssey, où sont consignés ces témoignages sous forme de films courts, et à la rédaction d’un livre.
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Lorsqu’en 2018 nous avons fait escale en Afrique du Sud, nous avons rencontré des « mamies » étonnantes. En effet, elles avaient pour originalité de pratiquer le football de manière régulière. Il nous importait de les filmer pour comprendre comment la pratique de ce sport transforme en profondeur la vie de ces femmes.
Nous ignorions alors que ce tournage en Afrique du Sud allait constituer la première partie d’une histoire bien plus large, initiée par un personnage clef : Mama Beka, la fondatrice de cette équipe de foot. Lors du tournage elle nous prend à partie :
Vous imaginez, si mon équipe venait en France pour jouer contre des grands-mères françaises ?
Cette phrase a déclenché la mise en œuvre du film !
Ce moment-là constitue un tournant puisque nous décidons de ne plus être uniquement témoins, mais acteurs en relevant le défi de ce pari fou.
En nous appuyant sur la Coupe du monde de foot féminine de 2019. Nous avons déniché une équipe de mamies Française. Une rencontre inédite !
Ces Françaises qui n’avaient jamais joué au foot, allaient se prendre au jeu et s’entraîner d’arrache-pied jusqu’à l’arrivée de leurs homologues sud-africaines.
Une expérience qui fait bouger
Martine, Simone et d’autres Françaises n’ont jamais touché un ballon, mais vont se prendre de passion pour le foot et s’entraîner pour ce match inédit.
Le foot va transformer leur vie, avoir un impact sur leur santé physique et sur leurs relations sociales : elles font des rencontres à nouveau, recommencent à sortir, réussissent à communiquer avec les Sud-africaines sans parler leur langue... Et clouent le bec aux « machos » de leur résidence et à tous ceux qui pensent qu’on ne peut pas jouer au foot lorsqu’on est une femme et qu’on est âgée.
Le portrait de deux mamies jeunes dans leurs tête
Dès nos premiers repérages, Martine et Simone ont attiré notre caméra. Elles vivent toutes deux dans une résidence pour personnes âgées de Lucé (28), près de Chartres, où elles partagent chaque semaine des parties de belote.
Martine a 68 ans, les cheveux rouges, la coupe punk, elle est mariée, n’a pas d’enfants. Elle aime la peinture et la couture, mais ne pratique pas de sport. Pourtant, elle s’arrête devant l’affiche de l’appel aux volontaires placardée dans le couloir de la résidence : « Mesdames, prêtes à relever le défi ? Intégrez la 1ère équipe de foot de femmes séniors françaises pour jouer contre l’équipe des grands-mères sud-africaines ! ».
Elle en parle à son amie Simone. Simone a 77 ans, c’est une petite dame menue aux cheveux courts et blancs, qui aime bien marcher mais n’a jamais touché un ballon. Elle est veuve, habite seule dans son deux-pièces, loin de ses enfants et petits-enfants, pratique peu d’activités physiques et passe l’essentiel de ses journées devant la télévision.
Jouer au foot, tu n’imagines pas, à mon âge ?
Elle est sur la réserve mais l’enthousiasme de Martine est communicatif et les deux amies s’embarquent à tâtons dans l’aventure.
Toujours entreprenante, Martine trouve un petit carré de pelouse près de l’église de Lucé, où elle emmène Simone s’entraîner chaque semaine. « Heureusement que tu as trouvé cet endroit, il n’y a pas trop de pelouses où s’entraîner à Lucé ! », la félicite Simone.
Postée entre deux arbres, Martine essaie d’arrêter les buts de Simone. Petit à petit, elles prennent confiance dans leurs capacités, commencent à mieux courir, se renvoient la balle.
Elles n’ont pas encore d’entraîneur, ne connaissent rien aux règles du foot mais rêvent déjà leurs postes : Simone espère être buteuse, Martine estime qu’elle sera meilleure à la défense.
Leur complicité et leur capacité à dire tout ce qu’elles pensent, sans filtre, dans une joyeuse naïveté, nous sont tout de suite apparues comme des ressources précieuses.
Dans leur résidence pour séniors dans lesquelles elles habitent, cela fait bien longtemps que chaque nouvelle journée ressemble à la précédente et aussi à la suivante.
À travers les voix de Martine et Simone, c’est le chamboulement dans la vie des joueuses auquel nous assistons. Elles ne vont plus apparaître comme des « mamies » fragiles et résignées, mais comme des footballeuses. Leur vie prend un tournant inattendu.
Tu sais, ça fait quatre ans que j’ai perdu mon mari. Et je revis, là. Tu vois, avec tout ça, je revis un petit peu. La douleur est moins forte.
Le football va aussi avoir des bienfaits sur leur santé physique. « Ça m'a défoulé les genoux ! Moi qui ai de l'arthrose dans les genoux, je n'en ai plus là ! Tu vois comment c’est, la gloire ! », rit Simone le jour du match.
► "Mamies Foot", un documentaire de 52 minutes réalisé par Clément Boxebeld et Julia Mourri.