Les opposants à un projet immobilier se sont rassemblés, ce samedi 1er avril, à Champhol, près de Chartres. À cheval sur cette commune et celle de Lèves, un projet immobilier prévoyant la construction d'une centaine de logements fait débat.
"Désastre écologique ! Nuisances innombrables ! Anéantissement du calme à Champhol !", pouvait-on lire sur les pancarte brandies par les riverains, ce matin du samedi 1er avril.
Nous sommes à Champhol, en Eure-et-Loir. Rassemblées près de l'ancien Carmel, auparavant occupé par des religieuses, environ 200 personnes comptent bien montrer leur mécontentement. Ici, le cadre est boisé, la nature est reine. Ce qui pourrait prochainement changer.
Un projet immobilier de 100 logements et 182 places de parking
"Champholois, dans la rue, le Carmel n'est pas perdu !", clament-ils. La société orléanaise Sully immobilier est à l'origine de ce projet controversé. Elle prévoit la construction de 100 logements répartis sur quatre immeubles, parmi lesquels une vingtaine de logements sociaux. Près de 200 places de parking seraient aménagées en sous-sol.
La particularité du site du Carmel est de se trouver sur la commune de Lèves mais de ne disposer que d'un accès, situé, lui, sur la commune de Champhol. C'est dans cette commune de 3.800 habitants que le collectif Brizards-Longsault a été créé.
"L'augmentation de la densité de population sur Champhol fera, si ce projet aboutit, de ce quartier la zone la plus dense, en population, de toute notre commune", commente Lilian Chaimbault, membre du collectif.
Pire, selon ce dernier, ce projet va à l'encontre des mesures prévues par la loi Climat et résilience, promulguée en août 2021. "Elle va contraindre les promoteurs et les agglomérations à bâtir la ville sur la ville. Ici, il s'agit nullement du respect de cette loi puisque nous sommes ici en pleine zone rurale", poursuit Lilian Chaimbault.
Parmi les actions du collectif, la mise en ligne d'une pétition. À ce jour, 711 signatures ont été dénombrées. Un recours gracieux, ayant pour but d'annuler le permis de construire validé début février, aurait également été déposé vendredi 31 mars, auprès du maire de Lèves, Rémi Martial. Si ce dernier ne formule pas de réponse d'ici deux mois, le collectif pourrait envisager un recours contentieux auprès du tribunal administratif.
La densité de population va exploser et cela entraînera des risques au niveau de la sécurité et de la circulation.
Lilian Chaimbault, membre du collectif Brizards-Longsault
"C'est un patrimoine local, ne serait-ce qu'avec le bâtiment du Carmel, qui est magnifique, mais surtout par tous les arbres majestueux qui peuplent ce territoire", poursuit Lilian Chaimbault.
Des chênes centenaires se trouvent en effet sur cette zone boisée de Champhol de près de 13.000 m2. C'est pour cela que la mairie de Lèves a instruit le permis de construire sur la partie constructible de sa commune.
"Ce sont de beaux arbres, qui commencent à être en feuilles, parce que le printemps est là. Mais bientôt, il ne seront plus jamais en feuilles puisqu'ils auront été abattus", se désole Lilian Chaimbault.
C'est un terrain privé qui a été vendu à un promoteur privé avec un projet dont le permis de construire a été validé parce qu'il est conforme au droit.
Étienne Rouault, maire de Champhol
Sur place, rue de la Cité, nous rencontrons également Étienne Rouault, maire de Champhol. "Les Champholois, on peut les comprendre, sont légitimement inquiets de l'avenir de cette impasse qui va devenir une voie beaucoup plus passante puisqu'on parle de 182 véhicules, d'une centaine d'appartements, donc près de 200 personnes qui vont vivre ici", débute l'élu.
Étant donné la situation géographique du site, la commune de Champhol ne devrait pas bénéficier de retombées économiques. "Ce qui me pose problème, en tant que maire de Champhol, c'est que les revenus de fiscalité pour accueillir ces populations-là ne reviendront pas à notre commune, malheureusement", souligne Étienne Rouault.
"Je pense que le rôle du maire, ce n'est pas forcément de s'opposer à tout ce qui se fait. Ce développement-là est aussi nécessaire, en termes de besoins de logements"
Étienne Rouault, maire de Champhol
C'est pour cela que le maire souhaiterait que les frontières administratives, concernant ce projet, soient modifiées. "Cela nous donnerait les moyens d'accueillir la population, de scolariser les enfants dans notre école toute proche", soutient Étienne Rouault.
En fin de matinée, direction la commune voisine. Lèves. Ici non plus, on ne souhaite pas que le projet aboutisse. Notamment en raison de la dangerosité qu'amènerait un trafic plus important pour les habitants de la rue de Longsault.
"Il y a de plus en plus de circulation dans notre rue. Les voitures ne respectent pas les limitations de vitesse", explique Georges Joly, un autre membre du collectif habitant la commune de Lèves. Selon lui, déjà actuellement, 6 000 véhicules/jours circulent dans cette rue.