C'est une première : la grande vente de printemps d''Emmaüs d'Indre-et-Loire se déroulera pendant deux jours cette année. Ce week-end le 1er et 2 avril, plus de 2000 personnes sont attendues à Esvres-sur-Indre pour faire de bonnes affaires tout en participant au financement des grands projets d''Emmaüs sur le plan local mais aussi international.
"J'adore vivre ici. Il y a toujours quelque chose à faire. Et le temps passe vite. Là, je nettoie les meubles pour la grande vente de ce week-end. Tout le monde s'active. C'est super !" Abraham-Berger Tokkama, son chiffon à la main et un grand sourire aux lèvres revient sur ses deux années passées au sein de la communauté des compagnons d'Emmaüs à Esvres-sur-Indre.
Depuis qu'il est arrivé ici, il a trouvé des amis et comment se rendre utile. "Ce matin, j'ai trié et installé les livres. Là, je m'occupe de nettoyer les meubles. Dès qu'on a fini quelque chose on enchaîne sur une autre activité. On ne s'ennuie jamais."
Les ventes quotidiennes permettent de financer la vie de la communauté
La communauté d'Indre-et-Loire compte 80 compagnons et compagnonnes : 65 à Esvres-sur- Indre et 15 à Chinon. "Les compagnons qui vivent ici étaient des gens qui cherchaient un toit", explique Enrik Rronja, le co-responsable de la communauté d'Esvres-sur-Indre. "Ils participent à toutes les activités du ramassage à la vente en passant par la réparation des objets déposés. En échange, ils ont une chambre individuelle, des repas et nous les accompagnons pour leur projet d'insertion s'ils le souhaitent."
Ils peuvent rester ici un jour, quelques années ou toute une vie tant qu'ils respectent les règles
Enrik Rronja,co-responsable de la communauté Emmaüs d'Esvres-sur-Indre
C'est le cas de Patrick. Après des années à travailler dans la finance, il a fait un AVC à 62 ans. "J'ai tout perdu. J'ai trouvé ici une certaine tranquillité". C'était il y a 15 ans. L'homme au caractère bien trempé a ensuite créé au sein de la salle des ventes d'Emmaüs une vraie librairie pour exposer les livres déposés par les donateurs. Classés par genre et par ordre alphabétique, ils donnent envie d'être feuilletés puis achetés.
"Je voulais que cet endroit soit irréprochable. Les gens qui viennent acheter des livres ici savent qu'ils sont tous en parfait état et que je peux les conseiller", nous confie le doyen des compagnons.
Deux ventes pour financer des travaux et les actions solidaires en dehors de la communauté
L’association créée il y a plus de 70 ans par l'Abbé Pierre se consacre à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion au sein et en dehors d’Emmaüs. Elle vit essentiellement grâce aux donateurs. Les ventes tout au long de l'année permettent de financer la vie quotidienne de la communauté.
Les deux grandes ventes au printemps et à l'automne permettent de récolter de l'argent pour des travaux de rénovation, pour aider des associations locales ainsi que d'autres groupes Emmaüs en France et à l'étranger.
"Ces grandes ventes ont permis de financer les travaux dans le magasin de Tours Nord et de rénover des bâtiments. Nous avons aussi pu envoyer des meubles pour une foyer de femmes victimes de violences à Chinon mais aussi des aides financières aux communautés Emmaüs en Afrique et en Ukraine", énumère Enrik Rronja.
En 2021, la grande vente de printemps a permis de récolter près de 60 000 euros. "En organisant une vente sur deux jours, nous espérons vendre plus. Depuis six mois, nous mettons de côté les plus beaux meubles par exemple, une centaine de vélos remis en état seront mis en vente... Nous serons à près de 80 % de nouveautés sur nos stands", continue le responsable.
Un tiers du prix réel
Vélos, outillage, mobilier de jardin, canapés sont les stands qui attirent le plus de mode lors de cette grande vente. Mais il y aura aussi des vêtements, du linge de maison et des livres en parfait état.
Les prix sont fixés en suivant un principe simple : ils s'élèvent à un tiers du prix réel. "Quelque chose à 100 euros neuf, nous le mettons à 30 ou 40 euros selon l'état. On peut aller jusqu'à la moitié du prix neuf si le bien est vraiment exceptionnel", explique Enrik Rronja.
"On essaie de toucher un grand public avec ceux qui ont besoin de nous parce qu'ils ont très peu de moyens et ceux qui viennent faire des bonnes affaires", ajoute-t-il.
A Esvres-sur-Indre, l'effet Vinted ou le Bon coin dénoncé par Emmaüs France ne se fait pas vraiment ressentir. "Les gens ont tellement de vêtements à donner dans cette société de consommation que nous n'avons pas constaté ici de baisse de dons ni de baisse du chiffre des ventes sur les vêtements", constate Enrik Rroja pour réagir à la campagne nationale lancée par Emmaüs France.
L’association a lancé mi mars une campagne de sensibilisation en infiltrant la plateforme Vinted. L'objectif : inciter les Français à donner leurs vêtements ou objets usagés plutôt que de les vendre sur les plates-formes en ligne.
Au niveau national, désormais, seulement 40 % des 320 000 tonnes d’objets donnés chaque année (meubles, vaisselle, vêtements et autres produits d’électroménager) sont propres à la vente contre 60 % auparavant.
"C'est aux citoyens de choisir s'ils veulent enrichir les personnes qui possèdent ces plateformes ou s'ils veulent aider des gens à vivre dignement de leur activité comme ici au sein de la communauté. Chacun fait ce qu'il veut avec les vêtements dont il souhaite se débarrasser. Il faut juste garder en tête le but d'Emmaüs et faire le choix en toute conscience", conclut le co-responsable de la communauté Emmaüs d'Esvres-sur-Indre.
♦ La grande vente de printemps d'Emmaüs aura lieu samedi 1er et dimanche 2 avril de 10h à 17h sans interruption, dans la zone d'activité de la Pommeraie, avenue de l'Abbé Pierre à Esvres-sur-Indre.