Les 50 premiers ânes, rescapés d'un trafic en Israël, sont arrivés au refuge La Tanière à Nogent-Le-Phaye ce dimanche 26 juin. Promis à l'adoption, ils gouttent pour la première fois à l'herbe verte des sols euréliens.
Voilà des convois aéroportés peu communs. Ce dimanche 26 juin, dans la soirée, 50 ânes du Proche-Orient ont fait leurs premiers pas dans les prés du zoo-refuge La Tanière, à Nogent-le-Phaye en Eure-et-Loir. L'aboutissement d'un périple de presque 5 000 km, depuis les arides terres israéliennes.
Tout commence en début d'année 2022. Les patrons de La Tanière sont contactés par Sharon Cohen, gérante d'un refuge pour animaux situé à Netanya, ville côtière située une dizaine de kilomètres au nord de Tel-Aviv. Son hectare de terrain caillouteux doit alors accueillir près de 400 ânes. "J'ai envoyé des mails à plusieurs refuges, La Tanière a été le seul à proposer d'en prendre autant", explique-t-elle.
Trafic international et maltraitance
Patrick Violas, directeur du refuge eurélien, fonce : il propose de prendre en charge 200 de ces ânes. "L'organisation est de plus en plus complexe, mais si j'avais refusé, je n'aurais pas réussi à dormir", assure-t-il.
Car ces ânes sont rescapés d'un trafic international, sur fond de maltraitance animale. À travers Israël, les équidés "servent à tirer des charrettes sur l'autoroute", ou à "amuser les passants, qui leur donnent de la vodka et leur coupent les oreilles", raconte Patrick Violas. Ils sont ensuite récupérés par des marchands qui sillonnent le pays. Direction la bande de Gaza, avant un passage en Égypte. Là-bas, ils sont abattus pour leur viande, mais aussi pour leur peau et leurs sabot qui partent vers la Chine.
Le trafic a pris du plomb dans l'aile depuis que le gouvernement israélien a fermé les frontières, et que la police récupère les ânes concernés, les envoyant chez Sharon Cohen. Surchargée, manquant de place et de moyens, c'est avec soulagement qu'elle a lu la réponse enthousiaste de La Tanière. Manquait l'organisation du transport : 50 000 euros d'avion entre Tel-Aviv et la Belgique, tous frais payés par Israël. Puis le trajet en camion jusqu'à Chartres, et une arrivée en fanfare à Nogent-le-Phaye ce dimanche.
Promis à l'adoption
Depuis, le nez dans l'herbe, les ânes "découvrent la gastronomie française", se réjouit Patrick Violas. Sharon Cohen aussi était du voyage, pour "voir s'ils s'adaptaient bien, pour les aider à faire la transition". Mais finalement, "ils s'en foutent complètement, ils mangent, se reposent, restent calmes, et ils adorent la météo, on ne les a jamais vus comme ça en Israël".
Si la majorité des ânes est partie dans les prairies alentours, une partie est gardée au sein-même du refuge, à la vue des visiteurs informés de leur présence par la médiatisation de l'affaire. Au-delà de ça, certains ont besoin d'une attention particulière, pour boitement, oreilles tailladées, ou trous dans la mâchoire.
Sur les 50 ânes arrivés, une trentaine ont déjà trouvé une famille d'accueil. "Les ânes c'est pas compliqué à placer, ils sont mignons et petits, explique Patrick Violas. On a quand même un petit cahier des charges : il faut suffisamment de place, un abri pour l'hiver et les moyens de s'en occuper." Et puis "on essaie de les faire adopter par deux, ou par des gens qui ont déjà un âne, pour ne pas qu'ils s'ennuient".
150 ânes israéliens doivent encore arriver à La Tanière. Selon le patron, ils devraient faire leurs premiers pas en terre promise eurélienne avant l'automne.