Le délégué départemental d'Eure-et-Loir de l'association contre la corruption est soupçonné par la Justice d'avoir tenté de faire chanter le directeur de cabinet du maire de Chartres en avril 2022. L'homme aurait proposé de vendre son silence en échange d'avantages en nature, ce qu'il conteste fermement.
L'association Anticor multiplie les tempêtes. Après le retrait de son agrément par le tribunal administratif de Paris, le 23 juin dernier, c'est l'un de ses délégués départementaux qui est dans la tourmente.
Selon Le Parisien, Jocelyn Corron, le représentant de l'association anticorruption dans le département d'Eure-et-Loir est visé par une enquête diligentée par le parquet de Chartres pour "chantage". Il est soupçonné d'avoir tenté de faire pression sur Foulques de Ledinghen, le directeur de cabinet du maire de Chartres, Jean-Pierre Gorges. Une information confirmée par le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier.
Au cœur des soupçons, une rencontre entre les deux hommes le 28 avril 2022. Le directeur de cabinet, suspicieux vis-à-vis de ce rendez-vous, a décidé de l'enregistrer discrètement : "J'avais été alerté par un élu local d'une commune près de Chartes, qui aurait été victime d'un chantage de la part de ce monsieur. Je me suis dit qu'il allait peut-être aussi tenter de me faire chanter", explique-t-il à France 3.
"Je suis ouvert à toute proposition"
Cet enregistrement, nos confrères du Parisien en ont révélé des extraits. Jocelyn Corron aurait ainsi proposé d'échanger son silence sur un dossier compromettant pour le maire de Chartres en échange d'avantages en nature, comme un nouvel appartement.
L'homme semble même poser un ultimatum au directeur de cabinet : "Je suis ouvert à toute proposition. Mais autant vous dire si pour une raison X, vous n’estimez pas que c’était un aspect primordial pour la survie de l’humanité, je ne pourrai pas retenir les chevaux bien longtemps. Ce n’est pas une espèce de chantage, c’est une question de logique", rapporte le journal régional.
"Je n'ai jamais cherché à obtenir quoi que ce soit"
La version de Jocelyn Corron est diamétralement opposée. Le référent nie toute tentative de chantage. "On essaie de m'abattre parce que je dérange", affirme-t-il. Selon lui, "les extraits sont sortis de leur contexte". Il assure n'avoir "jamais demandé quoi que ce soit", et jure que c'est le directeur de cabinet qui est à l'initiative de cette réunion et pas l'inverse : "C'était un traquenard", lance le militant anticorruption.
Cela cause du tort à l'ensemble des référents qui font un travail formidable partout en France.
Élise Van Beneden, présidente d'Anticor
Reste que l'homme est mis en examen pour chantage et renvoyé en correctionnelle en janvier 2024. Du côté d'Anticor, on assure tomber des nues : "On a du mal à trouver les mots. C'est la trahison de tout ce que l'on représente", s'agace la présidente de l'association, Elise Van Beneden.
L'association a d'ores et déjà suspendu Jocelyn Coron à titre conservatoire, et le comité d’éthique de l'association a été chargé d'instruire ce dossier.