Depuis près de 20 ans, une cinquantaine de personnes de la communauté des gens du voyage voit l'état de leur terrain se dégrader rapidement à Chartres. Au point où les résidents craignent pour leur santé
Ils auraient dû s'installer sur ce terrain temporairement, pour seulement 18 mois. Ils y habitent depuis 18 ans. La communauté des gens du voyage de Chartres interpelle les pouvoirs publics et dénonce l'état du terrain sur lequel la mairie les a installés il y a bientôt 20 ans. "Je ne peux même pas acheter un ballon à mon petit-fils parce que j'ai peur qu'il attrape des microbes. On préfère enfermer les enfants.", souffle Gina Duvaux, qui habite sur le terrain.
Un terrain à l'abandon
C'est entre l’ancienne base aérienne et le stade Jean-Gallet de Chartres que s'est installée, en 2005, une cinquantaine de personnes de la communauté des gens du voyage. Mais c'est également à cet endroit que certains habitants viennent jeter leurs déchets en toute discrétion.
Résultat, en face de la caravane de Gina Duvaux, des pneus, des barres de fer, des cartons et autres déchets de toutes sortes s'agglutinent sur le terrain. "Ce sont les gens de l'extérieur qui viennent jeter leur détritus, s'agace-t-elle, et on ne peut pas tout le temps faire la police".
Ça fait 18 ans qu'on est là, il n'y a jamais eu de plaintes de personnes. Nos enfants sont scolarisés, mes filles travaillent à l'usine, ma voisine est embauchée à Carrefour, on est des gens comme tout le monde.
Gina Duvaux, habitante
L'impossible hygiène
Plus que les déchets, le terrain ne dispose pas de tout-à-l'égout. Les eaux usées sont rejetées directement au sol, le rendant dangereux : "J'ai ma petite fille qui a attrapé un microbe au pied. Elle a marché pieds nus, elle a eu 10 jours d'antibiotiques."
Les toilettes de chantier, installées sur le terrain, sont aussi inutilisables. "Elles n'ont été changées qu'une seule fois. Comment vous voulez qu'on ne se plaigne pas, poursuit l'habitante. On est obligé de prendre la voiture et d'aller au McDo pour aller aux toilettes".
Ce qu'on espère aujourd'hui, c'est d'avoir un emplacement propre, avec de l'hygiène, une petite maison dessus. On veut un terrain sédentarisé comme ils l'ont déjà fait dans certains pays.
Gina Duvaux, habitante
Et quand vient l'hiver, les contraintes se multiplient. Les tuyaux se bouchent avec le gel et il n'est plus possible de se doucher : "On est obligés de louer des hôtels ou d'aller se doucher chez la famille", ajoute Flavie Lambergier qui habite à quelques encablures de là.
Un déménagement pour 2024 ?
Désormais, la communauté espère que la mairie va trouver une solution : "Ça nous met en colère parce qu'ils peuvent faire quelque chose. L'argent, ils l'ont. Ils ont monté des lotissements, ils ont fait une gare, c'est un monument. Mais nous, ils nous ont mis de côté."
Malgré nos demandes, la mairie de Chartres n'a répondu à nos sollicitations. Mais selon nos informations, un projet serait en cours pour permettre aux habitants de déménager. La petite communauté pourrait être déplacée dans le même secteur, dans des maisons individuelles.
Le cas de Chartres n'est pas isolé : en France, 70% des aires d'accueil de gens du voyage sont isolées, et plus de 50% se trouvent à proximité de sources de nuisance, voire de danger.
Avec Corentin Le Dréan.