Les activités de la maternité de Châteaudun sont suspendues depuis le lundi 28 mai 2018 à minuit. Comité de soutien et habitants poursuivent la lutte et s’expriment dans ce numéro…
C’était le lundi 28 mai au soir : les activités du service de maternité de Châteaudun étaient suspendues par l’agence régionale de santé du Centre-Val de Loire, qui estimait que la maternité n’était plus en mesure de garantir la sécurité et la qualité des prises en charge. Une décision contestée par les élus et par un comité citoyen qui a mobilisé la ville.
Ce qui se passe à Châteaudun n'est pas un cas isolé. "Ça se passe dans toutes les petites villes", explique Pascal Delorme, le porte-parole du comité pour l’amélioration du service public hospitalier de Châteaudun. "On commence à s'attaquer à l'ensemble du système de santé au niveau national, y compris les CHU ou les grands centres. L'objectif, c'est de rentabiliser. Il n'y a plus d'humanité ».
En mars dernier une pétition avait circulé et soixante maires du secteur avaient voté une motion, en vain. "Nous avons fait de multiples démarches" rappelait Alain Venot, le maire de Châteaudun à nos confrères de la République du Centre. "Nous avons essayé le dialogue, la contribution, la proposition, et nous n'avons évidemment pas été entendus. Je pense que nos documents ont surtout alimenté la poubelle de la directrice régionale de santé."
Le maintien du service de la maternité de Châteaudun de niveau 1 était pourtant une nécessité pour la population dunoise pour un suivi médical des femmes. Sa fermeture va contraindre les patientes à des déplacements importants pour leur suivi de grossesses, pouvant conduire certaines à y renoncer et un temps de transport plus important d’où une source supplémentaire de stress et de risques.
C'est donc l'ARS, l’Agence Régionale de Santé qui qui a pris la décision de suspension. "L'établissement n'est pas en mesure de garantir la sécurité des accouchements, se justifie Anne Bouygart, sa directrice. Cela est dû essentiellement à la difficulté de maintenir une équipe médicale d'obstétriciens, d'anesthésistes et de pédiatres. C'est une situation que l'on retrouve dans beaucoup de petites maternités."
L'hôpital avait toutefois jusqu'au 7 juin dernier, pour présenter un plan pour la maternité, faute de quoi la suspension se transformera en fermeture.
L’équipe de « C’est vous qui le dites » a rencontré des mamans et des futures mamans ainsi que des représentants associatifs qui se battent encore pour le maintien de la maternité. Gwendoline, Kim, Christelle, Sara et Pascal témoignent dans ce nouveau numéro.
Une pétition pour la ministre
Et pendant ce temps-là, Philippe Vigier, le député UDI d'Eure-et-Loir, qui était l'invité politique du 19/20 de France 3 Centre-Val de Loire ce lundi 4 juin, a défendu l'hôpital de Châteaudun qui a récemment perdu sa certification et vient donc de subir la fermeture de sa maternité. Le député devait remettre le 5 juin une pétition à la ministre de la santé.« Je vais remettre en main propre à Agnès Buzyn une pétition signée par plus de 2000 personnes. Je lui ai déjà dit qu'il est grand temps qu'on nous envoie une mission d'inspection pour remettre cet hôpital sur les rails. La directrice de l'ARS doit tenir ses engagements pour la chirurgie ambulatoire, il faut que l'on soit aussi capables de prendre en charge les gens aux urgences dans de bonnes conditions nuit et jour ».
Aujourd'hui, j'ai remis la pétition contre la fermeture de la maternité de Châteaudun à @agnesbuzyn : c'est tout notre territoire qui se lève pour refuser une décision injuste, infondée, technocratique, et qui fragilisera encore l'accès aux soins dans le sud du département ! pic.twitter.com/cMMrt27Hze
— Philippe Vigier (@VigierPhilippe) 5 juin 2018
Philippe Vigier a aussi dénoncé l'état de délabrement du système de santé public. Le député prône le rapprochement entre public et privé.
« L'hôpital en France va très mal car ce sont des technocrates qui le gèrent, les hôpitaux sont aux mains de personnes qui ne connaissent pas le quotidien des services. J'ai proposé une commission d'enquête parlementaire qui a été mise sur pied au mois de mars à l'Assemblée Nationale. Nous rendrons nos conclusions le 20 juillet pour de vraies réformes en profondeur ».