Christiane Tarride et son époux Jacques vivaient depuis les années 1970 en Eure-et-Loir. L'ancienne actrice, décédée veuve et sans enfant en juin dernier, avait décidé que cette somme devait servir à la construction d'une nouvelle salle de spectacles.
Dans les rues de Courville-sur-Eure (Eure-et-Loir), tous s’accordent à décrire une dame « très discrète ». Christiane Tarride, dite Sertilange de son nom de naissance et de scène, vivait dans un moulin et était essentiellement connue des 2800 habitants pour son implication auprès de la troupe de théâtre qu’elle et son mari avaient contribué à créer, Le manteau d’Arlequin. D’où un sentiment général de stupéfaction alors que la municipalité s’apprête à recevoir un legs de 4 millions d’euros de l’ancienne actrice, décédée le 25 juin dernier à l'âge de 93 ans.
"Incroyable"
« C’est incroyable que des gens puissent être amoureux de leur commune ou avoir envie de faire plaisir à ce point-là », réagit le maire Hervé Buisson, confirmant l’information de l’Echo Républicain. C’est une adjointe, proche de la défunte, qui l’a d’abord informé d’un éventuel don à la commune. Pourtant, lorsque, début octobre, l’édile est contacté par un notaire de La Loupe, il est « à 100.000 lieues de [s’]imaginer la somme qu’on allait [lui] annoncer ».
Le testament stipule toutefois que c’est bien d’un montant difficilement imaginable que la commune va hériter. Malgré une filmographie qui compte notamment Le silence est d'or de René Clair (1947) et le Cyrano de Bergerac de Fernand Rivers (1946) et l’absence d’enfants ayant-droits, la surprise est totale pour le maire. « Je suis tombé de mon siège, raconte Hervé Buisson. Quand je suis parti, je roulais à gauche. Je me suis arrêté un moment pour reprendre mes esprits, revenir à la réalité. »
Cinq ans pour construire une salle de spectacles
Le legs est toutefois accompagné d’une condition : que la somme serve à l’aménagement d’un nouveau lieu dédié aux spectacles, plus fonctionnelle que la salle de la rue Pannard utilisée jusque là. Un détail qui a fait tiquer Vincent Rouvet, ancien membre du Manteau d’Arlequin, lorsqu’il a appris la nouvelle. « J’ai pensé à Christiane, reconnaît celui qui décrit la défunte comme « une maîtresse du théâtre ». Salle de spectacle = Christiane. Il n’y avait qu’elle qui pouvait… Maintenant, les proportions sont énormes ! Je souhaite bon courage, ça va être un chantier ! »
La commune a officialisé mardi soir son acceptation du legs. Elle a cinq ans pour mener le projet à bien et doit d’abord trouver un terrain pour accueillir la nouvelle salle, alors que le nouveau plan local d’urbanisme vient juste d’être validé. Le nom de l’équipement devrait « bien évidemment » rendre hommage à la bienfaitrice.