Le 2 février s’est lancée l’opération "Le Plus Grand Musée de France" en Eure-et-Loir. Des lycéens vont étudier sept objets d’arts en péril à Dreux et alentours. Ils voteront ensuite pour leur œuvre préférée qui sera alors restaurée grâce à une enveloppe de 10.000 €.
Quand on pense aux lycéens actuellement, on les imagine plus la tête penchée sur leur smartphone que levée vers un objet d’art dans la nef d’une église de campagne. Et bien on a tort ! Les 32 élèves de seconde option histoire des arts du lycée Edouard-Branly de Dreux vont en effet participer à la campagne "le Plus Grand Musée de France", lancée ce 2 février comme l'indique ce tweet.
Lancement de l’opération #PlusGrandMuséeDeFrance au lycée Branly à Dreux avec 30 élèves de l’option « histoire des arts ». L’objectif: choisir une œuvre du patrimoine local à restaurer avec l’aide de la Fondation pour la sauvegarde de l’art français pic.twitter.com/q8iveqN2a8
— DSDEN d’Eure-et-Loir - Académie d’Orléans-Tours (@dsden28) February 2, 2021
De février à juin, ils vont découvrir et étudier sept œuvres d’art en péril qui ont été pré-sélectionnées par la Ville de Dreux et la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). Ils voteront ensuite pour leur préférée qui se verra attribuer une enveloppe de 10.000 € destinée à sa restauration.
"Pari réussi"
Ce mécénat en partenariat avec des lycéens a été lancé par la fondation pour la Sauvegarde de l’Art Français en 2018. "Nous l’avons testé dans les Hauts-de-France lors des deux années précédentes", raconte Pauline de Poncheville, responsable du Plus Grand Musée de France.
Au-delà de la restauration de quatre œuvres d’art, "les jeunes ont appris à éveiller leur regard, ils ont poussé la porte d’églises alors que la plupart n’était jamais rentrée dans des lieux mémoriaux, donc c’est un pari réussi, on peut les intéresser", se réjouit-elle.
"Les responsabiliser"
La fondation souhaite maintenant diffuser ce projet dans tout le pays, et elle a choisi la région Centre-Val de Loire et le lycée Edouard-Branly de Dreux, un établissement situé dans un quartier prioritaire qui fait aussi partie des "cités éducatives".
"Nous sommes un établissement particulier, avec une population plus fragile", analyse le proviseur, Jean-Bernard Sauvageon. Alors pour lui, ce dispositif est une façon de "les responsabiliser et faire qu’ils soient des passeurs, dans le sens où ils pourront parler de ces œuvres à côté desquelles on passe sans forcément prêter attention".
Le proviseur veut aussi et surtout donner à ces jeunes de "l’ambition" dans tous les domaines, artistique inclus, et qu'ils ne se ferment aucune porte. "L’option histoire des arts est mise en place depuis plus de 10 ans, rappelle-t-il. Les élèves peuvent enrichir leur culture, leurs compétences".
Et pourquoi pas poursuivre au lycée et en études supérieures pour devenir historien de l’art ou conservateur.
"Altérations fondamentales"
Le métier de conservateur, Damien Chantrenne en a déjà parlé aux secondes du lycée. Il est directeur et conservateur du musée d’art et d’histoire de Dreux. "Les jeunes sont très à l’écoute, de pourquoi on a choisi de faire le métier que l’on fait. C’est important pour eux d’entendre des personnes qui sont épanouies dans leur profession",
Des propos échangés lors de la présentation des sept objets d’art en péril pré-sélectionnés par la DRAC et la Ville de Dreux, dont six sont visibles sur cette image.
"La sélection a été simple pour Dreux, explique Damien Chantrenne. Nous avions établi un plan pluriannuel de restauration d’œuvres d’art par ordre de priorité." Ce sont donc les deux premières du plan qui ont été proposées, à savoir Marie-Madeleine au pied de la croix et Saint-Grégoire le Grand.
Elles présentent "des altérations dites fondamentales c’est-à-dire qui touchent à la fois au support et à la surface de l’œuvre", précise le conservateur, qui les fera découvrir aux élèves.
Accès gratuit
Comme le montre la carte ci-dessous, les cinq autres sont réparties autour de Dreux, toutes dans des églises. "Le critère de la campagne, explique Pauline de Poncheville, est que l'objet d'art soit accessible à tous gratuitement pour qu’il n’y ait pas de discrimination liée à l’argent".
"Ensuite nous cherchons des œuvres qui ont un réel besoin de restauration, poursuit-elle. En l’occurrence, toutes celles pré-sélectionnées rentrent dans le budget de 10.000 €."
Dans le meilleur des cas, il y aura deux prix : "Imaginons que les élèves en choisissent une et que celle-ci n’ait pas besoin de l’enveloppe complète, on envisagera de repêcher la numéro 2 et de lui faire profiter d’une partie de l’enveloppe."
Maintenant que la campagne est lancée, la responsable du Plus Grand Musée de France espère que les écoles resteront ouvertes malgré la crise sanitaire, pour maintenir les sorties de découverte et mener l’opération à son terme.